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Enfin TouT va bIen

Enfin le jour X est arrivé !

Au début du confinement j’avais une image très naïve de ce jour-ci : j’imaginais faire la fête et embrasser tous mes amis au milieu de la rue, soulagés, en souriant et en pleurant en même temps, dans une ambiance entre le carnaval et la fin de la coupe du monde au Brésil. 

Plus le temps passait je me suis convaincue de l’absurdité de mes pensées. Puisque le virus est toujours là et que ça suffit qu’on recommence « la normalité » pour qu’une deuxième vague y arrive, je ne me sens pas de tout de faire un pas trop grand pour l’instant. 

Par contre j’ai bien quitté l’appartement de L. comme prévu. Après 55 jours, j’ai croisé la ville en Uber. Il y avait de plastique partout, sur le banc, le sol et entre moi et le conducteur un rideau improvisé qui nous empêchait de nous regarder. Je n’ai pas vu son visage. Pas un mot échangé au delà du bonjour et d’un au revoir, bon courage. Il a parlé au téléphone pendant tout le voyage et le seul mot que j’ai pu comprendre c’était corona, corona, corona, répétait plusieurs fois. 

Par la fenêtre j’ai vu une queue immense devant le Darty à République. Je me suis demandé la vrai nécessité de ce gens d’y acheter. Pessimiste je me suis dit qu’ils profitent pour bien équiper leur maison en se préparant pour le prochain confinement. Encore plus des outils pour faire des bons gâteaux et du pain, avant qu’il ne soit pas trop tard. 

Ensuite aux Grands Boulevards l’embouteillage nous rappelait bien « le monde d’avant ». 

Je suis enfin arrivée chez moi après deux mois. Pas si différent comment j’avais imaginé : pas de poussière ni d’odeur étrange. Les plantes sont un peu tristes mais encore vivantes. Comme nous peut être.

Rien semble avoir eu lieu par ici…

J’ai l’impression que demain au réveil, je confirmerais que c’était juste un long rêve, comme ce matin, qu’après avoir un cauchemar au cours duquel ma dent était arrachée, je l’ai cherché avec ma langue en vérifiant qu’elle était bien là. 
Oui, tout va bien, je me suis dit.

(Ou pas. Mais qui le sait ?)

TEMPO TEMPO TEMPO TEMPO

Je regarde la rue par le bacon et j’ai un moment de stupéfaction : je remarque que dehors tout est vert.

Ça fait 50 jours que j’y suis, avant il n’avait pas des feuilles dans les arbres. On a vu le printemps passer par la fenêtre. Elle semble très évidente cette constatation.   

Mais ça m’étonne en fait cette perception du passage du temps. Beaucoup de temps, assez long, pas assez, un hors-temps ?

La vie, malgré tout, elle est là, elle pousse.

Le temps, il n’a pas arrêté, malgré nous.

Sacré temps.

(C’est très bête mais je suis remplie d’espoir).

Ainda assim acredito
Ser possível reunirmo-nos
Tempo, Tempo, Tempo, Tempo
Num outro nível de vínculo

Tempo, Tempo, Tempo, Tempo

Oração ao tempo, Caetano Veloso

Perdre

Ça fait dix jours plus au moins que je me suis perdue : entre l’annonce de l’annulation du festival d’Arles –pour qui je travaille -, le « deuil » du projet interrompu et la nécessité de créer une nouvelle routine. Au début, j’ai eu le cœur serré. L’annonce a été violent. J’ai essayé de penser à ce que je ferais pendant le chômage technique, d’ici jusqu’à la fin du contrat en juillet (et après à la recherche d’un nouveau boulot !). C’est la première année depuis trois ans que je ne passerai pas mon séjour de deux mois à Arles.  

Ensuite j’ai ressenti une liberté immense, une excitation, l’opportunité de créer, de se réinventer de nouveaux scénarios. Dessiner ; écrire un projet de recherche de post-master, apprendre à renderizer des maquettes 3D ; préparer mon CV et portfolio pour faire des candidatures spontanées ; créer un livre avec des images du confinement. Bref. Mes journées de la semaine dernière ont été très flottantes, jamais concentrée.

Vendredi, premier mai, comme pour respect à cette journée, j’ai décidé de laisser tous les possibles projets en suspens. J’ai décidé de m’arrêter, de ne pas être productive.

J’ai pris un livre au hasard, sans avoir aucune idée de son contenu et de son origine, dans la bibliothèque qui ne m’appartient pas. Pendant sept semaines j’ai observé ce livre « l’Art de perdre » sans ne jamais l’ouvrir avec un mixte d’intérêt et méfiance. Je n’aimais pas le titre, il me semblait livre de développement personnel. Il me dérangeait. Depuis vendredi je suis complétement submergée par l’histoire de ce roman sur la fuite de la guerre en Algérie, sur le dépaysement forcé et la recherche des identités. Je me laisse oublier en suivant Naïma qui essaie de tracer son histoire en rassemblant les fils perdus et silencieux des souvenirs de sa famille.

« Tous les trois continuent à marcher en silence sur les champs hivernaux. Ali se retourne parfois vers ses deux fils ainés et il pense, sans oser leur dire mais en espérant qu’ils puissent le comprendre : Regardez bien tout ce qui se trouve autour de vous, fabriquez-vous des souvenirs de chaque branche, de chaque parcelle, car on ne sait pas ce qu’on va garder. Je voulais tout vous donner mais je ne suis plus sûr de rien. Peut-être que nous serons tous morts demain. Peut-être que ces arbres brûleront avant que j’aie réalisé ce qui se passe. Ce qui est écrit nous est étranger et le bonheur nous tombe dessus ou nous fuit sans que l’on sache comment ni pourquoi, on ne saura jamais, autant chercher les racines du brouillard. 

C’est à partir de là qu’il n’y a plus de vignettes, plus d’images aux couleurs vives que l’âge a délavées jusqu’aux pastels qui rendent toute scène charmante. Elles sont remplacées par des morceaux tordus ressurgis des souvenirs de Hamid et retravaillés par des années de silence et rêves hirsutes, éclats d’information que lâche Ali au détour d’une phrase avant de répondre le contraire quand on l’interroge, bribes de récits que l’on dirait tirés de films de guerre sans que personne n’ait été là pour les vivre. Et entre ces poussières, comme une pâte, comme du plâtre qui se glisserait dans les fentes, comme les pièces d’argent que l’on fond sur la montagne pour servir de montures aux coraux parfois gros comme la paume, il y a les recherches menées par Naïma plus de soixante ans après le départ d’Algérie qui tentent de donner une forme, un ordre à ce qui n’en a pas, n’en a peut-être jamais eu. »

(L’Art de perdre, Alice Zeniter, Ed, Flammarion, p. 121)

Um CANTINHO

L., M. e B. estão na sala, lendo, fazendo siesta, ao telefone. Sinto uma necessidade imensa de me isolar. Fecho a porta e descubro um novo cantinho no quarto de 9m².

O quarto não é meu mas tem me recebido com muito calor durante o confinement. Penso o quanto gosto dele. Da estante de livros no nicho inclinado ; do poster Volver e da companhia da Pénelope ; da serigrafia Samba da Cassia ; das fotos da Derot e da Nicola, minhas anjas da quarentena ; da Marielle presente. Talvez o que mais me conforta é que toda tarde o sol entra direto alongando-se por toda a profundidade do quarto. Escrivaninha, cadeira, criado-mudo, cômoda, cama, chão. Ninguém fica isento entre umas 3 até umas 6 e pouquinha.

Desenrolo meu tapete de yoga entre a escrivaninha e a cama, caçando um pedaço de chão para receber o sol. Tiro a roupa, fecho os olhos, ponho um Caetano no celular e deixo um mar de lagrimas desaguar pelo meu rosto até encontrar meu pescoço. E permaneço, me perdendo no meu choro.

Confinamento : oportunidade de reinvenção, potência para criar ?

As vezes – muitas – a gente só quer mesmo é chorar profundamente.

* Ce dimanche de mélancolie, les mots me sont venus qu’en portugais.

Séance de PSYCHANALYSE

Cette après-midi j’avais ma séance de psychanalyse par téléphone. J’ai décidé de faire l’appel téléphonique dehors, dans la rue, pour ne pas déranger L. qui bossait à l’appart.

Il fait beau. Je croise du monde mais je me sens complétement à l’aise dans mon divan-mobile. Pour un moment – 20 min de séance – j’oublie ce qu’on vit, je ne me rends pas compte que tout est fermé autour de moi et que les gens portent des masques. A la fin de la séance je m’excuse en lui demandant s’il n’y a pas eu trop de bruit. Elle me répond juste : tu m’appelles lundi quand tu seras dans la rue de nouveau, ok ?

Sans vouloir, je pense peut-être avoir créé une nouvelle méthode : s’analyser en marchant, en dérive, en mode flâneur.

Je continue quelques minutes ma balade sans but. Puis, je redescends à la vie « normale ». Je rentre dans deux supermarchés sans savoir quoi acheter. Enfin, je sors avec de bières.

Au retour je me souviens de la carte mentale de Sevil. Voilà donc ma petite carte d’aujourd’hui.

UN MOIS

14 avril 2020

J’ai passé aujourd’hui la journée avec des nausées. Je n’ai pas bien dormi cette nuit, j’avais mal au ventre et une immense envie de vomir. Hier on a fait un diner de Pâques avec les amis-voisins, c’était d’ailleurs la première fois que je mangeais un Agneau pascal en 4 ans de France. On vit depuis un mois dans notre petite communauté de 4 personnes en se déplaçant entre deux appartements, du 4ème au 6ème étage. Après le diner, à la suite du discours du Macron, notre pâque a mal tourné : on s’est disputé, la communauté a claqué. Je n’ai pas encore bien digéré.

Ça fait un mois que j’ai quitté mon appartement en courant avec une valise, un sac rempli de nourriture et une grosse boule au ventre. Je n’avais aucune idée de quand j’y reviendrais – je n’y suis pas toujours certaine. C’était un choix, même si je n’ai pas eu beaucoup de temps pour y réfléchir. J’ai paniqué de m’imaginer confinée toute seule dans 27m². J’ai renfermé mes plantes chez moi.

Je sens que chaque journée est encore rythmée par des hauts et des bas. Mon corps a vécu des immenses vagues des émotions ce mois-ci. Mais j’ai surtout compris à accepter. Et je continue à choisir d’être là chez L. car je me sens dans un grand voyage. Je détourne un peu avec conscience le sens du confinement et ça me plait. Je découvre des objets, des bruits, des odeurs et des lumières que je ne connaissais pas.

J’ai raté un gâteau, mais j’en ai réussi faire deux autres après.

J’écris pour la première fois pour le blog.

J’apprends à prendre mon temps.