Élève de Ledoux, il fit à l'Académie, une scolarité brillante. Plusieurs de ses projets récompensés aux concours mensuels d'émulation sont conservés à l'École des beaux-arts ; d'autres ont été gravés, en particulier dans la Collection des prix... de Prieur et Van Cléemputte, qui considéraient Sobre comme l'égal de Percier. On peut en retenir : Une Fête publique qui pourrait être donnée à l'occasion de la paix, août 1781, une Maison d'un prince dans un jardin pittoresque, avec des pavillons pour les favoris, une Salle de bal et un théâtre, août 1782, un Temple de la Trinité, janvier 1783. Lors du concours annuel de 1787: un Hôtel de ville, l'Académie ne décerna pas le grand prix, sous prétexte que les candidats avaient mis trop de colonnes, mais c'est le projet de Sobre qui a été gravé.

Moins doué pour les affaires que pour le dessin, Sobre a souvent collaboré avec un ami ou un confrère plus entreprenant que lui. Chez Ledoux, il s'était lié d'amitié avec Emmanuel Damesme, de sorte qu'aux dernières années de l'Ancien Régime, leurs deux noms sont réunis sur les mêmes ouvrages. En 1790, Sobre reçoit des honoraires pour une salle de bal et de réunions maçonniques, rue et Carré Saint-Martin, n° 16 (Arch. nat., Z^1J1208) ; or cette salle est attribuée à Damesme dans Le Provincial à Paris. Elle fut connue plus tard sous le nom de théâtre des Jeunes-Artistes. Legrand la reproduit dans sa Description de Paris et la situe à l'angle de la rue Saint-Martin et de la rue de Lancry.

Leur affiliation probable à une loge aristocratique conduisit Sobre et Damesme à bâtir rue Chanteraine la salle de la Société olympique, connue plus tard comme le théâtre des Victoires. Cet édifice est reproduit par Donnet. Il en subsiste un ensemble de colonnes de Ségeste qui a été redistribué au xix' siècle dans deux cours d'immeubles, au 46, rue de la Victoire et au 39, rue de Châteaudun.

Sobre prit part aux concours d'architecture de l'an II, avec deux projets d'Arcs de triomphe, un Monument pour la Place des Victoires, un Temple de l'Immortalité dont la rotonde se réfléchit dans un miroir d'eau. Krafft a publié de lui le château de Sainte-Assise et une décoration rue Vivienne chez Mine H (Hamelin) ? Il donne aussi les plans et élévations du château de M. de Caumartin près de Moret « communiqués par Sobre », précaution. qui indique peut-être un travail fait en collaboration. Landon, dans les Annales du Musée, reproduit la Maison d'un Solitaire.

La réalisation la plus importante de Sobre fut la Cour batave dont il donna le projet de concert avec Célestin-Joseph Happe (voir ce nom). Ici encore, les contemporains confondent les deux collaborateurs ; ainsi, la transformation de l'hôtel de Sainte-Foix, rue Basse-du-Rempart, est donnée tantôt à Sobre, tantôt à Happe.

Sobre mourut prématurément le 18 septembre 1806, deux mois avant son maître Ledoux, dans une condition voisine de la pauvreté. J.-M. de Montclos, qui signale l'influence de Boullée sur Sobre, veut bien nous faire savoir que ses papiers, conservés ancienne­ment à Arras, y ont été détruits par fait de guerre.

W. Szambien, in Les Projets de l'an II, Paris, 1986.