RICHER (rue)

IXe Arrondissement. Commence 41-45 r. du Faubourg-Poissonnière ; finit 32 r. du Faubourg-Montmartre et 2 r. Cadet. Longueur 380m ; largeur 18 m.

Cette rue, formée en 1782, a remplacé une ruelle appelée, en 1738, de l’Egout, car elle longeait le Grand-Egout. Cet égout allant du boulevard des Filles-de-Calvaire à la place de l’Alma actuelle, où il se jetait dans la Seine, venait de l’est par les rues du Château-d’Eau et des Petits-Ecuries et se continuait vers l’ouest par la rue de Provence. A sa formation, cette rue reçut le nom de l’avocat au Parlement Jean-Charles Richer, échevin en 1780. Elle faisait partie, à cette époque, du chemin que l’on suivait normalement pour aller de la Ville-l’Evêque à Popincourt.

Nos 4 à 8. – Emplacement, au début du XIXe siècle, de l’hôtel Lemercier qui s’étendait jusqu’à proximité de la rue Bleue et qui appartenait, en 1816, au chevalier Johannot. Il fut occupé en 1851 par les magasins et le dépôt des décors de l’Opéra installés jadis dans l’hôtel des Menus-Plaisirs du roi (cf. r. du Faubourg-Poissonnière). Après leur incendie, le 5 janvier 1894, incendie qui fit quatre victimes chez les pompiers, ils furent réinstallés dans le bastion 44 (cf. bd Berthier) ; la rue Ambroise-Thomas a été ouverte, en 1896, sur leur emplacement.

N°10. – Emplacement, en 1810, d’une grande brasserie, la Brasserie Flamande, qui s’étendait jusqu’à mi-chemin de la rue Bleue.

Nos 13, 15, 17. – Ancien hôtel, dit des Maréchaux, que Ney peut avoir habité. Entrée principale au n°15.

Balcon, fenêtres à fronton triangulaire, façade sur cour avec niches, statues et mansarde à poulie.

N°18. – Emplacement, en 1793, de l’hôtel de l’architecte Damesme qui fit les plans de l’ancien théâtre de la rue de la Victoire et du Grand Théâtre de Bruxelles, occupée sous le premier Empire par une loge maçonnique appelée le Temple de l’Amour. Le journaliste et homme politique Anatole de La Forge y naquit le 20 avril 1820 ; le journal La Lanterne y eut ses bureaux de 1874 à 1900.

N°32. – Le théâtre des Folies Bergères a été construit, en 1869, sur un terrain, propriété, depuis la fin du XVIe siècle, de l’hôpital des Quinze-Vingts qui le loua à des maraîchers, de 1606 à 1805. En 1860, on y édifia un grand magasin de literie, dit Aux colonnes d’Hercule, qui s’adjoignit en 1869 une salle de spectacle, le théâtre des Folies-Bergères, qui plus tard l’absorba.

Ce théâtre, alors appelé ironiquement « Salle des Sommier Elastiques », ouvrit le 2 mai 1869 sous la direction d’Albert Boislève. Il ne fit que de médiocres affaires, ferma en août, rouvrit en septembre, ferma de nouveau en mars 1870 puis changea de directeur. Rouvert en décembre 1870, au cours du siège, avec un vaudeville, il dut fermer en mars 1871. Ce théâtre eut alors comme directeur, en novembre 1871, Sari, qui le transforma radicalement. Il agrandit la façade sur la rue Richer et ajouta un promenoir que fréquentèrent les petites dames du quartier de Bréda ; cet établissement eut alors une très grande vogue du fait de son orchestre, de ses ballets et de ses exhibitions de toute nature.

A la fin de 1880, Sari, changea le genre de son établissement qu’il voulut consacrer à des concerts de grande musique ; ce fut le Concert de Paris que patronnèrent Gounod, Massenet, Saint-Saëns et Delibes. Il ouvrit en mai 1881 mais, cette tentative ayant été fort malheureuse, Sari s’empressa de retourner à ses spectacles précédents.

N°33. – Ancien débouché de la galerie Richer, ouverte en 1842 et supprimée en 1927.

N°34. – Petit hôtel du XVIIIe siècle ; mansardes.

N°40. – L’historien Augustin Thierry (1795-1856) habita, de 1831 à 1833, à cet endroit, qu’il quitta pour aller rue Vivienne.