« Maurice LASALLE fut tué à son créneau le 26 septembre 1915, d’une balle dans la tête comme son camarade QUINTIN, à quelque vingt kilomètres de son village, quelque part dans la région Aubérive — Souain — Tahure ; il fut inhumé au cimetière militaire de Mourmelon le Petit, dans une fosse commune, avec une cinquantaine d’autres soldats. Mes grands-parents eurent quelques détails sur la mort de leur fils grâce à Marcel TROUSSET (dont il est question dans le journal), un jeune de Sillery qui était adjudant dans le même régiment et qui eut un bras arraché au cours de ces combats de Champagne de septembre 1915.
Mon grand-père, prévenu le premier de la mort de son fils, alla à Vichy apprendre la terrible nouvelle à ma grand-mère et à ma mère qui vinrent s’installer provisoirement à Châlons en Champagne. Ma grand-mère prit le deuil qu’elle ne quitta jamais.
En 1919, les autorités militaires firent procéder à l’exhumation des cadavres des soldats enterrés dans des tombes collectives, en présence des familles qui souhaitaient y assister. Mon grand-père, accompagné de Monsieur l’abbé FENDLER, curé de Sillery, reconnut les restes de son fils qui furent ensevelis et inhumés dans une tombe du même cimetière.
L’inhumation définitive eut lieu quelques années plus tard dans la tombe familiale du cimetière de Sillery qui fut pendant bien longtemps le rendez-vous dominical de toute la famille.
Ma sœur, mon frère et moi, eûmes souvent dans nos jeunes années le sentiment étrange que cet oncle mort était plus présent que beaucoup de vivants, tant son souvenir était fréquemment évoqué, notamment par notre grand-mère qui ne manquait jamais de proposer son fils en exemple lorsque nous commettions quelques bêtises ; et son portrait dans la salle à manger familiale donnait presque la sensation d’une présence physique.
Quant à moi, en plus de mon prénom, je luis dois certainement ma vocation militaire. »
Colonel Maurice LORET décédé le 05 juin 1999
Jean-Marie LORET, son frère,
29 rue du Canada – 51500 Sillery
Alexandre WAUTHIER,
Recopie intégrale au format numérique, avec OCR : avril 2016
Adaptation du journal sur Omeka S : décembre 2019 - janvier 2020