ARCADE (rue de l')

VIIIe Arrondissement. Commence 4 bd Malesherbes ; finit 9 r. de Rome. Longueur 460 m ; largeur 10,80 à 12 m.

Cette rue du XVIIIe siècle partait, jadis, de l’extrémité orientale de la rue de la Ville-l’Evêque, soit d’un carrefour où se trouvaient du côté ouest, l’église de la Madeleine et, du côté est, le prieuré des Bénédictines de la Ville-l’Evêque, pour aboutir dans la rue Saint-Lazare. C’était une ancienne section de le vieille route d’Argenteuil qui a aussi donné naissance aux rues d’Argenteuil, des Capucines et de Sèze, ainsi qu’aux rues du Rocher et de Lévis. Sa partie située au nord du Grand-Egout (bd Haussmann), qu’elle franchissait au pont d’Arcans, s’appela, lorsqu’elle fut bâtie, vers 1770, rue de la Petite-Pologne, du nom du lieu-dit qu’elle traversait.

Son nom actuel, du XVIIIe siècle, était dû à l’arcade en voûte, surmontée d’un bâtiment, qui servait de communication aux jardins que les Bénédictines de la Ville-l’Evêque possédaient de chaque côté de cette rue et sous laquelle celle-ci passait entre les nos 15 et 18. cette arcade de 1651, œuvre d’Alexandre de Lespine, disparut en 1850. Près d’elle se trouvait une des bornes limites du Paris de 1724-1726.

N°1. – Les rues de l’Arcade et de la Ville-l’Evêque formaient jadis à leur rencontre un pan coupé, auquel était perpendiculaire l’église de la Madeleine (emplacement du n°8 bd Malesherbes).

Cette église avait commencé par être, au XIIIe siècle, la chapelle du petit bourg de la Ville-l’Evêque ; elle avait été reconstruite, en 1462, par Charles VIII, lorsqu’il fonda la pieuse confrérie de la Madeleine, et elle le fut, à nouveau, en 1660, la bourgade initiale étant devenue une véritable ville. Elle était alors paroissiale depuis 1639. Un grand portail ogival à deux baies remplissait presque toute la façade de son rez-de-chaussée ; il était surmonté de deux étages, percés chacun de deux fenêtres ; à deux ils n’étaient pas plus hauts que ne l’était le rez-de-chaussée. Celui-ci offrait une horloge publique reposant sur une potence en fer ouvragé.

Devenue trop petite au milieu du XVIIIe siècle, par suite du prodigieux développement du faubourg Saint-Honoré, cette église fut appelée à être remplacée par celle de la Madeleine actuelle, dont la construction commença en 1764. En attendant son achèvement, la vieille église continua à être utilisée jusqu’à sa démolition, en 1797. Un petit cimetière lui était attenant jusqu’à sa fermeture en 1780 (cf. bd Malesherbes).

Nos 2 à 20. – Emplacement du prieuré des bénédictines de la Ville-l’Evêque ou de Notre-Dame de Grâce, qui remplissait l’îlot délimité par les rues de l’Arcade, de Castellane, Tronchet et la place de la Madeleine (cf. r. de Surène).

N°17. – Hôtel Bedford où Pedro II d’Alcantara, empereur du Brésil, déchu en 1889, mourut en 1891, à 66 ans. Henry Becque, déchu en 1889, mourut en 1891, à 66 ans. Henry Becque (1837-1899) habitait au cinquième étage lorsqu’il écrivit La Parisienne. Il y attendit tout un après-midi une de ses conquêtes à qui il avait pour la première fois donné rendez-vous chez lui, mais qui n’alla pas plus loin que la loge de la concierge en constatant que la maison n’avait pas d’ascenseur.

N°22. – Emplacement d’un hôtel construit, en 1720, pour Joachim de La Seiglière, marquis de Soyécourt. Fort endetté, il quitta la France et son hôtel fut vendu, en 1750, à Charles de Rohan, maréchal de Soubise, qui le fit restaurer par Cellerier. Il y mourut en 1787, à 72 ans. L’hôtel, passé au prince de Conti, fut séquestré en 1793. Il appartint, en 1810, à la comtesse de La Rochefoucauld, puis à la comtesse de Castellane ; en 1825, au banquier Haber ; en 1830, au comte Pierre de Lubersac. Les rues de Castellane et Greffulhe passent, depuis 1825 et 1839, sur l’emplacement de cette propriété.

N°40. – Immeuble construit, en 1903, pour la Compagnie des wagons-lits (cf. 46 r. des Mathurins).

N°57. – Hôtel du premier Empire, construit pour le comte de Pansémont. Sa fille épousa le comte de Tournon-Simiane, préfet de Rome de 1809 à 1814, pair de France en 1824, qui mourut dans cet hôtel en 1833. La cour d’honneur, vitrée, sert de hall.

Le conventionnel Lebas habita, en 1793, à l’ex-n°21 de cette rue et le peintre Raymond Brascassat (1805-1867), à l’ex-n°32 en 1845.