LA BOETIE (rue)

VIIIe Arrondissement. Commence 33 r. d’Astorg et 3 pl. Saint-Augustin ; finit 60 av. des Champs-Elysées. Longueur 1 080 m ; largeur 20 m.

Cette rue provient de la fusion, en 1879, sous le nom de l’écrivain Etienne de La Boétie (1530-1563), des deux rues suivantes : 1° entre la place Saint-Augustin et la rue du Faubourg-Saint-Honoré, un ancien chemin des Porcherons du Roule, appelé au XVIIIe siècle chemin de la Pologne à la pépinière, puis, en 1782, rue de la Pépinière, nom que cette rue conserva jusqu’en 1868 (et que porte encore son ancienne extrémité orientale) ; elle devint, de 1868 à 1879, la rue Abbatulli. 2° entre la rue du Faubourg-Saint-Honoré et l’avenue des Champs-Elysées, un chemin dit, en 1758, de l’Egout qui fut transformé, en 1777, en une rue appelée successivement : d’Angoulême-Saint-Honoré (du nom du fils aîné du comte d’Artois), de l’Union (1792), d’Angoulême (1815), de la Charte (1830), de l’Union (1848), de Morny (1865) et Pierre-Charron.

Cet ensemble remplaça l’ancien sentier qui longeait le côté nord du Grand-Egout allant du cirque d’Hiver actuel jusqu’au voisinage de la place de l’Alma, où il se jetait dans la Seine. Rectifié au XVIIe siècle, il avait fait place, de 1737 à 1740, à un nouvel égout, revêtu de murs et dallé, qui fut recouvert par la suite par sections successives.

Les pépinières royales. – Il y eut successivement au Roule, sur le parcours de cet ancien chemin, deux pépinières royales. La première, de 1640 environ, était comprise entre la rue du Faubourg-Saint-Honoré, l’avenue des Champs-Elysées et nos rues du Colisée et de Berry ; son but était de fournir en arbres, arbustes et fleurs, les jardins des Tuileries, du Luxembourg et d’autres maisons royales. On la supprima en 1720 dans le but d’établir à sa place l’hôtel des Monnaies, ce qui ne fut pas réalisé. Son terrain appartint au duc de La Vrillière, en 1755 ; à Mme de Langeac, en 1764 ; puis, en 1772, au comte d’Artois ; il fit partie de ce fief d’Artois (cf. r. d’Artois) qu’il lotit. Cette première pépinière fut remplacée, en 1720, par la Nouvelle pépinière du Roi, vaste rectangle de 18 arpents situé au nord du Grand-Egout et délimité, à l’ouest, par la rue de Courcelles et, au sud, par le chemin de la Pépinière à la Pologne (r. La Boétie). Son angle nord-est était voisin de notre place Saint-Augustin. Les derniers éléments de cette pépinière ont disparu en 1826.

Citons parmi les constructions qui se trouvaient jadis dans la rue de la Pépinière entre les rues du Faubourg-Saint-Honoré et du Rocher : sur le côté nord, les hôtels Puységur, d’Armaillé, Montmorin, et la caserne des gardes-françaises construite, pour deux compagnies, par Goupil (cf. pl. Saint-Augustin). Sur le côté sud, toujours à l’ouest et à l’est, à hauteur de la rue de Courcelles, dans la partie de la rue de la Pépinière, dite Neuve-Saint-Charles, entre les rues de Courcelles et du Faubourg-Saint-Honoré : à l’ex-n°97, une maison construite, par Liégeon, pour la famille Balaincourt, que La Palu vendit, en 1807, à Labbé  lequel y installa un pensionnat réputé ; à l’ex-n°89, un hôtel, construit par l’architecte Charles de Wailly, auteur de l’Odéon, pour lui-même avant qu’il n’habitât le Louvre ; sa veuve l’occupa avant d’épouser Fourcroy et le vendit alors au comte de Nicolaï, lequel le céda, en 1835 au marquis d’Aligre ; de Saulty puis d’Alfonso succédèrent à ce dernier ; à l’ex-n°87, un hôtel construit aussi par Charles de Wailly pour le sculpteur Augustin Pajou qui mourut en 1809, à 79 ans ; le prince Demidoff le remplaça vers 1830, puis les banquiers Morgon et Hainguerlot ; l’hôtel que fit bâtir pour lui-même l’architecte Olivier, et dont la grille d’entrée originale était scellée entre deux piles de rochers (hôtel démoli en 1861).

N°2. – Emplacement d’une maison de la rue d’Angoulême-Saint-Honoré ou Mlle Contat habitait en 1780.

N°3. – Fut habité par Jacques Worth, reçu interne des hôpitaux de Paris avant de se lancer dans la haute couture parisienne et d’habiller toutes les souveraines d’Europe.

N°27. – Fut habité par les frères Isola, directeurs de la Gaité-Lyrique en 1908, puis de l’Opéra-Comique et du théâtre Mogador.

N°30. – Fut habité par l’illustre mathématicien Maurice d’Osacgne, mort en 1938, à76 ans.

N°34. – Curieuse impasse qui, par son caniveau central et ses bornes rappelle les rues du temps passé.

N°40. – Maison Révillon fondée, vers 1840, par Victor d’Apreval, l’un des onze fils de Louis-Victor d’Apreval qui s’était réfugié pendant la Terreur, sous le nom de Révillon, à Boissy-Saint-Léger où il exploita une ferme. Victor Révillon introduisit dans les « grands magasins » de cette époque les manteaux de fourrure de confection.

N°41. – Emplacement d’un hôtel où habita, en 1835, Eugène Sue qui préparait alors ses Mystères de Paris.

N°44. – Ex-hôtel de Ségur où habita la comtesse de Lavalette en 1815.

N°45. – Salle Gaveau.

N°49. – La caserne Penthièvre (cf. r. de Penthièvre) s’étendait en 1845 jusqu’à cet endroit.

N°71.  – Rappelons (cf. r. Chassaigne-Guyon) que la paroisse Saint-Philippe du Roule eut, jusqu’en 1793, son cimetière vers cet endroit.

N°96. – Un passage, datant de 1840, reliant la rue La Boétie à la rue du Faubourg-Saint-Honoré et s’épanouissant, en son milieu, en une cour, dite, en 1877, Saint-Philippe-du-Roule et avant du Commerce, débouchait à cet endroit. Il avait une troisième sortie rue d’Artois. Il a disparu en 1883 ; la rue du Commandant-Rivière traverse son emplacement.

N°103. – Hôtel construit vers 1785 par les entrepreneurs Claude Armand et J.-B. Le Faivre. Habité par Lucien Bonaparte-Wyse, petit-fils de Lucien Bonaparte et explorateur de l’Amérique centrale.

N°111 (et 52, 60 av. des Champs-Elysées). -  Emplacement de l’hôtel de Massa (cf. av. des Champs-Elysées).

N°122. – Hippolyte Carnot (1801-1888) habitait ici en 1882.