Archives de catégorie : 24 mars 2020

Sérénité à la maison, la crise du corona dehors

Réveil à 8h30.
Suite à un tout petit petit-déjeuner, à partir de 9h :

2h passées pour me mettre au travail, ensuite 
1h de travail 
Vers midi se manifeste la faim. Il nous faut des oignons frais pour faire à manger ! 
Il fait très beau et froid, comme hier. 

On fait comme si Thomas et moi ne sortions pas ensemble. Mais avant de sortir il ne faudrait pas oublier les dérogations de sortie cochées pour « effectuer des achats de première nécessité »   ! 

30 min de queue, avec un mètre de distance minimum, arrive le contrôle de police :
– « il faudrait rédiger une nouvelle attestation pour chaque sortie ». Parce que j’ai barré l’ancienne date. Il paraît qu’en Grèce, il suffit d’envoyer un sms à l’état pour les sorties.

1h et demi au total pour faire des courses à Monoprix (200m d’ici) initialement pour acheter des « chevilles en plastique » (un besoin aussi original que l’oignon frais). On a acheté de quoi tenir une semaine.

2h pour retrouver le même calme qu’hier, en faisant des activités procrastiniques (pas sûre de l’existence de ce mot, non).

1h de travail de plus et vers 17h, la déprime commence. Ni la lecture ni le café – croissant ne m’aident à réduire mes inquiétudes. Depuis le supermarché, tout va mal. J’essaye d’anticiper les conséquences du confinement prolongé jusqu’au 5 mai ! Un mois entier dans ce mode ! Comment occuper sa conscience pendant tout ce temps ?

J’allume l’imprimante et j’imprime mon attestation en cochant « activité physique individuelle » 19h10, 24/03/2020 (2ème semaine de confinement). 

Monoprix

Nous sommes allés ce matin à l’hypermarché de la Place des fêtes, seul moyen de trouver des chevilles en plastique pour la tablette de la cuisine. L’appartement étant plutôt mal exposé, nous cherchons à ménager un poste de travail dans le coin de la cuisine qui est au sud : trois heures de soleil entre 9h30 et 12h30, c’est plutôt bon à prendre.

La queue, non pas “soviétique”, ni même “d’après-guerre”, est simplement contre nature, avec des distances de sécurité respectées.

Des clodos slaloment entre les clients. Des flics contrôlent la fraîcheur des attestations, qu’il faut présenter datées du jour. Une Parisienne, mère de famille branchée, gueule contre ses enfants : “on amène la corde à sauter, c’est pour que vous l’utilisiez, je la reprends pas”. Manière de dire à tout le monde : avec des enfants c’est le pire, j’ai droit à votre compassion.

Dans le magasin tout le monde est à touche-touche mais ça ne compte plus, on est dans le groupe des élus : ceux qui peuvent faire leurs courses.

souvenir 03

depuis que la crise a commencé je me rappelle souvent ces mouchoirs de poche en tissu. reliquat d’un vieux monde. les derniers adeptes vont devoir s’en défaire.

gamin, je voyais ma grand-mère qui rangeait le tissu, après en avoir fait une boule dans sa main, dans la poche de sa veste. elle utilisait des mouchoirs aux motifs quadrillés. des rouges. des bleus. mon père avait pris la même habitude. moi ça me dégoûtait et je refusais de les utiliser. la morve dégoulinait. dans la poche. je me demandais comment ils faisaient pour ne pas rencontrer ce liquide visqueux à chaque réouverture du mouchoir. ce tissu qui ressortait propre de la machine à laver, j’avais du mal à y croire.