Le groupe de travail de l’atelier de cartographie sensible s’intéresse à l’approche de cartographie sensible comme méthode d’enquête et outil d’analyse, mobilisée dans des travaux de recherche en sciences humaines et sociales.
La cartographie dite sensible s’appuie sur des repères spatialisés qui sont significatifs pour un individu ou un groupe et qui sont vécus, perçus, traversés, habités, occupés. Elle s’éloigne ainsi de la cartographie traditionnelle qui a besoin de repères physiques et hiérarchiques : zones administratives, chefs-lieux, bâtiments, routes, hydrographie, toponymie normée, courbes de niveau ou encore des polygones statistiques et qui visent à une forme d’exhaustivité mais ne constituent qu’une modélisation de la réalité physique. La cartographie sensible s’attache à la représentation d’une territorialité et d’un espace vécu et perçu qui diffèrent selon les acteurs, leurs personnalités et leurs histoires. En cela l’approche peut être voisine de la cartographie réalisée par les peuples autochtones et plusieurs travaux en anthropologie et en géographie critique nous amènent à “déconstruire la carte”.
Le débat sur la tradition et la modernité intègre l’assimilation des SIG et des bases de données numériques pour et par des populations. Cela est l’occasion de nous interroger sur un changement de point de vue et un réexamen des outils informatiques afin de les adapter à la représentation de l’espace sensible et perçu. En effet, dans les années 1990, nous aurions pu penser que l’essor des outils informatiques permettrait de libérer les règles et les normes de la cartographie et de libérer cartographie et sémiologie des outils de communication ou des outils politique. Le constat est pourtant que la cartographie reste parfois pauvre de symboles qui, dans une représentation sociale et sensible de l’espace, devrait montrer une diversité importante de formes exprimées soit par le langage, par l’art, les tissus, des supports et matériaux divers, le chant, etc.