Projet de numérisation du fonds cartographique du laboratoire de graphique

Valorisation et mutualisation de l’information géographique produite à l’ÉHESS

 

Enjeux de l’information géo-historique aujourd’hui

L’information géographique (IG), c’est-à-dire la description d’un objet et de sa localisation géographique à la surface de la terre, a pris une importance croissante dans la recherche en sciences sociales ces dernières années[1]. Le développement des systèmes d’information géographiques et des outils de géolocalisation a coïncidé, à partir des années 1990, avec le Spatial turn : une propension grandissante des chercheurs à intégrer la localisation spatiale des phénomènes étudiés comme un élément à part entière dans leurs analyses[2]. En histoire, la construction de référentiels géohistoriques, par le biais notamment de la cartographie collaborative, est devenu un outil heuristique d’échanges et de recherches[3] tandis que des enjeux se dessinent autour de l’intégration de l’information géo-historique dans la géographie des risques[4] ou dans la modélisation des réseaux spatiaux sur la longue durée[5]. Les référentiels geohistoriques désignent de l’information historique géolocalisée ou des noyaux d’information géographiques permettant de géolocaliser les données expertes produites par les chercheurs.

La production de l’information géo-historique à l’ÉHESS

Dès les années 1930, Marc Bloch attire l’attention sur l’intérêt d’utiliser des documents planimétriques comme les cadastres en histoire[1]. Fernand Braudel, à travers ses réflexions croisées sur l’espace et le temps, et son souci constant de localiser l’événement, sera un artisan incontournable de la construction de l’école de géohistoire française. À sa suite, nombreux sont les historiens qui mobilisent la cartographie dans leurs travaux. Dès 1954 est fondé un laboratoire de cartographie dans la VIe section de l’EPHE. Jacques Bertin y poursuit une véritable réflexion sur la représentation en cartographie et assiste les chercheurs pour la production de cartes (cf. infra). L’intérêt pour l’étude historique de l’espace constituera un trait distinctif dans l’histoire du CRH[1]. Dans les années 1980, le domaine est particulièrement actif grâce au renouvellement apporté par l’équipe constituée autour de B. Lepetit, qui propose d’analyser à la fois les catégories spatiales administratives et savantes, et les usages de l’espace. Un moment important en sera la publication de l’Atlas de la Révolution Française. Dirigé par C. Langlois, S. Bonin puis coordonné par M.-V. Ozouf-Marignier et publié entre 1985 et 2000, l’Atlas illustre la volonté « d’explorer les usages de la cartographie comme outil et expression de la recherche historique »[2].

En suivant l’évolution de la cartographie, qui à partir des années 1990 passe de la représentation graphique à la constitution de bases de données spatialisées dans les Systèmes d’Information Géograhiques (SIG), les chercheurs ont constitué des bases de données présentant des caractéristiques spatiales. C’est le cas particulièrement du Laboratoire de Démographie Historique qui développa notamment des outils cartographiques intégrés à la recherche sur l’inscription dans l’espace des phénomènes de population[3]. À partir de 2009, s’est constitué le projet d’une Plateforme SIG (PSIG) à l’ÉHESS destinée à mutualiser les compétences et les outils sur la spatialisation des données, à développer la critique réflexive sur les méthodes et les outils et à proposer des enseignements et des formations spécialisées. La PSIG fédère aujourd’hui cinq centres de l’ÉHESS[4]. Des partenariats ont été établis avec des institutions extérieures : IGN – Cogit, UMR 7041 Arscan, etc. Un des objectifs de la PSIG est de créer des synergies entre différents centres, grâce à une entrée par l’espace et la diachronie. Dans cette perspective, la mise à disposition pour la communauté scientifique des données à références spatiales communes peut être un moyen de nouer ces échanges et de diffuser les savoirs.

L’information géo-historique conservée à l’ÉHESS depuis les années 1950 se divise en deux grands groupes : les documents géographiques produits par d’autres institutions, acquis par les laboratoires (les fonds acquis) et les savoirs produits par chercheurs de l’ÉHESS (savoir produits).

Les fonds acquis se présentent sous la forme suivante : fonds de cartes papier, atlas reliés, imagerie aérienne tirés ou numériques, bases de données géoréférencées.

Les savoirs produits se présentent sous des supports analogues : cartes papier originales, cartes reproduites dans des articles et ouvrages publiés, images numériques sous forme de vecteurs ou de raster, bases de données géoréférencées. Il faut y ajouter la documentation de réflexion et d’élaboration de l’information géo-historiques (notes, tableaux, recueils de photocopies etc.).

Projet de valorisation de la production de l’information géo-historique à l’ÉHESS

Le projet général porte sur la valorisation de l’information géographique produite à l’ÉHESS et dans une moindre mesure celle acquise, pour la rendre accessible aux chercheurs et, potentiellement, à un plus large public.

L’information géographique sera valorisée préférentiellement à travers la constitution de bases de données géoréférencées rendues accessibles à travers une interface web. L’ouverture des bases pourra être modulée en fonction de la sensibilité des données (état de constitution, droits, prescription des chercheurs qui les produisent, etc.).

Plusieurs sous-projets sont d’ores-et-déjà réalisables et peuvent entrer dans la temporalité proposée par la célébration de l’anniversaire de l’ÉHESS.