FRANÇOIS SOUFFLOT LE ROMAIN

Fils de François Soufflot, cousin de Jacques-Germain, maire de Vermenton, il fut nommé par protection pensionnaire du roi à Rome en 1761. Il est aussi connu sous le nom de Soufflot neveu.

Après la mort de son parent (1780), il se trouva à la tête d'un cabinet autour duquel gravitaient des architectes aussi habiles que Maximilien Brébion, Rondelet, Dumont, Jallier, Raymond, Saint-Phar, Bellicard, sans parler des dessinateurs Dulaure et Lequeu.

Hormis les travaux officiels de Sainte-Geneviève et de l'École de droit, la clientèle paraît avoir été très composite. On trouve François Soufflot occupé à l'aménagement d'un certain nombre de châteaux et de parcs aux environs de Paris, et en province Bagnolet, Le Buret (?), Sainte-Radegonde près du Plessis-Chenet (commune de Coudray-Montceaux, Essonne). À Montger­mont, près de Ponthierry (Seine-et-Marne) subsiste une rotonde précédée d'un péristyle dorique. Lahure a gravé le Plan du cul de four, du jardin d'hyver et de la nouvelle chambre à coucher de Madame de Gontaut en son château de Montgermont, le tout exécuté en l'année 1786 sur les dessins et conduite de Mr Soufflot le Romain Cette estampe montre le mobilier, comprenant bergère, chaises, tabourets, athénienne, écran de cheminée, table et chenets. Appartenaient au cabinet Soufflot les architectes Puiseux, doyen des vénérables, et Poncet, du Grand Orient. En septembre 1785, accompagné de Poncet et du greffier des Bâtiments Taboureur, Soufflot se rendit à Sens où il dressa devis et projet pour l'embellissement de la cathédrale. Ses deux propositions pour le portail sont conservées au musée de Sens. L'une d'elles plaque devant l'église gothique un portique corinthien de six colonnes à peine plus modeste que celui de Sainte-Geneviève. Le chapitre préféra le projet de Lemoine de Couzon et les événements de 1789 suspen­dirent tout embellissement.

En 1785, quand Soufflot eut à bâtir l'hôtel de Montholon, 21, boulevard Montmartre, il en confia l'étude à Lequeu. Gine réalisation reposait sur la fortune d'une présidente de Montholon qui possédait des plantations aux Antilles. Les très belles esquisses de Lequeu remplissent un album légué par lui à la bibliothèque royale (B.N. Estampes, Ve 92fol). Elles montrent qu'on s'est intéressé à l'hôtel Benoist de Sainte-Paule construit en 1773 au faubourg Poissonnière par Lenoir. Lequeu a composé le décor et le mobilier dans le même esprit piranésien que ceux de Montgermont. Ses dessins ont été fidèlement exécutés.

Outre l'hôtel de Montholon, dont la belle élévation ionique se fait encore admirer sur le Boulevard, Krafft a publié sous le nom de Soufflot le Romain la Maison d'Épinay à Sceaux (Recueil d'arc- hitecture civile, pl. 16). Le frère Arcadius, de la Doctrine chrétienne, possédait en 1880 le projet de François Soufflot pour l'escalier du prieuré de Saint-Martin-des-Champs ; cet escalier à l'impériale est aujourd'hui celui du Conservatoire des arts et métiers : dans les hauteurs de sa cage est suspendu l'avion de Clément Ader. La jolie maison personnelle de Soufflot le Romain, 32, rue de Belleville a été détruite au début de ce siècle.

Enfin, une tradition locale donne à l'agence des Soufflot le portail de l'église de Châteauvilain.

François Soufflot épousa en 1789 Marie-Sophie Antoine, nièce de l'architecte de la Monnaie. On le trouve encore sur le chantier du Panthéon en 1796, époque où il intervenait auprès de Rondelet dans le débat des architectes et des ingénieurs.

VP, 1902.

M. Gallet, 1972.