TAITBOUT (rue)
IXe Arrondissement. Commence 22 bd des Italiens ; finit 17 r. d’Aumale. Longueur 763 m ; largeur 9,74 à 15 m.
Cette rue comporte trois sections. La première a été ouverte, en 1773-1775, entre le boulevard et la rue de Provence sous le nom de Julien Taitbout, alors greffier de la Ville de Paris comme l’avaient été son père et son grand-père. La seconde résulte de son prolongement, en 1781, jusqu’à la rue Chantereine (de la Victoire), sous le nom de La Houssaye, dû à celui d’un des membres de la famille qui l’ouvrit. La troisième a été percée, en 1777-1781, entre les rues de la Victoire et Saint-Lazare sous le nom des Trois-frères, dû à l’avocat Magny de Maisonneuve et à ses deux frères, propriétaires des terrains sur lesquels on l’ouvrit. Les noms des deux dernières sections ont été remplacées, en 1853, par celui de la première. La rue Taitbout a été prolongée en 1853, par celui de la première. La rue Taitbout a été prolongée, à partir de 1854, jusqu’à la rue d’Aumale, prolongement qui absorba une impasse, longue d’environ 50 mètres, qui aboutissait dans cette rue et avait été ouverte, comme elle, en 1846. Ce prolongement n’était pas encore terminé en 1861. Le peintre Isabey (1767-1855) a habité, sous la Restauration, l’ex-n°7 de la rue des Trois-Frères ; le littérateur de Jouy (1769-1846), l’ « Hermite de la Chaussée d’Antin », l’ex-n°11 de cette même rue de La Houssaye qu’il quitta, en 1855, pour aller rue Saint-Georges.
Le boulevard Haussmann et la rue de La Fayette ont fait de sérieuse brèches dans la rue Taitbout. Ainsi a disparu l’ancien temple des Saint-Simoniens fermé en janvier 1832 par ordre de l’autorité et que vint occuper le culte évangélique réformé fondé, en 1835, dans une chambre de la rue du Louvre, établi en 1836 dans la Galerie de fer (reliant la rue de Choiseul au boulevard des Italiens), puis ici. Cet établissement fut connu sous le nom d’Eglise Taitbout, qu’il continua à porter dans la suite, même lorsqu’il fut installé, en 1840, dans un local spécial de la rue de Provence.
N°1 (et 24 bd des Italiens). – Ex-café de Paris (cf. bd des Italiens).
N°2 (et 22 bd des Italiens). – Ex-glacier Tortoni (cf. bd des Italiens).
N°5. – Immeuble (remanié) qui appartint à Richard Wallace, le donateur de certaines fontaines de Paris, et où il habita Mlle Déjazet (1797-1875).
N°9. – Emplacement de l’hôtel du spéculateur Bouret de Vézelay (cf. 3 r. Drouot), propriétaire des terrains sur lesquels fut percée la rue Taitbout. Cercle de l’Escrime et des Arts, en 1883. Hôtel démoli en 1909.
N°11. – Emplacement sous le Directoire de la banque du munitionnaire Ouvrard. Hôtel démoli en 1909.
N°20. – A l’ex-n°20, le boulevard Haussmann a fait disparaître un certain nombre de maisons dont : l’hôtel du ministre de la marine comte de Fleurieu (1738-1810) où habita, plus tard, le banquier Erlanger et où se tint la Caisse d’escompte du baron de Soubeyran.
N°25. – Le poète Parny de Forges (1735-1814), puis le publiciste et homme de théâtre Nestor Roqueplan (1804-1870) ont habité à cet endroit.
N°30. – A l’ex-n°30, l’hôtel d’Orsay où Talleyrand descendit sous le Consulat avec Mme Grand, une Indienne veuve d’un administrateur de la Compagnie des Indes que Napoléon lui fit épouser en 1802.
N°33. – Le compositeur Boieldieu (1775-1834) habita à cet endroit de 1817 à 1825. C’est ici qu’on le reconduisit en triomphe après la première représentation de son dernier chef-d’œuvre, la Dame Blanche (1825) ; il avait alors 49 ans. Il quitta peu après cette maison pour aller habiter l’hôtel de Tuffakine, 10, 12, boulevard Montmartre, où il resta jusqu’en 1834.
N°42. – Emplacement, en 1780, de l’hôtel du comte de Vasan.
N°44. – Hôtel Empire (surélevé) que le dernier Aguado, marquis de Las Marisnas (1784-1842) offrit à une danseuse de l’Opéra après l’avoir élégamment meublé.
Fronton du premier étage ; fenêtre-balcon du deuxième ; ferronneries.
N°57. – Emplacement d’une salle de spectacle, richement décorée, le théâtre Taitbout, inauguré le mardi 8 décembre 1874. Des salons servant de salles d’exposition de tableaux et de faïence lui étaient annexés. Ce théâtre ne fit pas ses affaires ; un désordre y eut lieu, le 7 février 1877, au cours de la représentation des Poupées Parisiennes et ses directeurs se succédèrent rapidement. L’un d’eux. Léon Vasseur, tenta d’en faire, en 1879, un théâtre lyrique en y faisant jouer, sans succès, Hymnis, de Théodore de Bainville, sur une musique de Cressonnois. Théâtre fermé en 1880 et remplacé par une compagnie d’assurances depuis 1882.
Antérieurement il y aurait eu à ce même endroit, vers 1865, le théâtre des Folies-Espagnoles.
Le crédit industriel et commercial, fondé, le 7 mai 1859, sous le titre de Société générale de crédit industriel et commercial, a eu ici provisoirement son siège social pendant l’année 1859. Il en partit en 1860 pour le 66 de la rue de la Chaussée d’Antin.
N°80. – Entrée du square d’Orléans, ex-cité des Trois-Frères, qui ouvrait dans la rue Saint-Lazare (n°36) au temps où la dernière section de la rue Taitbout n’existait pas (cf. square d’Orléans).