intérieur 02

plongée dans les entrailles de l’immeuble. un corps que l’on découvre, on on apprend chaque jour à se connaître. la perception est nouvelle.

le samedi matin sous le plancher il semble y avoir une chorale dont l’existence m’était jusqu’ici inconnue. des cris qui viennent des profondeurs de la cage d’escalier et résonnent jusque dans la chambre. des foulées d’un joggueur qui confond désormais l’escalier avec une piste verticale de course. des chasses d’eau qui rugissent. des soupirs infinis. des coups secs répétés, tard le soir, chaque soir : violence conjugale ou ébats sexuels ? une perceuse qui tourne en plein après-midi. l’irruption de bruits venant d’appartements de l’immeuble mitoyen.

le silence n’existe pas. si les rues sont désertes, elles nous révèlent que l’immeuble ne l’est pas. tant mieux. c’est qu’ils ne sont pas partis à la campagne.

Se laisser habiter par cette période

Chaque jour ressemble au précédent dans la forme mais pas dans le fond

Dans cette 3eme semaine de confinement, j’ai décidé d’aimer mes « nouvelles » habitudes ancrées à la nature des objets, à leur place, aux coins réorganisés pour être y vivre longtemps, sinon changés en fonction du mouvement du soleil. 

Je réfléchi davantage à l’amélioration des lieux en terme d’usage pratique et mental. 

Les « devant fenêtre » portent, depuis 3 semaines, une importance non négligeable. Les chaises complètent le confort de ces nouvelles installations modulables. Chaque nouvel élément ajouté dans ces coins apporte à l’harmonie d’ensemble plus de confort et de sens. 

Je réfléchi également à la forme d’expression de mon « journal de confinement » de manière à ce qu’elle continue de me nourrir intellectuellement et qu’elle me rappelle à quel point cette période pourrait être féconde.
Je voudrais qu’ici tout le monde s’exprime à sa manière, en prenant la liberté la plus complète sans juger la perception de l’autre. 

La leçon

De ma fenêtre, je vois encore le même type. Cette fois-ci, il est sur son vélo. L’autre jour, il marchait avec une femme. Hier, je l’ai croisé rue Pixérécourt. Il est clair qu’il abuse.

Comme le primeur improvisé. Comme ma cousine, qui se plaint de ne pas pouvoir sortir, alors qu’elle habite seule dans 100 m2. Comme les élèves, qui prétendent ne pas avoir reçu les consignes ou ne pas arriver à se connecter.

C’est moi qui vit le mieux. J’ai compris la situation, j’en ai perçu les subtilités internationales. Je suis au courant des implications socio-économiques de cette crise-sans-précédent. Je fais preuve, au quotidien, d’un équilibre parfaitement dosé de courage, de sérénité, de dignité mais aussi de révolte ; parce qu’on ne saurait accepter l’entrave, mais parce que j’ai compris à quel point elle nous révélait.

D’ailleurs, nul besoin pour moi d’en faire la démonstration. Il me suffit de convoquer le moindre argument d’autorité. Il me suffit de puiser dans l’immensité des références qui peuplent mon esprit pour faire face et pour analyser.

São paulo – dia 15

01.04

Está difícil escolher leituras. Agora que terminei minhas leituras anteriores estou com dificuldade em começar outras. Soma-se à dificuldade de escolher, a dificuldade de me concentrar. Abri alguns livros, tentei levar algumas frases. Nada vingou.

E, então, um pouco aleatoriamente e intuitivamente, decidi reler o meu livro preferido do final da adolescência: “Uma aprendizagem ou O livro dos prazeres”. E me deparei com um trecho magnífico, que fez meu corpo estremecer:

“É tão vasta a noite na montanha. Tão despovoada. A noite espanhola tem o perfume e o eco duro do sapateado da dança, a italiana tem o mar cálido mesmo se ausente. Mas a noite de Berna tem o silêncio.
Tenta-se em vão ler para não ouvi-lo, pensar depressa para disfarçá-lo, inventar um programa, frágil ponte que mas nos liga ao subitamente improvável dia de amanhã. Como ultrapassar essa paz que nos espreita. Montanhas tão altas que o desespero tem pudor. Os ouvidos se afinam, a cabeça se inclina, o corpo todo escuta: nenhum rumor. Nenhum galo possível. Como estar ao alcance dessa profunda meditação do silêncio? Desse silêncio sem lembranças de palavras. Se és morte, como te abençoar?
É um silêncio que não dorme (…) Ele é vazio e sem promessa. (…)
Pode-se tentar enganá-lo também. Deixa-se como por acaso livro da cabeceira cair no chão. Mas – horror – o livro cai dentro do silêncio e se perde na muda e parada voragem deste. E se um pássaro enlouquecido cantasse? Esperança inútil. O canto apenas atravessaria como uma leve flauta o silêncio. O que mais se parecia, no domínio do som, com o silêncio, era uma flauta. (…)
Depois nunca mais se esquece. Inútil fugir até para outra cidade. Pois quando menos se espera pode-se reconhecê-lo – de repente. Ao atravessar a rua no meio das buzinas dos carros. Entre uma gargalhada fantasmagórica e outra. Depois de uma palavra dita. Às vezes no próprio coração da palavra se reconhece o Silêncio. Os ouvidos se assombram, o olhar se esgazeia – ei-lo.”
(In: “Uma aprendizagem ou O livro dos prazeres, de Clarice Lispector)