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Cartographie sensible du confinement – Protocole participatif (séance #2) – R. Gadé, L. Herse & M. SBriglio

Louka : cartographier les espaces intérieurs

Vient le moment de mettre en œuvre le protocole « CONFINEMENT ». Je suis en présentiel et je me retrouve dans un groupe composé de Marion, de Romane et d’un autre étudiant dont j’ai perdu le nom. C’est Marion qui est promue au grade d’« enquêtée » par le groupe. Nous sommes dans une petite salle, au numéro 54 du boulevard Raspail. Marion sort pour nous laisser entre enquêteurs. Nous réfléchissons alors à la posture à adopter pour mener un entretien collectif. Pour moi, c’est une première : j’ai déjà mené un entretien avec une autre enquêtrice face à un interlocuteur seul, j’ai déjà aussi interrogé deux personnes en même temps, mais je n’ai jamais questionné une seule personne avec deux autres chercheurs. La relation d’entretien est, il me semble, très différente. Trois enquêteurs, n’est-ce pas trop ? Si le développement d’une relation de confiance n’est de fait pas toujours aisé entre deux personnes, cela me paraît plus complexe de faire de même si nous sommes quatre. Ce temps de réflexion passé, Marion revient dans la salle. L’entretien se déroule sans problème. Il est très dense. Il y a de l’émotion, celle du terrain.

Voici ma carte :

Carte sensible des espaces intérieurs du confinement de Marion, de mars 2020 à mars 2021 – Louka Herse

J’étais personnellement chargé d’établir la carte sensible de son rapport aux espaces intérieurs et notamment de son usage et de son rapport à l’espace domestique. Mais Marion nous a surtout parlé de son corps, du rapport de son corps à l’espace et dans l’espace. Par conséquent, au sortir de l’entretien, il m’est impossible de dessiner une carte de la géographie domestique de Marion. Je décide donc de représenter plutôt la façon dont elle a géré son corps dans l’espace ou plutôt la façon dont elle a géré l’espace avec son corps. J’essaie notamment de rendre compte de trois mouvements qui, pour moi, sont centraux dans le discours de Marion : une dialectique douleurs/plaisirs du corps, une dialectique entre l’intérieur et l’extérieur, une dialectique extension/repli du corps sur le monde.

Romane : la carte sensible des espaces du dehors

J’étais chargée de réaliser la cartographie de l’espace de Marion en dehors du logement pendant le confinement.

Carte sensible des espaces en dehors du logement du confinement de Marion, de mars 2020 à mars 2021 – Romane Gadé

La première étape a consisté à prendre des notes lors de l’entretien. J’ai essayé de réaliser une prise de notes la plus complète possible en portant une attention particulière aux différents (et nombreux) espaces investis par Marion sur la période étudiée, de mars 2020 à mars 2021. Sur cette période, Marion s’est déplacée dans plusieurs villes. Elle a souvent changé de logement et, donc, les lieux extérieurs à ses espaces d’habitation ont aussi beaucoup varié. Du fait de cette multiplicité d’espaces investis, il m’a semblé essentiel de faire apparaître une chronologie la plus fidèle possible aux différents déplacements de Marion.

L’objectif de la carte est de montrer les variations des utilisations de l’espace en dehors du logement, pendant un an à partir du premier confinement. Afin de montrer les variations, je me suis donc appuyée sur la chronologie que j’ai choisi de faire ressortir à travers une sémiologie attribuant une couleur à une période donnée. En couleur, selon les périodes, apparaissent donc :

  • …des déplacements, sous la forme de flèches et avec une typographie différente selon la durée d’installation et la définition géographique :
    • des lignes pleines pour les déplacements qui ont amené à une installation dans la durée. Ces villes sont spatialisées les unes aux autres (pas à l’échelle de la France) : Paris au Nord, Chambéry au sud-est de Paris, Lyon au sud de Paris et à l’ouest de Chambéry.
    • des traits en pointillés pour les voyages de courte durée, par exemple un week-end, et dont la spatialisation n’est pas définie sur la carte.
  • … des espaces géographiques extérieurs, qui ont été importants pour elle (les montagnes de Chambéry, le Rhône et la Saône, la colline Fourvière et son terrain de recherche à Aubervilliers). J’ai également représenté deux de ses logements sur la période de mars 2020 (la Cité internationale et sa maison familiale à Chambéry), ce que j’ai regretté aussitôt les avoir dessinés puisque j’aurais dû me contenter des espaces en dehors du logement.
  • … mais aussi des personnes qui peuplent ces « espaces en dehors du logement » et qui sont déterminantes pour Marion : les femmes de son collectif féministe d’improvisation vocale à Aubervilliers ; ou la présence de ses amis à Lyon qui a déterminé son installation pendant le second confinement.

Le nom des villes est inscrit en couleur noir. La typographie est différente selon si ces villes sont des lieux où Marion s’est installée (en majuscule) ou si ce sont simplement des lieux de passage (minuscule). Au centre de ce triangle que forment les déplacements Paris-Chambéry-Lyon, j’ai représenté la silhouette de Marion. L’objectif est ici de souligner l’importance que revêt pour Marion l’échelle de son corps. Il s’agit là aussi d’une « variation » sur la période mars 2020-mars 2021 puisqu’elle nous a expliqué avoir particulièrement pris conscience de son corps pendant le confinement.

Enfin, j’ai inséré des verbatim issus de ma prise de notes pour qualifier certains espaces et expliquer certaines pratiques. Ces extraits d’entretien nous informent sur le ressenti de Marion pendant le confinement (« je cherche la porte de sortie tout le temps » illustre son besoin de sortir de son logement, où qu’elle se trouve) mais aussi sur ses pratiques (« j’allais crapahuter le long du Rhône et de la Saône »…).

Le brouillon

Avant de commencer la carte, j’ai esquissé quelques idées sur un brouillon :

  • Le triangle de déplacements Paris-Lyon-Chambéry
  • Les 5 temporalités que j’ai identifiées
  • Les lieux, avec la notion d’ « installation » et de « bouger » (pour les déplacements courts)
  • Et enfin les pratiques, où j’ai noté la marche et la course.

Réaliser cette carte dans le temps imparti a été difficile. Le manque de temps ne m’a pas permis d’inclure autant de citations que je l’aurais souhaité. De plus, le temps contraint ne m’a pas permis de hiérarchiser les informations importantes. J’ai représenté certaines choses (comme la voiture du père de Marion qui l’a emmené à Lyon en mars 2020, ou encore la notion « agrégation » pour indiquer qu’elle avait passé le concours lors de l’été 2020) qui ne sont pas cruciales pour comprendre les variations des espaces vécus par Marion en dehors de son logement durant cette période d’un an à partir du premier confinement.

Marion : la carte de l’enquêtée

J’ai été désignée comme la personne enquêtée. Dans un premier temps j’ai pris des notes pour essayer de trouver les mots clés et motifs qui émergeaient lorsque je pensais aux trois espaces évoqués. Je me suis rendue compte que je parvenais difficilement à me soumettre aux espaces réels évoqués par le protocole, et que j’avais surtout réfléchi en terme de stratégie pour échapper au confinement et au sentiment d’enfermement (déménagements multipliés en l’espace d’un an, métaphore de l’espace du corps agrandi/restreint, non respect des consignes sanitaires pour me remettre en mouvement à l’extérieur, etc, cartographie de l’espace capté à distance). Je me suis aussi rendue compte paradoxalement que tout en ayant peu suivi les restrictions, j’avais choisi une temporalité longue, depuis mars 2020, date depuis laquelle j’ai le sentiment d’être en sursis, malgré les « dé-confinements » officiellement annoncés.

Carte sensible du confinement, de mars 2020 à mars 2021 – Marion Sbriglio

Le(s) brouillon(s) 

La carte a été réalisée après plusieurs brouillons. J’ai d’abord tenté de réaliser un diagramme qui prenne en compte l’évolution de mon rapport à ces trois espaces depuis le début du Covid (la continuité perçue entre confinement-déconfinement étant plus grande que la rupture). Finalement j’ai tenté de réaliser un schéma de synthèse représentant mes stratégies relatives à ces trois espaces pour échapper au sentiment d’enfermement. Ces stratégies, qui reposent sur mes privilèges, ont été de trois ordres, correspondant aux trois espaces :

  • Changer de logement pour trouver le plus grand et / ou  celui à partir duquel il me serait le plus facile de sortir sans me faire contrôler par les forces de police et sans nécessairement suivre les règles sanitaires
  • Investir les espaces limitrophes au logement par la pratique sportive / de la balade le long des fleuves (Paris, Lyon), sur les reliefs (montagnes à Chambéry, points culminants de Fourvière ou les Buttes Chaumont à Paris) ET investir davantage les seuils du logement ouvrant sur l’extérieur (portes, fenêtres, paliers, terrasses, etc)
  • Multiplier les espaces captés à distance (radio, méditation) ou la sensation d’espace (mouvements de yoga) au sein du logement

Finalement, cette représentation graphique représente un entre-deux, de la géographie « réelle », concrète qui a été la mienne pendant le confinement (nombre d’heures passé dans les logements successifs) et les stratégies pour bouleverser cette géographie.

Les registres graphiques employés et déployés à 3 échelles

  • La carte de France renvoie
  • Les dessins renvoient aux spécificités des environnements proches des lieux de confinement que je parcourais le plus souvent possible
  • Le schéma renvoie à une configuration récurrente des logements fréquentés

Les figurés 

  • La prédominance des flèches renvoie pour moi à toutes les stratégies développées pour « gagner de l’espace » (dans l’espace du logement, à l’extérieur du logement, par la captation d’espace à distance).
  • Les signes + renvoient aux pièces/endroits que je privilégiais privilégiais 

Les couleurs 

  • Rouge : espaces contractés par les règles du Covid et ressenti comme contracté, la couleur renvoie aussi pour moi à un registre émotionnel de la peur de l’enfermement
  • Vert : pratique d’extension de l’espace vécu (parcouru ou capté) par des stratégies privilégiant le mouvement dans les espaces extérieurs, et à l’intérieur la représentation d’espaces imaginés ou captés à distance (le confinement a été pour moi le moment d’expérimentations cartographiques)

Cartographie commune groupe 2

Lundi 4 Mai 

L’Observateur : Dois-je faire trois portraits, analyser et noter la manière dont chacun intellectualise le sujet, communique avec les autres, s’investit dans le travail en groupe, puis s’organise dans sa propre carte individuellement?  Ou bien simplement noter les différentes étapes de la création? Ou bien considérer les deux? 

Décalage entre l’évolution de chacun, allers-retours : spatialité, temporalité, mouvement, émotions etc

Xi : Faut il faire 3 perspectives séparément? Ou 1 version commune? 

Francesca : Il faut s’organiser autour d’une stratégie commune. 

Xi : Elle demande à Mathieu comment était sa carte du confinement

Mathieu : le rouge = avant / le bleu = après le confinement 

Xi : a combiné photos et carte du quartier / changement d’aménagement dans sa chambre. Elle propose de copier-coller leur carte respective dans le document google pour avoir une vue plus générale de ce qui a été fait précédemment.

Ils doivent décider d’un espace commun, le quartier et l’espace intime diffèrent pour tout le monde. Qu’est ce que la carte va représenter? 

Mathieu Qu’est ce qu’on veut représenter en commun? Un quartier, salon, chambre?

Xi préfère un quartier.

Mathieu propose de dessiner un salon fictif commun, qui sera divisé en 3 parties, une pour chaque participant dans laquelle chacun s’organisera comme il le souhaite.

Xi propose de se répartir les parties en fonction de leur position géographique.

Mathieu est en Seine Saint Denis au nord-est de Paris.

Xi se trouve dans le 8eme arrondissement et propose d’inscrire la relation spatiale dans la carte.

Francesca propose de combiner la position géographique des appartements.

Mathieu représente la Seine St Denis, Xinmin le 8eme arrondissement et Francesca le 15eme. 

Représentation géographique

Faut il intégrer plus de mouvement?  C’est une représentation propre à chacun. Ce qu’il faut mettre en commun c’est la représentation géographique.

M : trace un premier rectangle représentant Paris pour la représentation géographique 

Ils se demandent s’il faut ajouter les éléments que l’on peut retrouver dans une cartographie traditionnelle ? 

00:11:00 

Xinmin trace une bulle attachée au rectangle qui représente Paris 

Mathieu inscrit Paris au centre du première rectangle 

Chacun commence à travailler sur sa partie.

00:13:00

Comment diviser le salon? 

Observation : Elle ajoute une deuxième dimension à la cartographie, un jeu d’échelle : la localisation est-elle seulement utile pour leur 3 appartements situés par rapport à Paris le lieu commun ou bien doit-elle aussi s’appliquer à l’intérieur même de leurs espaces personnels ?

Donc il n’y a pas de charte commune à laquelle se référer? 

La seule contrainte est d’avoir sur la même représentation graphique commune la manière dont chacun a une emprise sur les lieux selon la consigne.

Consigne : définir une emprise sur la carte, quelle est l’emprise commune? Comment on saisit/contrôle le lieu? Se représenter dans l’espace, à Paris. Choix du salon parce que pièce la plus occupée. Est ce que le salon est la pièce que chacun occupe le plus chez lui? 

Voir au fur et à mesure ce que chacun rajoutera. Avec le confinement on occupe un lieu d’une manière peu habituelle. Représenter ça dans un espace plus objectif donc Paris pour contextualiser. Malgré le fait d’avoir parfois la sensation d’être dans une bulle isolée, en réalité on se trouve sur une map. Qu’est ce que chacun veut intégrer, au delà du salon?

L’emprise commune serait le salon et l’espace de la région parisienne? 

Faut-il apporter une dimension temporelle? 

Faut-il représenter les mêmes aspects concernant les changements en termes de temporalité?

Faut-il représenter les changements dans le salon ou le quartier? 

Deux échelles : Ils ont décidé de se représenter géographiquement dans la région parisienne (grande echelle) et en même temps de se représenter dans son salon (2eme échelle) 

Difficultés à s’entendre sur ce qu’est leur espace commun et les limites de représentations communes 

00:22:00  Une fois d’accord , chacun avance de son coté.

M rajoute Paris au centre du premier rectangle et deux fleches qui se suivent dans le rectangle. 

Est ce une représentation de mouvement?

Représentation spatiale : ils rajoutent des référentiels communs : meubles, objets, etc

00:35:00  : 1ere représentation temporelle 

Francesca rajoute des horaires sur une fleche qui va d’un pièce à l’autre : 8:00-19:00   19:00 – 00:00 

Représentation spatiale : M rajoute une rose des vents au dessus de Paris coté Nord-Est avec la lettre “N”

00:40:00 : Peu de communication pendant plus de 20 minutes

Représentation du mouvement : Xi rajoute une flèche qui va d’une pièce à l’autre. 

00:43:00

Indication sonore : F écrit “bruits de voitures, gens qui marchent, camion poubelle, à 20h applaudissements collectifs” qu’elle place sur une bande à gauche

00:46:00

Spatialité : Xin ajoute une information sur sa localisation : 8eme

Information spatiale : Fran ajoute des informations sur son quartier : tabac, supermarché, elle agandit son perimetre en recontextualisant son salon dans son quartier, représentant ses trajets. 

00:54:00

Temporalité : Xi ajoute 3:16 → 4:16

Fran ajoute sa localisation dans Paris : 15eme 

00:58:00

Premiere Légende : Xin  ajoute une légende de l’intérieur de son espace : miroir, photos, écran etc

1:00: 00

Chacun sa légende.

Observations : N’auraient-ils pas mieux fait de décider ensemble d’une légende avec des référentiels communs  (symboles, couleur etc), ajouter une temporalité, du mouvement? Comment? Afin de créer une homogénéité entre leurs 3 espaces? 

1:12:00 

Ils se demandent s’ils doivent représenter des émotions et comment ils peuvent la faire progresser? explorer d’autres thématiques? Mathieu qu’il a voulu représenter l’isolement avec son contour plus épais, ce qui parle à Francesca

Portraits et interprétation personnelle

Mathieu est le premier a investir au départ l’espace commun : – Paris  -N(ord) pour se situer

Représentation spatiale Il ne représente pas de temporalité mais il semble y avoir du mouvement représenté par cette flèche qui semble montrer une redondance, un mouvement qui va d’une pièce à l’autre mais aussi qui se répète.

Francesca

00:35:00 Représentation du temps

00:43:00 Représentation spatiale description sonore exterieure

00:46:00 informations sur le quartier 

00:54:00 Localisation 15e

00:58:00 Ajuste son texte 

1:00:00 Doit on ajouter une légende? 

1:12:00 Doit on ajouter des éléments représentatifs des émotions : contours illustrant le degrés d’isolement?

Xinmin

Elle choisit une bulle rattachée au rectangle qui représente Paris comme pour signifier un “zoom” sur la partie nord-ouest de Paris. 

00:26:00 Elle commence 

00:40:00 Représentation temporelle Flèche qui va d’une pièce à l’autre 

00:46:00 Représentation spatiale Localisation 8eme 

00:54:00 Ajoute une information 3:16→ 4:16  temporalité ?

00:58:00 Légende de son espace intérieur : miroir, photos, écran etc. 

Qualitatif plutôt que quantitatif

Lundi 18 Mai 

Explications des cartes :  

Représentation spatiale, temporelle et émotionnelle

Mathieu : C’est mon salon, les bords noirs renvoient à l’idée d’enfermement et les flèches circulaires montrent que je tourne en rond. Il y a un soleil jaune et orange qui montre ou est ce que le soleil se lève et se couche avec une rose des vents qui indique le nord. 

Ximin a fait 2 versions de la même pièce à 2 moments différents  pour montrer le réaménagement effectué : 3:16 → 4:16 qui correspond à 16/03 et 16/04 

Francesca a divisé sa pièce en deux avec des horaires qu’elle s’est imposée pendant le confinement pour éviter la répétition et donner du mouvement à son quotidien, qu’elle a représenté avec la flèche et les horaires.

Elle rajoute un soleil et une lune pour faciliter la représentation du temps. 

Comment représenter les émotions? Créer un protocole commun ou chacun sa légende ?

Représentation de l’émotion : Francesca a épaissi les contours du salon et celui des flèches qui montrent ses trajets pour accentuer l’enfermement et les sorties limitées, représentation des émotions. Le balcon n’a pas de contours parce que c’est le seul lieu dans lequel elle ne ressentait pas l’enfermement. Elle a voulu donner de l’importance au jardinage qui était une de ces activités principales et favorites en représentant plusieurs plantes et fleurs disséminées dans l’appartement.

Observation : Contraintes de Google doc qui leur donne la sensation d’être limité. D’autre idées de représentations en dehors de ce logiciel? Les contraintes poussent à trouver des solutions. 

Xinmin : on ajouterait plus de détails et ce serait plus précis. Les formes proposées par le google doc restreignent la créativité.  Difficulté à représenter son mur : écran de projection qui a tenu une grande place durant son confinement puisqu’il regroupait les informations et les films (qu’elle allait voir au cinéma avant le confinement) ; les photographies qui l’apaisaient pendant le confinement. 

Représentation de l’émotion : Etoiles →  verte : contente , bleu : calme , orange : nerveuse On retrouve les 3 émotions sur l’écran de projection ce qui montre sa centralité dans son quotidien.

Représentation du temps : Francesca ajoute des lignes qui partent des pots de fleurs pour représenter leur croissance, leur évolution. 

cartographie collaborative sensible – Groupe 3

Observations du processus de cartographie collaborative sensible – Equipe 3

Mahdokht/Lissette/Fabricio

Le processus d’élaboration s’est déroulé en trois sessions, les observations suivantes ont été relevées par le groupe:

Session 1

L’équipe a commencé par identifier les convergences entre les participants, coïncidant avec l’intention d’aborder les relations familiales et amicales à distance pendant le confinement. Il est envisagé d’inclure la perception de l’expérience du confinement à l’intérieur de la France, principalement pour ceux qui sont étrangers et qui sont contraintes à rester confinés à Paris.

Trois catégories sont identifiées pour guider l’élaboration de la carte : les affects, les émotions et les espaces.

Puis il y a eu une pluie de questions :

Comment représenter l’espace commun ? Qu’est-ce qu’il nous unit ? Sommes-nous unis en France ? Sommes-nous unis par les relations à l’extérieures de la France ? Quelles émotions ? Comment les représenter ?

Les trois participants exposent leurs contextes particuliers et leurs affects, à l’égard des trois pays avec lesquels ils ont des relations, soit par origine, soit par relation à une autre personne : l’Iran, la Colombie, le Brésil et le Mexique.

L’un des thèmes principaux abordés lors de la première session a été la perception du danger que représente le coronavirus dans les différents pays désignés. Des comparaisons ont été faites entre les différentes perceptions.

Ensuite, ils ont exploré les émotions et les sentiments et la discussion s’est concentrée sur les sentiments négatifs; le binôme solitaire/compagnie est identifié.

De nouvelles questions ont surgi : Quoi dessiner ? Comment les représenter ? Quelle fidélité doit avoir la nouvelle carte avec les cartes individuelles ?

Les sentiments suivants sont identifiés : frustration, colère, angoisse, incertitude face au confinement. Après cela,  certaines lignes de travail sont identifiées:

·         Pratiques pour résister à l’angoisse

·         Pratiques génératrices de détresse

·         Types de relations familiales/amicales (à l’exclusion des relations professionnelles)

·         Types de confinement : obligatoire/autonome

·         Dynamiques dans le confinement

Quelques questions se posent à nouveau : peut-on intégrer le rôle des technologies et des réseaux sociaux ? Pourrait-on faire une grande carte du monde ? comment étudier les dynamiques de confinement dans chaque pays?

Un autre point central est identifié, l’intensité des émotions, élément qui permettrait de générer une façon de mesurer et de comparer.

D’autres facteurs liés aux émotions sont également détectées, comme la précarité économique, un élément qui génère l’angoisse, la fermeture des frontières physiques et les dilemmes d’un retour ou non au pays d’origine, la peur de ne pas pouvoir revenir, la peur de tomber malade dans la solitude en France, le désir de retrouver la famille bientôt.

Au premier regard l’outil de travail proposé “google drawings” non familier au groupe, il a paru un moyen difficile pour dessiner et concevoir une carte. 

Session 2 

Les participants choisissent de garder l’idée d’une carte où ils représentent les différents pays d’origine et leur lien constant avec ceux-ci, particulièrement grâce aux familles qui continuent à y résider. 

De même,  ils cherchent à mesurer les émotions évoquées lors de la première séance de discussion.

Au début le group pense dessiner la carte du monde mais vu le nombre de  symboles envisagés, il décide de dessiner les pays d’origins, avec la France au milieu, ce qui coïncide aussi avec les positionnes géographiques globales. 

Le group considère l’intensité des émotions comme une clé importante dans la réalisation de la carte, plutôt facile à mesurer au premier abord. En échangeant autour des pays d’origine de chacun, plus la conversation avance sur les conditions des pays et vu la diversité des perceptions, les participants décident de maintenir les variables qui semblent d’être les plus partagées et plus différentes par rapport à la France : l’accès à la santé publique, les préoccupations économiques et la perception des tensions politiques.

Pour mesurer l’intensité, les participants ont rencontré certaines difficultés pour choisir des symboles qui pourraient représenter le degrée de ressentis. Alors ils ont décidé de maintenir l’idée de représenter l’intensité avec les barres, ce qui représenterait l’idée de la quantité, dans une échelle possible d’émotions.

Au début le groupe a eu l’idée d’un traitement des “mesures de préoccupation” pour évaluer les aspects santé, économique et politique. Finalement non convaincu par le mots “préoccupation”, le group s’est orienté vers d’autres mots comme « stabilité », « situation » et “contexte”.

Le groupe a aussi discuté sur les symboles représentant les types de confinement, de flèches et d’objets comme l’avion pour démontrer les difficultés de voyage. Cette partie d’échange n’a pas été sujet à beaucoup de discordances. Nombreuses d’idées ont été partagées et retenues pour les jours suivant, pendant la phase d’exploration du logiciel google draws et la concrétisation de la carte collaborative. 

Processus de la concrétisation de la cart, étape par étape:

  • D’abord poser les 4 territoires, la France, le Mexique, l’Iran et la Colombie
  • Symbolisation du confinement/semi-confinement
  • Représentation des frontières en état de confinement et semi-confinement
  • Symbolisation des facteurs economie/santé/politique
  • Symbolisation des ressentis 
  • Premier jet de la légende 

Session 3

Pour cette session, le groupe avait déjà bien avancé sur quasiment toutes les idées sélectionnées en avance.

Le groupe a vu surgir des interrogations sur les perceptions et les ressentis lors que chacun évoque des conditions politique et économique de son pays, avec cette crainte de tomber dans le piège de généralisation et d’essentialisation. Le groupe ne cessait de souligner qu’il ne faut pas négliger que leur position sociale dans le pays d’origine risque de ne pas correspondre aux conditions et aux vécus de leurs concitoyens en général.

De même, les participants ont dû retravailler les idées de barres comme mesure d’intensité, en passant par l’idée de garder un symbole unique et en jouant avec les couleurs pour démontrer l’intensité. Ils craignaient que la compréhension des couleurs et de la quantité de barres ne soit pas assez évidente pour un observateur neutre. Comme un exemple de méthode, la difficulté de lecture de la carte pourrait y persister, mais ils ont opté pour laisser ce choix, ce qui leur a paru intéressant comme tentative de croisement des caractéristiques porteuses de quantité et de qualité.  

Processus de la concrétisation de la carte étape par étape:

  • Elaboration de la légende au fur et mesure 
  • Symbolisation de l’intensité et l’appréciation
  • Evaluation des facteurs economie/santé/politique pour chaque pays 
  • Symbolisation des liens humains avec le pays, famille/amis
  • Symbolisation de la connectivité numérique
  • Choisir un titre
  • Elaboration de la “bulle de ressentis” pour chaque participant
  • Evaluation des ressentis et d’émotions de chaque participants
  • Tentative  d’évaluation collective des facteurs economie/santé/politique en France

Cartographie collaborative du confinement – Groupe 1 –

Cette carte collaborative a été discutée, conçue et réalisée à distance par trois personnes lors de deux sessions de travail autour d’un salon virtuel mis à disposition. Lors de la première étape, chacune s’est rappelé les cartes individuelles du confinement des autres : M. a dessiné les personnes avec qui elle avait des échanges directs, J. s’est plutôt concentrée sur son rapport à l’espace intérieur et F. a suivi les modifications de son balcon et de son quartier depuis son étage, sous forme de tableau et photos. Les méthodes graphiques utilisées sont donc assez diverses (photographies, plan, tableau de données, portraits).

Elles se proposent de rassembler ce que chacune a souhaité exprimer dans ses cartes, en se donnant pour cadre commun le salon virtuel autour duquel elles sont rassemblées. Etant dans des régions de France éparses, elles optent pour un rapprochement non géographique de leurs situations, qui s’articulent autour de ce lieu virtuel. Alors comment mettre en commun ?
Elles esquissent de suivre le protocole de construction d’une carte explicité en séance précédemment, comme piste pour concevoir cette carte collaborative. Mais ce sera finalement en dessinant chacune sa perception du confinement des autres : il leur semble que cela leur permettrait de sortir de leur propre perception autocentrée de cette situation en essayant de se projeter dans l’espace de l’autre, face au regard qui s’émousse sur notre propre quotidien peut être.

Pour entreprendre de dessiner chacune ce qu’elles perçoivent, comprennent et imaginent de la situation de confinement des autres, elles échangent oralement des précisions sur leur cartographie individuelle et sur leur contexte de vie actuelle (pièce, type de logement, quartier, ville, région). Le besoin de définir une légende commune de ce qui doit être représenté est évoqué mais celle-ci naitra finalement de la confrontation des dessins de chacune rapprochés. La tentative est donc de faire émerger une forme commune du croisement des dessins effectués individuellement selon la même « règle du jeu ». Il s’agissait de démultiplier les points de vues : trois regards sur trois lieux et avec trois modalités graphiques, qui devraient se combiner dans leur possibilités et peut être prendre le relais de leurs limites. Une organisation en trois niveaux de perception et de proximité apparaît ainsi dans la discussion : le salon virtuel, la pièce où elles se trouvent pour la réunion et leur domicile avec son environnement.

L’outil de dessin collaboratif n’est pas utilisé lors de cette première session. Chacune des collaboratrices dessine individuellement sur du papier tout en restant connectée, à regarder régulièrement son écran d’ordinateur où sont visibles les autres et à leur demander des précisions sur ce qu’elles voient de leur coté ou ce qui les entourent. A la fin de cette première étape, chacune montre aux autres ses dessins. J. a commencé par dessiner les plans des espaces où se trouvent ses interlocutrices, ainsi qu’une axonométrie de situation de leur logement. M. a dessiné les écrans du salon virtuel de chacune et F. a opéré une figuration plus analytique qui schématise les lieux et les relations entre eux.

Lors d’un échange intermédiaire par mail, les dessins scannés de chacune sont mis en commun à l’aide d’un dossier drive. Apparait pour M. que chacune a une échelle de représentation privilégiée correspondant à l’un des trois niveaux. Avant la seconde session de travail collectif, F. rebondie également à propos de ces trois niveaux qui forment des échelles spatiales emboitées et la nécessité de définir des coordonnées à la carte. Un nouveau schéma qui rapproche les trois situations est apparu.

Lors de la deuxième session, l’ensemble des dessins est disposé sur l’outil numérique collaboratif. Le dessin schématique de F. commence à organiser la disposition des autres : est-il a intégrer dans la carte commune ou est-il à transposer et traduire par une légende équivalente ?
Se pose la question des précisions à apporter par du texte sous forme de commentaires qui permettraient de restituer certaines indications et les positions géographiques. Les dessins sont donc organisés par situation les uns à coté des autres et leur distanciation géographique mise en apparence par le nom de la ville et le numéro de département.
Comment positionner les relations entre ces lieux ? L’outil graphique n’est pas très maniable et l’ensemble s’encombre rapidement, « attention à utiliser le même graphisme pour le même phénomène ! ». Finalement la composition ne sera pas la retranscription complète du schéma mais celui-ci devient le mode de lecture des dessins situés au dessus. Ainsi se croise un regard plus surplombant qui rend compte des systèmes de relations et une perception plus détaillée qui donne à voir la vie intérieure.

Les dernières articulations concernent l’utilisation d’un signe rouge sur plusieurs dessins pour signaler chacune des personnes et le choix d’un axe vertical latéral à propos de la réduction d’échelle par palier. Il est complété d’un axe horizontal qui dispose les villes sans référent géographique comme sur un graphique.

Enfin un titre est discuté pour chapeauter la cartographie, qui passe par les termes « ressenti », « relations », pour s’arrêter sur « perception de l’espace ». Le schéma réalisé entre deux sessions apparaît alors comme assez parlant du titre « Percevoir l’espace du confinement à travers le virtuel ». Bien qu’il est été un outil de réflexion de parcours, il est conservé et titré séparément.

Si les tâtonnements de manipulation de l’outil numérique sont soulignés au début, deux participantes y font des modifications simultanées et coordonnées à la fin.