Rétréci / Shrunk

Je ne suis plus si sûr d’avoir été franc en écrivant mes derniers articles. Non pas que je veuille l’être entièrement, on sait bien qu’écrire c’est toujours “mentir-vrai”. Mais l’écriture-vérité du journal suppose une certaine franchise, avec soi-même.

Ainsi, j’ai découvert ces derniers temps que je ne pouvais pas durablement vivre isolé. J’ai dû m’avouer que le repli sur soi n’était pas un signe noble de refus du matérialisme, ni une brave mise à distance des réseaux-de-communication-qui-pompent-notre-temps.
Non, j’ai broyé du noir.

J’en suis venu à la conclusion suivante : dans le monde dans lequel nous sommes entré, le moindre aphte, la moindre assiette cassée, la plus légère trace, la plus simple manifestation sonore des voisins peuvent virer au drame. Ces broutilles ne trouvent pas la perspective, la scène large du quotidien, pour apparaître à leur taille normale : infime.
Il s’agit de reconnaître ce changement d’échelle et de vivre honnêtement en fonction de cette nouveauté. Nier la transformation pourrait nous empêcher d’en recueillir les avantages et finir, peut-être, par devenir dangereux.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *