Ils forment un couple, il a fêté ses 70 ans cette année, elle ne tardera pas à faire de même. Il s’appelle J, elle s’appelle A, un prénom que certains lui ont crié “pour qu’elle revienne” : d’autres mais pas J. m’a-t-elle dit un jour. En tout cas elle est toujours là. Ils sont nos patrons. Officiellement il est seul patron et elle est salariée, mais ça c’est sur le papier.
X et moi avons rendez-vous avec eux à 17h pour une réunion en visioconférence, un genre de réunion assez prisé en ce moment. Alice et moi avons téléchargé le logiciel qu’ils ont utilisé il y a quelque jour pour une autre réunion.
Il est 17h. On s’appelle par téléphone. A nous demande un rab de 15 minutes. Des papiers à remplir pour la banque. Vers 17h40 elle nous rappelle. X et moi avons déjà lancé la visioconférence et envoyé un lien sur le mail de la “patronne”. Elle ne comprends pas très bien comment se connecter à son mail depuis chez elle puis se rend compte qu’elle a oublié son mot de passe. Après une lutte acharnée de 20 minutes elle réussit à rejoindre cette boîte mail lointaine et clique sur le lien que nous lui avons envoyé. Elle est au téléphone avec X qui a activé le haut-parleur, j’entends à travers l’écran ; X tente de lui expliquer comment rejoindre sur la plateforme notre réunion mais A se retrouve dans une autre conversation, ancienne et périmée. Nous lançons un appel depuis la plate-forme mais elle ne parvient pas à l’intercepter.
Las, nous décidons d’effectuer la réunion de cette manière. X et moi de part et d’autre de nos écrans, et A et J dans le haut-parleur du téléphone de X.
Entre X et moi il y a un écran.
Entre X et A & J il y a un haut-parleur.
Entre A & J et moi il y’a un écran + un haut-parleur.
Et pourtant on arrive à communiquer.
On devrait essayer de faire de longues chaînes comme cela, voir jusqu’à combien d’intermédiaires on arrive encore à intercepter quelques ondes.
Par contre la réunion était plutôt pourrie.
Archives quotidiennes :
Space Odyssey
Nous sommes 18, avec 14 participants et nous 4. Pas mal pour un séminaire mené à distance, qui est, en plus, à la fois théorique et pratique. A part mes collègues, je ne connais personne ici, présent. EM, L, CD et moi, activant notre vidéo, saluons les 3 qui sont déjà là et passons ensuite à l’introduction. Là, il n’y plus de vidéo et seul qui parle (EM) allume le son. Nous passons en mode « space odyssey » tous les 18.
Alors qui est là : deux L, les deux en violet (?!), deux M et pas plus grâce à ML et MP, plusieurs S…
L est assis à côté de M ? Ils / elles se connaissent ?Il y a un inconnu. Comment je vais l’appeler si besoin ? Intéressant XH !
J’allume mon micro en appelant M et L à commencer leur exposé. Ma voix part dans le vide « Vous m’entendez ? » M réagi « Oui, c’est bon ». Je vérifie une autre fois que ma caméra et le micro soit éteint. Le fromage sur les pennes s’est bien effondré. Je m’occupe le temps d’exposé en mangeant en même temps mes pennée. 5 minutes passent, L prend la parole. Elle a un accent lusophone.
J’ai déjà entendu cet accent à l’EHESS, elle doit avoir des cheveux bouclés, brune, grande ? non. Quel est son style, militante ? Elle suit des cours de français ? Oups le temps coule et je n’écoute rien du tout. Ça y est. Elle présent le résultat de l’enquête.
J’allume à nouveau mon micro « Merci de passer à la conclusion, les 10 minutes sont terminées ! »
Au cours du deuxième exposé, Thomas m’apporte un café.
Au cours du troisième, je me rappelle que je dois allumer mon Skype pour parler en privé avec mon équipe. « Sevil, attention XH n’a pas encore parlé et ils leur restent 2 min ». « Oui, mais peut-être c’est le deal ? ». J’allume mon micro « Excusez-moi, je vous rappelle… » On arrive enfin au quatrième binôme. Plus d’une heure et demi est passé, mon assiette de pennes à côté refroidie, moitié terminée. J’attends la pause qui arrive si lentement.
(… to be continued !)
São Paulo – dia 35
dia 21.04
feriado. Acordei com o barulho da furadeira do vizinho. Não me sinto muito bem – parece que estou expelindo um cálculo renal. A dor não é forte, mas tenho medo de ter que ir a um hospital. Por enquanto, tudo sob controle.
Faz tempos que não escrevo… E eu não sei a razão pela qual não tive mais o impulso de escrever. O fato de ter me acostumado à situação do confinamento? Ou simplesmente por não ter mais novas ideias/situações/ hábitos para relatar?
Mas nesses idas fiquei pensando – e me preocupando – com a flexibilidade do ser humano. É como se fôssemos capazes de nos acostumar a tudo. Cheguei até a me perguntar sore o que vai ocorrer quando sairmos desse confinamento. Haveria alguma “sequela”? Será que, de repente, teremos dificuldade em nos adaptar à vida fora deste confinamento? Como será estar em uma multidão depois disso? O que será do toque alheio? O que sentiremos quando tivermos que nos deslocar pela cidade? Horas a fio nos transportes…. ?
A maioria quer acreditar que assim que as coisas “voltarem ao normal”estaremos sedentos por tudo isso que perdemos… Mas talvez nosso corpo e nosso afeto tenha perdido o costume de receber o “outro”. Tenham-se desacostumado com coisas que antes eram habituais.
Teria algo de irremediável nisso tudo?