- Les enfants ne sont-ils pas orientés par leurs proches pour représenter de cette manière leur ville idéale ? (école très réputée, jeunes, peut-être encore difficile de se forger leur propre avis)
- Choisir une ville comme Chandigarh, c’est-à-dire l’archétype de la ville fonctionnaliste, progressiste, n’est-ce pas choisir la facilité ? Les cartes des enfants n’étaient-elles pas attendues, aux vues du cas assez extrême que représente Chandigarh en termes d’aménagement ?
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Cartographie sensible du confinement – Protocole participatif (séance #2) – R. Gadé, L. Herse & M. SBriglio
Louka : cartographier les espaces intérieurs
Vient le moment de mettre en œuvre le protocole « CONFINEMENT ». Je suis en présentiel et je me retrouve dans un groupe composé de Marion, de Romane et d’un autre étudiant dont j’ai perdu le nom. C’est Marion qui est promue au grade d’« enquêtée » par le groupe. Nous sommes dans une petite salle, au numéro 54 du boulevard Raspail. Marion sort pour nous laisser entre enquêteurs. Nous réfléchissons alors à la posture à adopter pour mener un entretien collectif. Pour moi, c’est une première : j’ai déjà mené un entretien avec une autre enquêtrice face à un interlocuteur seul, j’ai déjà aussi interrogé deux personnes en même temps, mais je n’ai jamais questionné une seule personne avec deux autres chercheurs. La relation d’entretien est, il me semble, très différente. Trois enquêteurs, n’est-ce pas trop ? Si le développement d’une relation de confiance n’est de fait pas toujours aisé entre deux personnes, cela me paraît plus complexe de faire de même si nous sommes quatre. Ce temps de réflexion passé, Marion revient dans la salle. L’entretien se déroule sans problème. Il est très dense. Il y a de l’émotion, celle du terrain.
Voici ma carte :
J’étais personnellement chargé d’établir la carte sensible de son rapport aux espaces intérieurs et notamment de son usage et de son rapport à l’espace domestique. Mais Marion nous a surtout parlé de son corps, du rapport de son corps à l’espace et dans l’espace. Par conséquent, au sortir de l’entretien, il m’est impossible de dessiner une carte de la géographie domestique de Marion. Je décide donc de représenter plutôt la façon dont elle a géré son corps dans l’espace ou plutôt la façon dont elle a géré l’espace avec son corps. J’essaie notamment de rendre compte de trois mouvements qui, pour moi, sont centraux dans le discours de Marion : une dialectique douleurs/plaisirs du corps, une dialectique entre l’intérieur et l’extérieur, une dialectique extension/repli du corps sur le monde.
Romane : la carte sensible des espaces du dehors
J’étais chargée de réaliser la cartographie de l’espace de Marion en dehors du logement pendant le confinement.
La première étape a consisté à prendre des notes lors de l’entretien. J’ai essayé de réaliser une prise de notes la plus complète possible en portant une attention particulière aux différents (et nombreux) espaces investis par Marion sur la période étudiée, de mars 2020 à mars 2021. Sur cette période, Marion s’est déplacée dans plusieurs villes. Elle a souvent changé de logement et, donc, les lieux extérieurs à ses espaces d’habitation ont aussi beaucoup varié. Du fait de cette multiplicité d’espaces investis, il m’a semblé essentiel de faire apparaître une chronologie la plus fidèle possible aux différents déplacements de Marion.
L’objectif de la carte est de montrer les variations des utilisations de l’espace en dehors du logement, pendant un an à partir du premier confinement. Afin de montrer les variations, je me suis donc appuyée sur la chronologie que j’ai choisi de faire ressortir à travers une sémiologie attribuant une couleur à une période donnée. En couleur, selon les périodes, apparaissent donc :
- …des déplacements, sous la forme de flèches et avec une typographie différente selon la durée d’installation et la définition géographique :
- des lignes pleines pour les déplacements qui ont amené à une installation dans la durée. Ces villes sont spatialisées les unes aux autres (pas à l’échelle de la France) : Paris au Nord, Chambéry au sud-est de Paris, Lyon au sud de Paris et à l’ouest de Chambéry.
- des traits en pointillés pour les voyages de courte durée, par exemple un week-end, et dont la spatialisation n’est pas définie sur la carte.
- … des espaces géographiques extérieurs, qui ont été importants pour elle (les montagnes de Chambéry, le Rhône et la Saône, la colline Fourvière et son terrain de recherche à Aubervilliers). J’ai également représenté deux de ses logements sur la période de mars 2020 (la Cité internationale et sa maison familiale à Chambéry), ce que j’ai regretté aussitôt les avoir dessinés puisque j’aurais dû me contenter des espaces en dehors du logement.
- … mais aussi des personnes qui peuplent ces « espaces en dehors du logement » et qui sont déterminantes pour Marion : les femmes de son collectif féministe d’improvisation vocale à Aubervilliers ; ou la présence de ses amis à Lyon qui a déterminé son installation pendant le second confinement.
Le nom des villes est inscrit en couleur noir. La typographie est différente selon si ces villes sont des lieux où Marion s’est installée (en majuscule) ou si ce sont simplement des lieux de passage (minuscule). Au centre de ce triangle que forment les déplacements Paris-Chambéry-Lyon, j’ai représenté la silhouette de Marion. L’objectif est ici de souligner l’importance que revêt pour Marion l’échelle de son corps. Il s’agit là aussi d’une « variation » sur la période mars 2020-mars 2021 puisqu’elle nous a expliqué avoir particulièrement pris conscience de son corps pendant le confinement.
Enfin, j’ai inséré des verbatim issus de ma prise de notes pour qualifier certains espaces et expliquer certaines pratiques. Ces extraits d’entretien nous informent sur le ressenti de Marion pendant le confinement (« je cherche la porte de sortie tout le temps » illustre son besoin de sortir de son logement, où qu’elle se trouve) mais aussi sur ses pratiques (« j’allais crapahuter le long du Rhône et de la Saône »…).
Le brouillon
Avant de commencer la carte, j’ai esquissé quelques idées sur un brouillon :
- Le triangle de déplacements Paris-Lyon-Chambéry
- Les 5 temporalités que j’ai identifiées
- Les lieux, avec la notion d’ « installation » et de « bouger » (pour les déplacements courts)
- Et enfin les pratiques, où j’ai noté la marche et la course.
Réaliser cette carte dans le temps imparti a été difficile. Le manque de temps ne m’a pas permis d’inclure autant de citations que je l’aurais souhaité. De plus, le temps contraint ne m’a pas permis de hiérarchiser les informations importantes. J’ai représenté certaines choses (comme la voiture du père de Marion qui l’a emmené à Lyon en mars 2020, ou encore la notion « agrégation » pour indiquer qu’elle avait passé le concours lors de l’été 2020) qui ne sont pas cruciales pour comprendre les variations des espaces vécus par Marion en dehors de son logement durant cette période d’un an à partir du premier confinement.
Marion : la carte de l’enquêtée
J’ai été désignée comme la personne enquêtée. Dans un premier temps j’ai pris des notes pour essayer de trouver les mots clés et motifs qui émergeaient lorsque je pensais aux trois espaces évoqués. Je me suis rendue compte que je parvenais difficilement à me soumettre aux espaces réels évoqués par le protocole, et que j’avais surtout réfléchi en terme de stratégie pour échapper au confinement et au sentiment d’enfermement (déménagements multipliés en l’espace d’un an, métaphore de l’espace du corps agrandi/restreint, non respect des consignes sanitaires pour me remettre en mouvement à l’extérieur, etc, cartographie de l’espace capté à distance). Je me suis aussi rendue compte paradoxalement que tout en ayant peu suivi les restrictions, j’avais choisi une temporalité longue, depuis mars 2020, date depuis laquelle j’ai le sentiment d’être en sursis, malgré les « dé-confinements » officiellement annoncés.
Le(s) brouillon(s)
La carte a été réalisée après plusieurs brouillons. J’ai d’abord tenté de réaliser un diagramme qui prenne en compte l’évolution de mon rapport à ces trois espaces depuis le début du Covid (la continuité perçue entre confinement-déconfinement étant plus grande que la rupture). Finalement j’ai tenté de réaliser un schéma de synthèse représentant mes stratégies relatives à ces trois espaces pour échapper au sentiment d’enfermement. Ces stratégies, qui reposent sur mes privilèges, ont été de trois ordres, correspondant aux trois espaces :
- Changer de logement pour trouver le plus grand et / ou celui à partir duquel il me serait le plus facile de sortir sans me faire contrôler par les forces de police et sans nécessairement suivre les règles sanitaires
- Investir les espaces limitrophes au logement par la pratique sportive / de la balade le long des fleuves (Paris, Lyon), sur les reliefs (montagnes à Chambéry, points culminants de Fourvière ou les Buttes Chaumont à Paris) ET investir davantage les seuils du logement ouvrant sur l’extérieur (portes, fenêtres, paliers, terrasses, etc)
- Multiplier les espaces captés à distance (radio, méditation) ou la sensation d’espace (mouvements de yoga) au sein du logement
Finalement, cette représentation graphique représente un entre-deux, de la géographie « réelle », concrète qui a été la mienne pendant le confinement (nombre d’heures passé dans les logements successifs) et les stratégies pour bouleverser cette géographie.
Les registres graphiques employés et déployés à 3 échelles
- La carte de France renvoie
- Les dessins renvoient aux spécificités des environnements proches des lieux de confinement que je parcourais le plus souvent possible
- Le schéma renvoie à une configuration récurrente des logements fréquentés
Les figurés
- La prédominance des flèches renvoie pour moi à toutes les stratégies développées pour « gagner de l’espace » (dans l’espace du logement, à l’extérieur du logement, par la captation d’espace à distance).
- Les signes + renvoient aux pièces/endroits que je privilégiais privilégiais
Les couleurs
- Rouge : espaces contractés par les règles du Covid et ressenti comme contracté, la couleur renvoie aussi pour moi à un registre émotionnel de la peur de l’enfermement
- Vert : pratique d’extension de l’espace vécu (parcouru ou capté) par des stratégies privilégiant le mouvement dans les espaces extérieurs, et à l’intérieur la représentation d’espaces imaginés ou captés à distance (le confinement a été pour moi le moment d’expérimentations cartographiques)
Commentaire et critiques de l’article : « Cartographie sensible des pratiques piétonnes en lien avec les perceptions de l’environnement » de Florence Huguenin-Richard.
Aurélie Nicolella, M2 TES
Florence Huguenin-Richard est maitresse de conférences à l’institut de géographie et d’aménagement à Sorbonne Université. L’article que nous allons commenter est paru en 2019. Il sort à l’occasion du colloque « Mobilités spatiales, méthodologie de collecte, d’analyse et de traitement » qui se déroule à Tour en novembre 2019. L’enjeu de ce colloque est d’expliciter les méthodologies des chercheurs qui participent à la construction du champ académique de la mobilité. Cet article s’inscrit dans cette perspective.
Dans l’introduction Florence Huguenin-Richard explique qu’il y a un délaissement de la marche dans les politiques de transports et de recherche, que les méthodologies pour l’appréhender sont incomplètes pour pouvoir comprendre précisément le choix de l’itinéraire des personnes, des tactiques, en lien avec l’environnement. Dans son article, elle se concentre sur deux publics spécifiques : les personnes âgées et les jeunes. La marche embrasse différents enjeux pour ce public : un enjeu de sécurité car ce sont les personnes qui sont le plus souvent impliqués dans les accidents. De plus, ce sont pour eux un élément essentiel en termes d’accessibilités aux ressources urbaines, de socialisations, de bien être psychique ou physique. La marche est un outil essentiel pour leur autonomie. Un environnement non favorable limite leur sortie. Il est donc nécessaire de comprendre leurs besoins spécifiques liés au déplacement quel que soit leur niveau de vulnérabilité. La spécificité de la marche est qu’elle est une immersion totale de l’environnement. Il est nécessaire pour Florence Huguenin-Richard de prendre en compte à la fois l’environnement qui peut influer sur les pratiques piétonnes et sur la subjectivité (comme le sentiment d’insécurité, l’attractivité ou non d’un lieu) qui peut faire changer les pratiques ou renoncer à un itinéraire.
Dans une première partie, la chercheuse fait un état de l’art non exhaustif des différentes techniques d’enquête : les enquêtes à domiciles, les méthodes d’observation de terrain qui comprennent les études de site, les enquêteurs mobiles, les suivis, les parcours accompagnés.
Dans une deuxième partie elle présente sur trois protocoles d’enquête. Elle croise deux types de techniques : des questionnaires classiques et des techniques plus qualitatives avec la réalisation de cartes « sensibles ».
Le premier protocole s’intitule MAPISE (la marche à pieds chez les séniors). L’enquête se déroule de 2012 à 2015 et est financé par le PRÉDIT. Lors de cette enquête, les chercheurs mettent en place deux techniques : l’observations directes non participantes et des suivis furtifs des piétons en déplacements. Ils recueillent en binômes des informations complémentaires sur le profil des personnes enquêtées. Les trajets et données sont cartographiés sur un plan de quartier puis reporté sur le système d’information géographiques. Florence Huguenin-Richard estime que la limite de ce protocole est que les perceptions des piétons sont méconnues.
Le deuxième protocole s’intitule PAAM (Piétons adolescents accidents et mobilité). Il se déroule de 2014 à 2016 et est financé par la Fondation sécurité routière. Le public est constitué de collégiens volontaire. Des questionnaires leurs sont auto-administrés pour comprendre leur rapport à leur environnement, leurs comportements dans la rue, s’ils ont déjà eu des accidents, etc. Puis à partir d’une carte détaillée des rues, les enquêteurs ont demandé aux collégiens de localiser dans un rayon de 300 mètres autour de leur collège leur pratiques spatiales et des endroits ressentis comme agréable ou désagréable, facile ou difficile. Puis, il leur a été demandé d’exprimer leur choix par écrit. Par la suite, les enquêteurs ont numérisé les données et ont obtenu une carte de mots comme révélateurs de perceptions collectives de l’environnement.
Le troisième protocole s’intitule : la mobilité des personnes âgées à l’échelle d’un quartier comme enjeu de démocratie. L’étude était en cours et est financé par la CNAV. Le public était une trentaine de personnes âgées volontaires habitant d’un quartier de la ville. La méthodologie utilisée est une cartographie collaborative. La première étape était d’identifier des lieux dans leur quartier qui leur semblaient agréable vs désagréable etc, puis d’exprimer oralement les raisons de ces qualifications. Enfin, il leur a été demandé de réaliser un collage de post-it sur une carte pour localiser les lieux. Une couleur différente est utilisée en fonction que le lieu ait été qualifié positivement ou négativement. Cette cartographie débouche sur un débat sur la circulation de « personnes non-désirées ».
En conclusion, Florence Huguenin-Richard explique que chaque méthodologie employée pour comprendre les stratégies et les tactiques des piétons nécessite la collecte d’un grand nombre d’information, souvent laborieuses et longues. Elle fait par la suite un bilan avantage et inconvénients des méthodes utilisés. La cartographie des perceptions semble être le protocole qui permette d’obtenir des données à la fois sur l’environnement et sur la perception des enquêtés selon Florence Huguenin-Richard. Le principal bémol est qu’il faut numériser les données à posteriori. Pour répondre à ce problème elle pense à développer une application pour « réaliser en même temps des suivis » (cartographie par GPS des itinéraires réalisés au quotidien) et « une évaluation de la qualité et de la sécurité des espaces de marche en recueillant sous forme de commentaires vidéos géolocalisés les remarques et perceptions. Cependant, cela pose selon elle des questions éthiques et légales sur le traçage quotidien des personnes.
En lisant le texte, j’ai eu quelques interrogations. Je me suis posée la question de ce que Florence Huguenin-Richard entendait par « personnes âgées ». Elle ne le définit jamais. Concernant le premier protocole, j’ai eu l’impression qu’il manquait des données générales et que les questionnaires n’étaient pas distribués. De plus, dans ce protocole, il n’y a pas de données sensibles. Or, la chercheuse met l’accent sur l’importance de recueillir des données à la fois sur l’environnement et sur la perception. Je me pose également des questions sur la méthode du suivi. J’ai trouvé que d’une part sur un public dit « vulnérable », qui pourrait être plus vigilant que les autres, par peur d’agression ou d’harcèlement, cela posait des questions d’éthique. De plus, cela pouvait provoquer un changement de comportement des personnes, d’itinéraire et biaiser les résultats de l’enquête. Enfin, j’ai trouvé qu’elle n’analysait pas les biais potentiels des enquêteurs qui pouvait avoir tendance à suivre telle ou telle type de personne. Je me suis interrogée sur le rejet de l’utilisation de l’enquête de « suivi accompagné ». Cela nécessite évidemment plus de temps, mais cela permettrait d’avoir une perception plus détaillée des itinéraires et sans problème éthique puisque les personnes consentent aux recueils des données et à l’échange avec l’enquêteur. Cela pose selon moi la question plus large du financement de la recherche et du temps long.
Dans le deuxième protocole, j’ai regretté qu’elle mélange les adjectifs « désagréables et difficiles.
Dans le troisième protocole, lorsque le débat aboutit sur un débat sur la circulation de personnes non-désirée. J’ai trouvé que cela soulevait la question de savoir s’il fallait réduire la mobilité de certaines personnes pour que les riverains puissent circuler. J’ai trouvé que cette question était insuffisamment soulevée. Sur la question de l’utilisation d’un GPS pour la cartographie sensible, cela me pose également des questions d’éthiques sur l’utilisation des données des personnes et sur la pertinence d’utiliser de la technologie pour une telle enquête.
Enfin, ces protocoles sont uniquement de jour. Or, les personnes âgées et les jeunes sont également présentes la nuit. La prise en compte de cette plage horaire pourrait avoir un impact sur les données sensibles.
Cartographier un paysage urbain – protocole enquête marche dans tokyo
Francesca Fanciulli, Jeanne Leman, Mathieu Longlade, Magdalena-Laëtitia Ndiki-Mayi.
Objectifs
Réalisé pendant le confinement/crise sanitaire, il s’agit ici d’une expérience de cartographie sensible d’un parcours virtuel dans la ville de Tokyo. C’est à travers une vidéo de marche dans la mégalopole que les enquêtés vivent l’itinéraire urbain. L’objectif de cette mini-enquête était de récolter les ressentis et perception de cet itinéraire à travers un protocole définis en amont.
Processus de créations et attentes
Pour ce faire, nous avons d’abord amorcé une discussion sur la vidéo en elle même et sur les thématiques ou formes de perceptions que nous aimerions interroger chez les enquêtés.
La forme du parcours urbain dans la vidéo est assez linéaire et que l’environnement filmé est assez dense en informations, notamment visuelles. Nous avons ainsi fait le choix de questionner les enquêté sur des repères localisés le long du parcours. C’est à ce moment que nous avons choisi la constante dans le protocole d’un fond de plan très simple, représentant le parcours effectué par la caméra dans la ville.
Il nous a semblé que l’intérêt serait alors de voir à la fois les éléments remarqués et marquant pour les observateurs. Cela nous donnait également la possibilité de les interroger sur ce que ‘’signifiait’’ les repères annotés: quelles sensations, émotions, ressentis associés aux objets et repères localisés.
Nous avons donc choisi, dans un premier temps, de demander aux observateurs d’associer un sentiment ou une émotion au repère. Nous ai ensuite venu l’idée de la couleur, comme un indicateur supplémentaire de la perception de l’itinéraire.
Il nous a semblé que ce processus nous permettrait ainsi de récolter des données traitables relativement facilement (il s’agit de trois mots associés à un point, nécessitant peut être moins d’analyse que des phrases par exemples). Cela nous permettait également d’avoir des données localisées grâce au référentiel du fond de plan. Le protocole nous ai apparue suffisamment simple pour être réalisé dans un temps assez court (20 min), temps suffisant pour que les enquêtés puissent à la fois redessiner le fond de carte, regarder l’extrait vidéo, et annoter leurs perceptions.
Protocole:
Durée : 20min
Les enquêtés visionnent une partie de la vidéo : à partir de 3 min jusqu’à 8 min.
Un plan simplifié du parcours effectué par la caméra est fourni sur un google drawing. Les enquêtés peuvent ainsi le reproduire, à la main, chez eux sur une feuille. Il leur est ensuite demandé de localiser sur ce plan des repères visuels ou objets (ex : la pluie, un vélo), et ensuite d’y associer une émotion ou un sentiment (ex : tristesse, enfance) et une couleur (ex : bleu, vert). La couleur doit simplement être écrite, pas besoin d’écrire avec un stylo de couleur.
Il sera enfin demandé à chaque enquêté de prendre une photo ou scanner son plan annoté et de nous l’envoyer soit par mail, soit via un drive.
Carte sensible et son procédé de création:
La carte synthétique de l’expérience a été réalisée en regroupant les informations des 9 cartes des enquêtés; car si chacun a réalisé cette expérience de son côté il nous semblait important d’avoir un document commun parlant d’une expérience partagée.
Nous sommes reparti du même fond de carte que celui proposé lors du protocole et avons reporté les sensations et couleurs associées conformément aux données collectées. La carte sensible finale sera semblable à une nébuleuse abstraite de couleurs et de mots dans laquelle les objets visuels ou repères associés ne seront pas représentés mais induits.
Synthétisation cartographique des données collectées
En observant la carte, des couleurs ressortent davantage que d’autres. Le bleu est la couleur principale, elle est associée à un champ lexicale de la quiétude (sensible, attention, calme, apaisement) et peut être également mis en lien avec le climat pluvieux. La deuxième couleur est noir où l’on relève le champ lexical de l’émotion négative (ennui, mélancolie, austère). On attribue volontiers ce champ lexical à la présence de la pluie, la présence de nombreuses personnes et le déroulement continue sur plusieurs minutes d’une marche qui ne semble pas apporter davantage d’informations. Enfin le rouge qui s’associe au champ lexical du désagrément (dégoût, danger, impatience, faim). Quant à la répartition des mots le début du parcours montre l’immersion dans un endroit inconnu (désorientation, curiosité, surprise). Puis, l’avancée dans le grande avenue montre une certaine pérennité du champ lexical de la quiétude interrompu à certains moment par le champ lexical du désagrément. On peut objecter que celui-ci se manifeste au croisement de passages piétons (où l’on doit faire attention au passage de véhicules ou attendre la possibilité de traverser) et de commerces alimentaires (possibilité de restauration).
CARACTÉRISER LES ACTIVITÉS AUTOUR DE LA MARCHE_protocole d’enquête
GROUPE C : Alba Perset et Célia Lebarbey (avec Fabricio Villamil)
Le protocole proposé pour l’enquête de la vidéo d’une marche silencieuse sur la place Jamaa Lafna à Marrakech cherchait à mettre à jour les critères marquants de l’ambiance produite dans un lieu par les activités. La question centrale était donc :
Quels sont les éléments récurrents et marginaux dans la caractérisation de l’ambiance perçue d’un lieu, qui s’inscrivent dans la mémoire?
Nous nous sommes proposées d’enquêter les personnes en leur demandant de produire une carte suite à la visualisation de l’ensemble de la vidéo, disponible au lien suivant : https://www.youtube.com/watch?v=rYSMZguAa7U
Les enquêtés pouvaient prendre des notes lors du visionnage, avec l’indice thématique du titre, qu’il s’agissait d’être attentif aux activités. La carte devait être réalisée ensuite de mémoire selon les consignes suivantes :
Enquête (20min)
→ en vous basant sur votre mémoire, tracez une carte schématique du parcours/itinéraire globale en distinguant 5 moments marquants : des moments et lieux au cours de la promenade où l’ambiance produite par les activités est différente.
Contraintes : Format A4 / Tracé à la main / Outils libres
→ Notifier sur la carte, les caractéristiques retenues des activités croisées à ces 5 moments/lieux distincts en partant d’une liste non-exhaustive proposée ci-dessous et en y apportant d’autres caractéristiques si besoin : types d’activités / leurs acteurs / formes d’occupation de l’espace / sonorités
Représentation libre (textes, pictogrammes, dessins, etc.)
Le protocole s’appuyait donc sur des constantes et des variables, que l’analyse des résultats se propose ensuite de préciser et nuancer.
Constantes :
– indice thématique des activités
– format, dessin à la main, temps donné après visionnage de la vidéo
– tracé d’un parcours, choix de 5 moments différents
– 4 caractérisations possibles des activités
Variables :
– choix des moments
– caractérisation libre des activités
Les 11 cartes produites ont été décryptées au regard des constantes données (parcours / 5 moments / 4 caractérisations des activités) qui ont pu, dans leurs variabilités d’expression, être regroupées dans un tableau de croisement visible ci-dessous. Celui-ci permet de distinguer trois “pôles” de caractéristiques: les récurrences majoritaires qui qualifient fortement le parcours et les activités, les éléments notables qui reviennent plusieurs fois sans être majoritaires et enfin, les exceptions ou détails relevés qui apparaissent alors comme très spécifiques.
Une majorité de tracés du parcours de la marche sont circulaires plutôt que linéaires (6/11). Cependant, seules 3 représentations sur 11 ne mentionnent pas le retour au point de départ et la perception de ce mouvement global de la promenade. Une carte a par exemple été recomposée par collage, peut-être pour permettre de revoir l’ordre et la disposition du parcours une fois celui-ci tracé.
La demande d’un choix de 5 moments le long de la promenade était laissée assez ouverte à l’interprétation. Si ce chiffre correspondait à un nombre de séquences ou temps forts sur lesquels nous étions tombés d’accord (même si nous avions pu relever d’avantages de moments), il avait été posé de façon finalement un peu arbitraire. Nous avions parlé de “moment” et de “lieux” à sélectionner pour leurs différences d’ambiance en terme d’activités. Une grande majorité de réponse a effectivement distingué plus ou moins 5 moments identifiables par des numéros, par des coupures, par ces cercles… mais qui correspondent parfois à des instantanés, parfois à des séquences continues. Dans le premier cas, il s’agit de points marquants isolés du reste de la marche dont les caractéristiques sont absentes, dans le second, on peut supposer qu’il s’agit du découpage de l’ensemble de la vidéo (temps et déplacement) en parties, dont les caractéristiques sont inscrites de façon plus diffuse et constitues une sorte de moyenne.
Les activités relevées sont très majoritairements commerciales et notifiées par leurs produits, puis par leur secteur (restaurant, hôtel, alimentation). Elles sont parfois caractérisées par leurs configurations spatiales dessinées (stands, tables, boutiques en plan schématiques) ou leur contexte urbain plus large (place, ruelles étroites, boutiques) avec une distinction forte entre l‘espace ouvert et lumineux de la place et le labyrinthe de ruelles couvertes plus sombres de la médina. Il est intéressant de noter que des éléments architecturaux comme le minaret ou les arches, qui ne relèvent pas directement des activités présentes, sont parfois notifiés, certainement pour donner un cadre de repères élargi. De même la mention de la météo, de l’aspect du ciel n’est pas majoritaire mais revient plusieurs fois avec des détails différents (5/11). Enfin des détails d’objets mobiliers, de couleurs ou de textures sont précisés de façon très variables selon les cartes : ici les chaises vides, là un mur ocre, ou encore un tabouret bleu qui ne passe pas inaperçu, ainsi que les drapeaux nationaux.
Les précisions quant aux sons élargissent davantage le spectre des “activités” : sont en effet mentionnées en majorité les chants et les mélodies musicales, avec même l’instrument précisé à quatres reprises. Ensuite les voix apparaissent et sont à trois reprises distinguées par leur langue, soulignant un certain cosmopolitisme plutôt touristique. Enfin, les bruits de moteurs font partie du paysage sonore sur une minorité de cartes (3/11). Dans une minorité de cas aussi est ajoutée la variation d’intensité des sons.
De même les acteurs de ces diverses activités sont caractérisés par leur nombre (“peu de gens”, “moins de gens”). En revanche, nous ne trouvons pas d’autres récurrences, même si des métiers sont mentionnés (vendeur, musicien) et de quasi personnages apparaissent : le charmeur de serpent, la petite fille qui marche seule. Nous avons ainsi été surprises de voir la présence d’un chat sur laquelle la caméra s’attarde effectivement, soulignée à trois reprises.
De l’ensemble de ces caractéristiques que nous avons fait émerger de l’analyse des cartes et leur confrontation sous la forme du tableau, nous proposons de retracer une carte sensible synthétique, qui permet une visualisation du lieu et son ambiance d’activités. Celle-ci est composée selon les trois “pôles” de critères marquants mis en exergue : les récurrences majoritaires, les éléments notables car répétés et les mentions marginales qui dénotent des attentions plus particulières et des anecdotes qui ponctuent la perception de façon significative.
> CARTE SENSIBLE SYNTHÉTIQUE :
Groupe A_Poétique de la Cascade du Saut du Gendarme_Rendu Cartographique
Lissette Rosales Sánchez, Françoise Pirot, Mahdokht Karampour & Xinmin Hu
Objectif
L’objectif de cet exercice est de représenter les perceptions et les ressentis des enquêtés-spectateurs-promeneurs lorsqu’ils parcourent virtuellement un itinéraire qui mène à la “cascade du Saut du Gendarme” en Martinique à travers la réalisation d’une carte sensible. L’enquête a été réalisée auprès de 10 personnes et la visite filmée dure environ 5 minutes.
La carte est une composition sensible d’un parcours commun. Comme résultat final, un récit multiple de ce trajet est alors attendu, à travers une carte commune poétique et hasardeuse.
Attente du protocole
Au travers des questionnaires partagés avec les spectateurs, les enquêtrices envisagent d’accéder à une palette de ressentis personnels de chaque enquêté-promeneur, relevés à chaque étape de cette visite virtuelle. Au travers des questions, les sensations physiques, les ressentis climatiques, les sens principaux de l’odorat, de la vue, de l’ouïe et du goût sont convoqués afin d’aborder une multitude de ressentis.
La contrainte de temps était un facteur à prendre en considération, aussi bien dans le recueil des données que dans leur traitement ainsi que dans la réalisation de notre carte collective.
Une fois les ressentis répertoriés pour chaque portion du trajet, les enquêtrices souhaitent représenter l’ensemble du trajet par des nuages multiples et nuancés de mots qui se forment différemment, selon les mots partagés par les enquêtés et la fréquence de leur répétition.
Lors du traitement des questionnaires, la difficulté rencontrée est l’écart existant entre l’attente et le résultat concernant la question initiale que nous découvrons mal formulée au début du questionnaire. Les enquêtrices se rendent compte que, suite au manque de clarté aussi bien dans l’explication orale lors de la consigne au début de l’enquête que dans la formulation d’une des questions, celle-ci n’a pas été traitée entièrement par l’ensemble des enquêtés, ce qui a empêché d’accéder à davantage de réponses et donc de mots. Il aurait fallu être plus explicite aussi bien dans la présentation orale que dans le début du questionnaire afin que la consigne soit mieux suivie.
Processus de création et justification de la sélection des outils
Le processus d’élaboration du protocole de recherche pour l’actuelle cartographie sensible a commencé par la discussion sur l’objectif central à poursuivre avec cet exercice. En principe, la première question à répondre en équipe était : que voulons-nous traiter ? Parmi les idées qui ont émergé, on a pensé à la relation qui pourrait exister entre le fait d’avoir vécu le confinement proche ou loin de la nature et comment cela pourrait affecter la perception d’un tel lieu. On a également proposé d’aborder la perception par type de profession exercée par l’enquêté-spectateur, mais à la fin, l’équipe a décidé qu’elle se concentrerait sur la représentation et la recherche de points communs concernant les sensations et les perceptions que les différentes personnes évoquent en observant la vidéo et en enregistrant les éléments qui restent fixés dans leur mémoire.
La deuxième étape a consisté à déterminer comment ces informations seraient accessibles et comment elles pourraient être représentées dans une cartographie sensible. L’un des principaux obstacles a été de discuter de la question de savoir si les réponses des personnes interrogées devaient ou non être dirigées; alors, un questionnaire semi-directif a été choisi pour permettre d’établir un point de départ commun entre les expériences et de les comparer par la suite. Le questionnaire a été divisé en deux, pour la première partie sept points stratégiques ont été établis au cours du parcours et des questions ont été conçues sur les sensations physiques et les éléments qui ont le plus attiré l’attention des spectateurs pour chacun de ces points, de cette façon, nous pourrions représenter le parcours et y situer (dans l’espace) les sensations et perceptions partagées. La deuxième partie du questionnaire porte sur l’expérience en général et explore d’autres types de sensations liées au goût, à l’odorat, au son et au toucher en relation avec l’environnement, ainsi qu’un exercice de synthèse sur l’expérience.
Par la suite, on a établi comme base de la cartographie, la représentation du parcours affichée au début de la vidéo sur une carte du site, puis on a comparé toutes les réponses obtenues en transcrivant celles-ci dans un document Word. Ensuite, on a discuté de la meilleure façon de représenter visuellement ces réponses, on a discuté entre les dessins et les mots, on a choisi la représentation visuelle par des mots et on a proposé d’utiliser des “nuages de mots” qui est un outil permettant de représenter graphiquement des mots ou des concepts clés.
Pour son élaboration on a utilisé un logiciel qui, à travers un algorithme, génère la représentation des mots les plus utilisés dans un texte. Pour cela, il a fallu travailler et nettoyer les réponses pour obtenir les mots ou les adjectifs qui décrivent concrètement les sensations et les perceptions du spectateur.
Enfin, la cartographie a été établie en identifiant les sept points stratégiques et chacun des nuages correspondants, ainsi que les nuages générés par les expériences en général.
Description de la carte sensible
La carte intitulée «Poétique de la cascade du Saut du Gendarme» évoque d’une part les perceptions visuelles perçues par les promeneurs qui parcourent le lieu de la cascade du saut du gendarme en empruntant un chemin qui part de la route pour accéder, via des escaliers et un pont, à la cascade tout en profitant de la végétation environnante et des lieux de pique-nique pour ensuite revenir au point de départ, d’autre part les sensations physiques ressenties, les perceptions auditives, olfactives et gustatives perçues par les promeneurs durant leur circuit. La carte ainsi obtenue est une carte mentale interprétative car ce sont les appréciations concernant les lieux ainsi que leur ambiance conviviale et environnementale qui y sont visualisées et cartographiées.
Les informations qualitatives représentées sont issues d’une enquête faite auprès de 10 personnes. Cette enquête a été réalisée suivant un protocole établi par le groupe 1 et formalisé par un questionnaire soumis aux enquêtés après avoir visionné une vidéo intitulée « cascade du Saut du Gendarme »
Deux catégories d’information qualitative sont visualisées et cartographiées à des échelles de mesure différentes à savoir l’échelle de mesure nominale et l’échelle de mesure ordinale. La première catégorie correspond à l’information qualitative « objective » concernant le tracé du parcours emprunté par les promeneurs et les points d’ancrage spatial (route, escaliers, pont, lieux de pique-nique, cascade). Celle-ci est visualisée à l’échelle de mesure nominale ou d’équivalence car le tracé du parcours et les points d’ancrage spatial ont tous la même importance, le même poids. Le tracé du parcours est représenté par un trait linéaire ayant une épaisseur constante tandis que les points d’ancrage spatial sont représentés par des symboles figuratifs caractérisant chaque point d’ancrage spatial.
La deuxième catégorie correspond à l’information qualitative « subjective » traduisant les sensations, les émotions et les perceptions ressenties et perçues par les enquêtés dans le lieu de « la cascade du saut du gendarme ». Cette deuxième catégorie est un ensemble composé de deux sous-ensembles. Le premier sous-ensemble intègre les perceptions visuelles ressenties par les enquêtés. Celui-ci est représenté par des nuages de mots qui jalonnent le tracé du parcours entre chaque point d’ancrage spatial. Le deuxième sous-ensemble intègre les sensations physiques, les perceptions olfactives, climatiques, auditives et gustatives perçues par les enquêtés. Ce dernier est représenté par des nuages de mots positionnés de part et d’autre du tracé du parcours.
Les nuages de mots composant les deux sous-ensembles ont des formes et des couleurs différentes. Les mots des nuages sont composés de lettres dont la taille est proportionnelle à la fréquence des mots utilisés. Une hiérarchie, un ordre sont alors introduite dans le nuage de mots. Ainsi, dans les deux sous-ensembles, l’information qualitative est visualisée à l’échelle de mesure ordinale. Il y a autant de nuage de mots que de questions posées dans le questionnaire. Chaque nuage de mots visualise le contenu et/ou la synthèse des réponses faites à une question. Ainsi, le cœur du nuage de mots constitué par les mots dont la taille des lettres est la plus grande, met en évidence la ou les sensation(s) et perceptions dominante(s) pour une question donnée. Deux exemples : 1- le nuage de mots se trouvant au départ du parcours, est de forme oblongue et aux couleurs vives. Son cœur met en évidence les perceptions visuelles par les mots végétation, escaliers, marches, cascade; 2- le nuage de mots se trouvant à l’extrême droite de la route est de forme rectangulaire et aux couleurs pastels. Son cœur met en évidence des sensations et perceptions de chaleur, d’humidité, de température.
L’ensemble de tous les nuages de mots permet d’avoir une description et une interprétation globale des sensations ressenties, des perceptions et des impressions perçues au sein des lieux et des environnements de « la cascade du saut du gendarme » à savoir l’humidité, l’ambiance tropicale, la fraîcheur, les joies des baignades, repos, détente etc…
Légende de la carte mentale interprétative : «Poétique de la cascade du Saut du Gendarme»
Questions – Projet de recherche-action à Gennevilliers : « La ville côté femmes »
Par Lisette Rosales et Mahdokht Karampour
1) En plus des données telles que l’âge, le sexe, le district de résidence ou de travail, existe-t-il d’autres éléments clés à prendre en considération pour l’interprétation de la carte ?
Commentaire: Selon Lissette deux des éléments clés qui ne sont pas mentionnés dans le texte, qui ont peut-être été envisagés et non mentionnés, sont l’origine ou le contexte familial et le statut migratoire. En tant que migrant, je pense qu’il existe une forte relation entre la culture dans laquelle vous grandissez et la relation avec l’espace, par exemple, au Mexique, les gens regrettent l’utilisation de la rue pour les loisirs, principalement pour les enfants, qui offrait un lieu sûr pour les mères en laissant leurs enfants vivre avec d’autres enfants et en leur permettant de prendre un peu plus de temps pour leurs propres occupations, la rue est aujourd’hui souvent un lieu de suspicion et d’insécurité, principalement pour les femmes en raison du contexte des féminicides au niveau national. Je suppose que les contextes familiaux d’origine, ils indiquent la tendance de la façon de vivre ou non l’espace public, dans un pays comme la France et dans une ville comme Paris, me semble un élément très intéressant à considérer.
2) Selon les auteures, les femmes utilisent davantage l’espace public en raison des activités qu’il faut développer en fonction des rôles sociaux de genre, mais d’une manière générale l’expérience devient négative. Pour vous, quelle serait une possibilité d’action pour renverser cette tendance ?
3) Vu que le projet mis en place est une recherche-action, d’après vous quels sont ses attraits éducatifs, aussi bien pour les femmes que pour les hommes? Quel impact préventif ? Quel impact social? Comment ce projet répond à cette fonction évoquée de « la recherche action conçue comme un outil de citoyenneté » ?
Femmes->Comment à travers une cartographie les femmes qui y ont participé et contribué pourront « aller au-delà d’un simple relevé physique des déplacements » et « agir sur leur espace », « agir sur leur propre personne »?
Hommes->Comment sensibiliser les hommes à cette question ? Comment partager cette « perception de l’Autre » primordiale afin de mettre en lumière les “comportements de domination et d’évitement d’ordre spatial » ? Comment impliquer les hommes ?
Est-ce que cela pourrait se produire uniquement par la cartographie si ce n’est pas accompagnée par d’autres actions éducatives et préventives complémentaires ?
4) Comment le dispositif de cartographie mentale pourrait favoriser des objectifs abordés comme interroger les stéréotypes et des rapports sociaux de sexe? Qu’est-ce que le projet propose justement pour « défaire des rapports de domination existants », pour appeler « à la remise en cause des certitude », et « laisser la trace d’un apprentissage commun et réciproque enrichissant » comme évoqués dans les dernières lignes en conclusion?
5) Comme évoqué dans le texte parmi les objectifs, comment «faire de cette question une cause commune à l’ensemble de la population sans limite de genre »? Quel « regard collectif » serait possible ?
Référence d’article:
Luxembourg, C. & Messaoudi, D. (2016). Projet de recherche-action à Gennevilliers : « La ville côté femmes ». Recherches féministes, 29 (1), 129–146. https://doi.org/10.7202/1036673ar