RENNES (rue de)*
VIe Arrondissement. Commence r. Guillaume Apollinaire ; finit pl. du 18-Juin-1940. Longueur 305 m ; largeur 22 à 38 m.
Cette rue a été ouverte, en 1853, entre la place de Rennes (du 18-Juin-1940) et les rues Notre-Dame-des Champs et de Vaugirard et, en 1866, entre ces rues et la rue Guillaume-Apollinaire. Elle doit son nom à ce qu’elle aboutit à la gare du chemin de fer conduisant en Bretagne.
Elle commence actuellement aux nos 41 et 44, anomalie due au projet, heureusement non réalisé, qui consistait à la prolonger jusqu’à la Seine après avoir éventré les rues Visconti, des Beaux-Arts, de Seine, Mazarine et les cours de l’Institut.
Sa partie nord a absorbé les rues suivantes :1° la rue de l’Egout-Saint-Germain qui, prolongeant la rue Saint-Benoît, commençait rue Sainte-Marguerite (Gozlin) et finissait rue du Four. Elle s’était appelée d’abord Forestier, puis de la Courtille car elle conduisait à la courtille ou clos de l’abbaye Saint-Germain-des-Prés ; au XVe siècle, Taranne, à cause de son voisinage de l’hôtel de ce nom (cf. r. du Dragon) et, au commencement du XVIIIe siècle, de l’Egout, nom dû à l’égout qui y passait et avait été couvert sous Charles VI, sans doute aux frais de la famille Taranne, et qui déversait dans la Petite-Seine (r. Bonaparte), en empruntant la future rue Saint-Benoît, les eaux croupies de ce quartier ; 2° les rues Neuve-Guillemin et Beurrière qui reliaient les rues du Four et du Vieux-Colombier (cf. r. du Four. L’ouverture de la rue de Rennes a fait disparaître nombre de maisons des rues du Four, du Vieux-Colombier et de Vaugirard.
N°47. – Habité pendant trente ans par le romancier Honoré Boex, dit Rosny aîné (1856-1940)
N°50 : La cour du Dragon. – Jusqu’à ces dernières années, on trouvait ici la principale entrée de la cour du Dragon devenue ultérieurement, le passage du Dragon lorsqu’elle eut une autre issue au n°7 de la rue du Sépulcre (du Dragon). C’est sur un terrain ayant appartenu, partie aux chanoines de l’église du Saint-Sépulcre, partie à l’hôtel Taranne, que s’installa ,en 1650, une académie de manège, celle de Foubert, qui fut dirigée, de 1680 à 1719, par de Longpré et Bernardy, écuyers du roi. C’était l’Académie royale ; son but était d’instruire les jeunes gentilshommes dans l’équitation, les armes, les mathématiques et la danse. Avant de venir ici et de s’associer avec Longpré, Bernardy avait dirigé une académie de manège rue de Condé [p.335] (n°5). En 1692, on réduisit à deux le nombre des académies de ce genre, celle-ci et celle de Jouan, installée dans la rue des Canettes. Tout bon gentilhomme devait passer deux ans chez Bernardy et y remporter, au moins, un prix à la course des bagues. Ce terrain de forme rectangulaire, fut acheté, en 1730, par la femme du riche financier Antoine Crozat qui y fit construire la cour en question, appelée du Dragon, du fait de la sculpture qui surmontait son portail d’entrée sur la rue de l’Egout, face à la rue Sainte-Marguerite (Gozlin). Œuvre de Cartault (1735), elle représentait un dragon ailé, la tête relevée, prêt à la lutte, rappelant celui que sainte Marguerite aurait terrassé (Marguerite ayant refusé les avances d’Olibrius, fut par ordre de ce proconsul, jetée dans un cachot de la prison d’Antioche ou pénétra la langue d’un dragon qui la happa ; elle allait être engloutie dans le corps de l’animal lorsqu’elle fit le signe de la croix : à ce signe, le dragon la rejeta de sa bouche, puis mourut).
Cartault éleva aussi, sur chacun de ces deux longs côtés de la cour, six pavillons de plan uniforme, à trois étages avec mansardes, chaque étage contenait deux logements, et, sur chacun des deux petits côtés, un autre bâtiment. Celui adossé à la rue du Sépulcre (du Dragon) était à cinq étages, à deux fenêtres par étage, et était flanqué de deux tourelles de style médiéval. Au milieu de la cour, pavée, une rigole recevait les eaux pluviales et ménagères. Enfin, il existait au milieu du côté gauche de la cour, entre deux fenêtres, d’un entresol, une niche abritant une statue de la Vierge portant l’Enfant Jésus, dont une balustrade en fer forgé, de style Louis XV, protégeait le bas.
La cour du Dragon compta, en 1770, parmi ses locataires, Mlle Dubois, l’artiste de la Comédie-Française que protégeait alors le poète Claude Dorat (elle habita, deux ans après, au 54 r. Mazarine) et, en 1700, deux médecins dont l’un « faisait tous les matins un traitement gratuit des ulcères anciens et des maladies cancéreuses » et l’autre « distribuait contre trois livres la poudre capitale », remède souverain contre les maux de tête.
Au début de la Révolution, la cour du Dragon n’abritait plus guère que des marchands de ferraille, chaudronniers plombiers et tôliers où, le 27 juillet 1830, des émeutiers s’approvisionnèrent en barreaux de fer et en piques pour participer à la révolution.
Le très pittoresque ensemble du XVIIIe siècle que formait cette cour fut classé en 1920 et…démoli de 1930 à 1935. Un immeuble en béton a commencé de remplacer depuis 1958 sa façade sur la rue de Rennes. Quant au dragon (classé en 1943) qui surmontait le portail resté en place, portail à double cintre, de Cartault, il a été démonté, en 1957, pierre par pierre en vue d’une réédification ultérieure.
N°76. – Un cinéma se trouve sur l’emplacement d’un hôtel Mario Zoccoli, ayant appartenu à la baronne de Robecq, puis à Chemilly, qui devint le couvent des Pères de Saint-Joseph qu’absorba, en 1669, le couvent des Bénédictines de l’Adoration Perpétuelle du Saint-Sacrement (cf. r. Canette).
N°112. – Emplacement de l’hôtel de La Guiche (cf. r. du Regard), en partie occupé par une succursale du Mont-de-Piété depuis 1886.
Nos 153, 155. – Un cinéma se trouve sur l’emplacement d’une petite chapelle en sapin rouge, dite de Nazareth et, irrévérencieusement « Notre-Dame des Planches », construite provisoirement, en 1856, dans un style gothique avec un clocher à jour, également en bois, en attendant la construction de l’église Notre-Dame-des-Champs. Ce provisoire dura jusqu’en 1876 (cf. bd du Montparnasse).