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Confinement sur l’île d’Arz, jour 1

Entre grand bonheur et petites culpabilités

Sur l’île d’Arz, on est un peu déconnectés de tout, et je suivais de très très loin cette histoire de Coronavirus. Encore une chinoiserie, ça passera… Quel foin ils nous font pour une grippe ! Voilà ce que je pensais avant tout ça. 

La saison allait commencer. Samedi prochain, les premiers stagiaires de l’année allaient arriver aux Glénans. Et j’allais recommencer le travail après 4 mois de trêve hivernale, avec un stage que je rêve d’encadrer ! La semaine dernière, j’en discutait encore avec ma chef. Puis ça a commencé à sentir le roussi. Elle nous a dit qu’elle ne pouvait pas nous faire un contrat pour la saison, que très probablement on aurait peu de boulot en mai juin, une période où nous accueillons beaucoup de scolaires, qui risquent tous d’annuler. Un premier contrat de 5 semaines donc. Bon, soit… Restons optimistes. Puis le lendemain : ce sera des contrats à la semaine. Puis le lendemain : plus de contrat du tout. La base ferme. Toutes les bases ferment. Rentrez chez vous et restez y. Lundi matin, avant midi qui marque la première heure du confinement, je vais chercher du compost à la base. J’ai fait un bac à plantes la semaine dernière, autant en profiter pour y mettre des choses. Ce sera des fraises ! Je suis partagée entre la déception de ne pas reprendre le boulot et la joie de penser que, en fait, les vacances continuent et qu’en plus, il fait beau ! Le soleil est là et je vais pouvoir continuer à créer mon jardin-paradis. Et c’est là que le grand bonheur se trouve et je mesure la chance que l’on a : on a un jardin et de quoi bricoler… Je pense à tout ceux qui n’ont pas cette chance, à tous mes amis parisiens dans leurs appartements, cette vie que j’ai fuit, sans aucuns regrets. Cette crise me le confirme. Je me sens privilégiée, mais j’ai peur de ne pas mesurer toute la gravité de la situation. Je choisis le stoïcisme. A quoi bon s’inquiéter de quelque chose qu’on ne peut contrôler ?