CÉLESTIN-JOSEPH HAPPE (1754-1832)
La plus ancienne oeuvre que nous connaissions de lui est l'immeuble Richomme, rue du Sentier, autrefois rue du Gros-Chenet, 1782-1784. La distribution -des appartements y est déjà élégante et commode. Avant la Révolution, Happe était vérificateur de la Ville. Nous le trouvons construisant à son compte rue d'Angoulême, rue Comtesse d'Artois
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(Laffitte) et rue d'Hauteville, où lui est dû le gros oeuvre du numéro 58 ; Bourienne, l'ami de Bonaparte, fit décorer cet hôtel par l'architecte Étienne-Chérubin Lecomte, qu'il avait vu à l'oeuvre aux Tuileries, et par le peintre-décorateur Godard.
En 1790, associé à Nicolas Sobre, le collaborateur de Ledoux, Happe implanta rue Saint-Denis la Cour batave sur les terrains expropriés de la communauté du Saint-Sépulcre. Les promoteurs étaient deux Néerlandais, Abbema et de Witt, qui spéculaient sur les biens nationaux. Six étages et cent-dix appartements prenaient jour sur une cour entourée de galeries marchandes. Les eaux d'une fontaine procuraient en été quelque fraîcheur. Élégante sous le Directoire, cette citée où s'engouffrait l'air malsain des Halles était devenue maussade sous la Restauration. Balzac la décrit dans César Birotteau. Il y loge le bourgeois Molineux, dont les lieux à l'anglaise sont situés à mi-étage, comme on le voit déjà chez Happe dans l'immeuble de la rue du Sentier.
De Happe, Krafft et Ransonnette ont publié La Cour batave et La Maison Moitte à Mantes.
Happe remania l'hôtel de Sainte-Foix, rue Basse-du-Rempart, pour le marquis d'Osmond. Il y établit un escalier central là où Brongniart avait situé le salon de musique.
En l'an XII, il devint architecte de la Préfecture de police et fut chargé de constructions publiques. Ce furent par exemple le marché à la Volaille, dit marché de La Vallée, quai des Augustins, et l'abattoir de Popincourt (1809-1812).
Ses travaux l'enrichirent. Il engagea des capitaux en Belgique dans une entreprise de fortifications, à Paris dans une compagnie d'omnibus. Il fut encore, en 1826, l'un des créateurs de la rue des Beaux-Arts.
M. Gallet, 1964.
J. Pronteau, in Le Lotissement de la couture extérieure du Temple, in BSHP, 1981, Paris, 1982. W. Szainhien, in La Rue des Colonnes, Paris, 1992.