ANTOINE-CHARLES AUBERT

Ses affaires furent associées à celles d'un gentilhomme, Claude-Louis, marquis de Saisseval, capitaine de dragons, qui ne crut pas déroger en spéculant sur les terrains à bâtir. En 1779, M. de Saisseval acquit du marquis de Mascrany, comte de Château-Chinon, un terrain sis entre la rue de Bourbon (de Lille) et le quai d'Orsay. Claude-Nicolas Ledoux lui proposa d'y bâtir un ensemble de huit maisons séparées par des jardins sur une terrasse dominant la Seine. Cette composition de caractère palladien est gravée dans l'Architecture de Ledoux, édition Ramée, 1847, p1.189-192. Saisseval jugea plus réaliste le projet d'Antoine-Charles Aubert qui disposait sur ce terrain deux hôtels, un pour son beau-père, M. du Roure, un pour lui-même. La composition ménageait deux portes cochères symétriques sur la rue de Bourbon, vers la Seine une façade unique, ornée d'un ordre colossal. Une autorisation de portail fut délivrée par les Trésoriers de France le 13 août 1784 ; le projet, reçu par la Chambre des bâtiments le 15 septembre de la même année, est conservé parmi ses papiers (Arch. nat. Z1J 1123). L'élévation sur la Seine a été gravée par Le Campion. Ces hôtels disparurent dans le percement de la rue de Solférino.

Pendant cette construction, M. de Saisseval vendit au comte de Crillon sa terre et son marquisat de Picardie. Il entra en relations avec Goupy et Lemonnier,) les deux entre­preneurs du prince dé Condé, qui se tenaient prêts à bâtir la nouvelle place du Palais Bourbon. En 1787, un acte de vente le mit en possession des terrains nécessaires. Aubert: reprenant les plans de Bellisard et de Le Roy, renonça par économie aux portions de cercle qui auraient encadré l'entrée de la rue de Bourgogne et réalisa, de concert avec quelques acquéreurs voisins, la place en trapèze que nous connaissons.

Saisseval subit une brève captivité pendant la Terreur et mit sur pied d'autres affaires dans le quartier des Champs-Élysées. On l'y trouve associé de nouveau avec Aubert et l'entrepreneur Varin. Aubert édifia rue de Berry l'institution Lemoine d'Essoies et à Chaillot la folie Lanchère. Ces dernières œuvres sont connues grâce à des estampes de Krafft et Ransonnette.

A. Foray-Carlier in Le Palais Bourbon, sa place, 1987.