Cartographie DE LA balade urbaine ‘chaleur-fraîcheur’ – distanciel – mélodia Préjengemme

Le 31 mai 2021, nous avons effectué une balade urbaine virtuelle dans le cadre de l’atelier de cartographie sensible.

Durant cette expérience, nous devions recenser et de cartographier les perceptions subjectives de chaleur et de fraîcheur suivant un parcours urbain diffusé en direct et constitué d’un ensemble de points saillants.

J’ai choisi de représenter graphiquement les différentes perceptions de chaleur et de fraîcheur avec de l’aquarelle, dans le but de retransmettre visuellement la dispersion et la diffusion entre les zones que je percevais comme chaudes ou fraîches. Sans surprise, les zones d’ombre et/ou arborées étaient perçues comme plus fraîches que les zones ensoleillées, surtout si les lieux étaient bruyants et sans verdure. Le bruit du vent à travers le micro représentait selon moi un facteur de fraîcheur d’un lieu ou d’une zone, de même que le chant des oiseaux. Toutefois, l’esplanade des Invalides contraste cette affirmation, car malgré la présence d’une importante zone de verdure (pelouse), son ensoleillement fait de ce point saillant une zone de chaleur au même titre qu’un carrefour routier. On peut également noter que le porteur de la caméra influence les perceptions de chaleur et de fraîcheur du spectateur en distanciel, notamment par le choix de marcher plutôt du côté ombragé de la rue ou vice-versa.

Speed carto – mélodia préjengemme

Durant la première séance de l’atelier de cartographie sensible le 8 mars 2021, nous avons réalisé une speed carto (10′) portant à la fois sur nous-même et sur notre sujet de recherche. La limite de temps a été une forte contrainte dans l’agencement et la représentation graphique des données. En effet, le multiplicité des lieux dans lesquels j’évoluais, et leur éloignement géographique, a rendu la réalisation de cette tâche très complexe dans le temps imparti.

A gauche, l’ébauche d’une cartographie schématique représentant ma localisation en catalogne française, mes allers-retours à la fois sur Paris à la CIUP, au Musée National d’Histoire Naturelle et à la Bulac, et ceux en Thaïlande et en Birmanie dans l’archipel Mergui qui constituent mes terrains de recherche. A droite, la cartographie textuelle et graphique très maladroite de mon parcours à l’EHESS et de mon sujet de recherche sous forme d’interrelations de bulles. N’ayant pas eu le temps de réfléchir en amont aux symboles, je me suis lancée dans une conception du type ‘carte mentale’.

Synthèse – Cartographies autochtones. Éléments pour une analyse critique – Irène Hirt.

Synthèse par Elvira Labarca et Mélodia Préjengemme : Irène Hirt. (2009). Cartographies autochtones. Éléments pour une analyse critique. L’Espace Géographique, 38/2.

L’article de Irène Hirt, intitulé “Cartographie autochtones. Eléments pour une analyse critique”, a été publié dans le volume 38 de la revue bi-annuelle L’Espace Géographique de 2009. L’auteure y propose un état de l’art sur les cartographies autochtones au sein de la recherche anglophone tout en exposant les ambivalences de cette méthode à travers une étude de cas portant sur les Mapuches au Chili. Ainsi, Irène Hirt se demande si les cartographies autochtones représentent des objets de libération pour les communautés, ce qu’elle désigne comme “facteur d’empowerment”, ou si elles s’inscrivent inévitablement dans un processus d’assimilation culturelle et de domination coloniale.

Selon Irène Hirt, les cartographies autochtones ont été délaissées par les historiens de la cartographie en raison de leur non-conformité au regard des “critères hégémoniques de la science occidentale”. En effet, les modes de transmission des données géographiques passent par des supports éphémères : des pratiques orales comme les performances, tels que les rites, les chants ou les danses, et des processus cognitifs tels que les rêves. Ce n’est que dans les années 1980-90 qu’un processus de “décolonisation géographique” s’opère, permettant ainsi la création de “contrecartographies” (Crampton & Krygier, 2006). Les peuples autochtones s’approprient alors les méthodes de cartographie “occidentales”, et en particulier les techniques de cartographie numérique et les SIG (Systèmes d’Informations Géographiques). Ces cartes alternatives sont érigées comme outils de contestation politique et de revendications territoriales face aux structures dominantes des États-nations.

Pourtant, la cartographie autochtone apparaît comme une méthode ambivalente, tantôt permettant l’empowerment de ces populations, tantôt entraînant un risque potentiel d’assimilation culturelle. Ce débat agite les chercheurs mêmes qui utilisent la cartographie comme un outil de remise en cause du discours hégémonique occidental. D’un côté, ces cartes autochtones représentent des “insurrection(s) cartographiques(s)” (Rundstrom, 1991), aux effets “contrehégémoniques” (Cook, 2003) ainsi qu’un “contrepoint” à la colonisation. Elles permettent un partage des savoirs et des valeurs identitaires et culturelles autochtones entre les générations, et participent au renforcement de l’organisation politique autochtone et du “sentiment d’appartenance à une collectivité”. Le développement de nouvelles compétences techniques objectives et standardisées au sein de ces populations permet ainsi de “donner des voix aux peuples situés dans la périphérie du monde” (Fox, 1998) car c’est en maîtrisant “le langage du colonisateur” (Louis, 2004) que les revendications autochtones peuvent être entendues. D’un autre côté, les SIG, considérées comme des “techno-sciences”, possèdent ainsi un pouvoir d’assimilation culturelle en s’inscrivant dans une conception fondamentalement occidentale de l’espace. Cette apparente “objectivité empirique” induit une “standardisation” des pratiques cartographiques et une “marginalisation des expressions cartographiques autochtones”. La cartographie induirait ainsi un travail de traduction de l’espace vers un système normatif et dominant, et non pas une représentation des territorialités autochtones.

Apparaît ainsi la nécessité d’un compromis selon Irène Hirt, celui de décoloniser la carte. Selon les chercheurs autochtones, il est important de reconnaître l’utilité de ces “cartographies occidentales” dans les luttes autochtones, tout en développant une conscience critique sur l’utilisation et la représentation des informations spatiales, en particulier sensibles, pour limiter les impacts négatifs de ces méthodes. Aussi, la valorisation des traditions cartographiques autochtones, exprimées par les performances et les rituels, doit être au cœur de cette nouvelle démarche anticoloniale et anti-universaliste. Néanmoins, pour l’auteure, il existe une difficulté inhérente au travail cartographique avec les populations autochtones en raison d’une perception opposée du monde et de l’espace. Selon cette théorie, les sociétés autochtones ont une vision holistique de l’environnement tandis que les sociétés occidentales fondent leur perception du monde sur une division absolue entre culture et nature. Il y aurait une difficulté inhérente aux modes de construction des savoirs autochtones, plus “synthétiques qu’analytiques”, ne permettant pas la “traduction des connaissances orales vers des formes de savoir écrit” sans une perte d’information ou une altération inévitable. En figeant des informations sensibles par le processus de cartographie, il existe un risque de conflits, notamment au regard des limites territoriales inter-groupes souvent indéfinies et mouvantes. Ainsi, ce compromis nécessite avant tout de s’inscrire dans un travail de groupe dirigé vers les besoins de la communauté, dans lequel les chercheurs autochtones euxmêmes doivent s’interroger sur leur “mentalité colonisée” (Johnson et al., 2005) et où il est indispensable de “repenser le rôle de l’expert” allochtone.


Irène Hirt étaye son argumentation par une étude de cas sur les Mapuche au sud du Chili. Il s’agit d’un travail de reconstruction cartographique participatif d’un lof, qui constitue un “espace d’appartenance” et une “entité socio-politique autonome” ayant sa propre hiérarchie politique et religieuse. Il s’agit ici plus précisément du Chodoy lof entre les villes de Temuco et Valdivia, réalisé entre 2004 et 2006. Ce travail de cartographie participative, alliant cartographie “conventionnelle” et méthode “interculturelle”, avait pour objectif de comprendre et de définir les limites territoriales du Chodoy lof Mapu, de localiser les principaux sites sacrés et d’identifier les propriétés privées installées à l’intérieur de son périmètre. Dans ce cas, la localisation des sites sacrés devait être communiquée par les ancêtres et les esprits à travers les rêves des Ngenpin, officiers religieux et “maîtres de la parole” de la communauté. Ce sont les entités spirituelles qui accordent l’accès à ces lieux et qui jouent un rôle actif dans l’avancement du processus cartographique. L’espace n’est plus seulement physique mais revêt une dimension spirituelle, incarnée par les non-humains et les gardiens tutélaires de chaque lieu. Selon d’Irène Hirt, cette production cartographique a eu un impact positif sur la communauté Mapuche du Chodoy lof car elle a permis une réappropriation “symbolique” du territoire. Ce projet a participé à la politisation des Mapuches du Chodoy lof et à l’émergence d’une prise de conscience des spoliations territoriales subies par la communauté, à travers une “re-constitution et re-socialisation d’un récit collectif sur l’histoire du territoire”.


En revanche, l’article souffre d’une dichotomie un peu prononcée entre cartographie “occidentale” et cartographie “autochtone”. Le conflit Mapuche actuel apparaît plutôt comme l’expression d’un rapport de pouvoir entre un groupe favorisé (ou dominant) et un groupe défavorisé (ou dominé) que d’un rapport entre peuple autochtone et société occidentale. Aussi, l’aspect politique mentionné dans l’article semble très peu exploré. La carte du Chodoy lof ne fait pas apparaître les superpositions entre “territoire Mapuche” et “territoire occidental”, et notamment les conflits entre propriétés privées et les interdictions d’accès par rapport à la localisation des sites importants pour la communauté. La carte ne dessine aucun point de référence pour un allochtone, faisant apparaître la zone étudiée comme un non-lieu, un espace introuvable. Cette façon de présenter la carte sans recours aux dénominations administratives et étatiques délivre ce que Irène Hirt considère une cartographie “décolonisée”. Néanmoins, il est intéressant de se demander si ce type de carte possède une réelle finalité politique. L’étude de cas présentée ici ne montre pas les “représentations dominantes du territoire, les découpages fonciers et les limites administratives chiliennes” qui pourtant jouent un rôle majeur dans les difficultés rencontrées par les Mapuches dans leurs revendications territoriales vis-à-vis de l’Etat chilien.

Cartographie sensible du confinement – Protocole participatif (séance #2) – R. Gadé, L. Herse & M. SBriglio

Louka : cartographier les espaces intérieurs

Vient le moment de mettre en œuvre le protocole « CONFINEMENT ». Je suis en présentiel et je me retrouve dans un groupe composé de Marion, de Romane et d’un autre étudiant dont j’ai perdu le nom. C’est Marion qui est promue au grade d’« enquêtée » par le groupe. Nous sommes dans une petite salle, au numéro 54 du boulevard Raspail. Marion sort pour nous laisser entre enquêteurs. Nous réfléchissons alors à la posture à adopter pour mener un entretien collectif. Pour moi, c’est une première : j’ai déjà mené un entretien avec une autre enquêtrice face à un interlocuteur seul, j’ai déjà aussi interrogé deux personnes en même temps, mais je n’ai jamais questionné une seule personne avec deux autres chercheurs. La relation d’entretien est, il me semble, très différente. Trois enquêteurs, n’est-ce pas trop ? Si le développement d’une relation de confiance n’est de fait pas toujours aisé entre deux personnes, cela me paraît plus complexe de faire de même si nous sommes quatre. Ce temps de réflexion passé, Marion revient dans la salle. L’entretien se déroule sans problème. Il est très dense. Il y a de l’émotion, celle du terrain.

Voici ma carte :

Carte sensible des espaces intérieurs du confinement de Marion, de mars 2020 à mars 2021 – Louka Herse

J’étais personnellement chargé d’établir la carte sensible de son rapport aux espaces intérieurs et notamment de son usage et de son rapport à l’espace domestique. Mais Marion nous a surtout parlé de son corps, du rapport de son corps à l’espace et dans l’espace. Par conséquent, au sortir de l’entretien, il m’est impossible de dessiner une carte de la géographie domestique de Marion. Je décide donc de représenter plutôt la façon dont elle a géré son corps dans l’espace ou plutôt la façon dont elle a géré l’espace avec son corps. J’essaie notamment de rendre compte de trois mouvements qui, pour moi, sont centraux dans le discours de Marion : une dialectique douleurs/plaisirs du corps, une dialectique entre l’intérieur et l’extérieur, une dialectique extension/repli du corps sur le monde.

Romane : la carte sensible des espaces du dehors

J’étais chargée de réaliser la cartographie de l’espace de Marion en dehors du logement pendant le confinement.

Carte sensible des espaces en dehors du logement du confinement de Marion, de mars 2020 à mars 2021 – Romane Gadé

La première étape a consisté à prendre des notes lors de l’entretien. J’ai essayé de réaliser une prise de notes la plus complète possible en portant une attention particulière aux différents (et nombreux) espaces investis par Marion sur la période étudiée, de mars 2020 à mars 2021. Sur cette période, Marion s’est déplacée dans plusieurs villes. Elle a souvent changé de logement et, donc, les lieux extérieurs à ses espaces d’habitation ont aussi beaucoup varié. Du fait de cette multiplicité d’espaces investis, il m’a semblé essentiel de faire apparaître une chronologie la plus fidèle possible aux différents déplacements de Marion.

L’objectif de la carte est de montrer les variations des utilisations de l’espace en dehors du logement, pendant un an à partir du premier confinement. Afin de montrer les variations, je me suis donc appuyée sur la chronologie que j’ai choisi de faire ressortir à travers une sémiologie attribuant une couleur à une période donnée. En couleur, selon les périodes, apparaissent donc :

  • …des déplacements, sous la forme de flèches et avec une typographie différente selon la durée d’installation et la définition géographique :
    • des lignes pleines pour les déplacements qui ont amené à une installation dans la durée. Ces villes sont spatialisées les unes aux autres (pas à l’échelle de la France) : Paris au Nord, Chambéry au sud-est de Paris, Lyon au sud de Paris et à l’ouest de Chambéry.
    • des traits en pointillés pour les voyages de courte durée, par exemple un week-end, et dont la spatialisation n’est pas définie sur la carte.
  • … des espaces géographiques extérieurs, qui ont été importants pour elle (les montagnes de Chambéry, le Rhône et la Saône, la colline Fourvière et son terrain de recherche à Aubervilliers). J’ai également représenté deux de ses logements sur la période de mars 2020 (la Cité internationale et sa maison familiale à Chambéry), ce que j’ai regretté aussitôt les avoir dessinés puisque j’aurais dû me contenter des espaces en dehors du logement.
  • … mais aussi des personnes qui peuplent ces « espaces en dehors du logement » et qui sont déterminantes pour Marion : les femmes de son collectif féministe d’improvisation vocale à Aubervilliers ; ou la présence de ses amis à Lyon qui a déterminé son installation pendant le second confinement.

Le nom des villes est inscrit en couleur noir. La typographie est différente selon si ces villes sont des lieux où Marion s’est installée (en majuscule) ou si ce sont simplement des lieux de passage (minuscule). Au centre de ce triangle que forment les déplacements Paris-Chambéry-Lyon, j’ai représenté la silhouette de Marion. L’objectif est ici de souligner l’importance que revêt pour Marion l’échelle de son corps. Il s’agit là aussi d’une « variation » sur la période mars 2020-mars 2021 puisqu’elle nous a expliqué avoir particulièrement pris conscience de son corps pendant le confinement.

Enfin, j’ai inséré des verbatim issus de ma prise de notes pour qualifier certains espaces et expliquer certaines pratiques. Ces extraits d’entretien nous informent sur le ressenti de Marion pendant le confinement (« je cherche la porte de sortie tout le temps » illustre son besoin de sortir de son logement, où qu’elle se trouve) mais aussi sur ses pratiques (« j’allais crapahuter le long du Rhône et de la Saône »…).

Le brouillon

Avant de commencer la carte, j’ai esquissé quelques idées sur un brouillon :

  • Le triangle de déplacements Paris-Lyon-Chambéry
  • Les 5 temporalités que j’ai identifiées
  • Les lieux, avec la notion d’ « installation » et de « bouger » (pour les déplacements courts)
  • Et enfin les pratiques, où j’ai noté la marche et la course.

Réaliser cette carte dans le temps imparti a été difficile. Le manque de temps ne m’a pas permis d’inclure autant de citations que je l’aurais souhaité. De plus, le temps contraint ne m’a pas permis de hiérarchiser les informations importantes. J’ai représenté certaines choses (comme la voiture du père de Marion qui l’a emmené à Lyon en mars 2020, ou encore la notion « agrégation » pour indiquer qu’elle avait passé le concours lors de l’été 2020) qui ne sont pas cruciales pour comprendre les variations des espaces vécus par Marion en dehors de son logement durant cette période d’un an à partir du premier confinement.

Marion : la carte de l’enquêtée

J’ai été désignée comme la personne enquêtée. Dans un premier temps j’ai pris des notes pour essayer de trouver les mots clés et motifs qui émergeaient lorsque je pensais aux trois espaces évoqués. Je me suis rendue compte que je parvenais difficilement à me soumettre aux espaces réels évoqués par le protocole, et que j’avais surtout réfléchi en terme de stratégie pour échapper au confinement et au sentiment d’enfermement (déménagements multipliés en l’espace d’un an, métaphore de l’espace du corps agrandi/restreint, non respect des consignes sanitaires pour me remettre en mouvement à l’extérieur, etc, cartographie de l’espace capté à distance). Je me suis aussi rendue compte paradoxalement que tout en ayant peu suivi les restrictions, j’avais choisi une temporalité longue, depuis mars 2020, date depuis laquelle j’ai le sentiment d’être en sursis, malgré les « dé-confinements » officiellement annoncés.

Carte sensible du confinement, de mars 2020 à mars 2021 – Marion Sbriglio

Le(s) brouillon(s) 

La carte a été réalisée après plusieurs brouillons. J’ai d’abord tenté de réaliser un diagramme qui prenne en compte l’évolution de mon rapport à ces trois espaces depuis le début du Covid (la continuité perçue entre confinement-déconfinement étant plus grande que la rupture). Finalement j’ai tenté de réaliser un schéma de synthèse représentant mes stratégies relatives à ces trois espaces pour échapper au sentiment d’enfermement. Ces stratégies, qui reposent sur mes privilèges, ont été de trois ordres, correspondant aux trois espaces :

  • Changer de logement pour trouver le plus grand et / ou  celui à partir duquel il me serait le plus facile de sortir sans me faire contrôler par les forces de police et sans nécessairement suivre les règles sanitaires
  • Investir les espaces limitrophes au logement par la pratique sportive / de la balade le long des fleuves (Paris, Lyon), sur les reliefs (montagnes à Chambéry, points culminants de Fourvière ou les Buttes Chaumont à Paris) ET investir davantage les seuils du logement ouvrant sur l’extérieur (portes, fenêtres, paliers, terrasses, etc)
  • Multiplier les espaces captés à distance (radio, méditation) ou la sensation d’espace (mouvements de yoga) au sein du logement

Finalement, cette représentation graphique représente un entre-deux, de la géographie « réelle », concrète qui a été la mienne pendant le confinement (nombre d’heures passé dans les logements successifs) et les stratégies pour bouleverser cette géographie.

Les registres graphiques employés et déployés à 3 échelles

  • La carte de France renvoie
  • Les dessins renvoient aux spécificités des environnements proches des lieux de confinement que je parcourais le plus souvent possible
  • Le schéma renvoie à une configuration récurrente des logements fréquentés

Les figurés 

  • La prédominance des flèches renvoie pour moi à toutes les stratégies développées pour « gagner de l’espace » (dans l’espace du logement, à l’extérieur du logement, par la captation d’espace à distance).
  • Les signes + renvoient aux pièces/endroits que je privilégiais privilégiais 

Les couleurs 

  • Rouge : espaces contractés par les règles du Covid et ressenti comme contracté, la couleur renvoie aussi pour moi à un registre émotionnel de la peur de l’enfermement
  • Vert : pratique d’extension de l’espace vécu (parcouru ou capté) par des stratégies privilégiant le mouvement dans les espaces extérieurs, et à l’intérieur la représentation d’espaces imaginés ou captés à distance (le confinement a été pour moi le moment d’expérimentations cartographiques)

Séance six : mise en œuvre du protocole PARVIS autour de l’EHESS – lOUKA HERSE.

Aujourd’hui, 1er juin 2021, nous appliquons le protocole Parvis que Catherine et Eric ont remodelé en fonction des différents éléments que nous avons proposés dans les protocoles présentés durant la séance précédente du 17 mai 2021. Le principe est simple : il s’agit de suivre un itinéraire prédéfini et de noter sur ce chemin les zones, les choses ou les pratiques qui s’apparentent pour nous à la fraîcheur ou à la chaleur. En ce sens, la cartographie est sensible car nous percevons essentiellement la chaleur et la fraîcheur à l’aide de nos sens : j’ai vu de chaudes couleurs, l’air frais d’un réfrigérateur a touché ma peau en passant à côté d’un primeur, j’ai aussi senti l’odeur fraîche des fraises, j’ai entendu le bruit des moteurs chauds…

Chacun d’entre nous a réalisé cet itinéraire de façon individuelle. Ensuite, nous devions construire ensemble une carte sensible. En confrontant nos différentes perceptions, il s’agissait de voir si elles se recoupaient. Globalement, nous étions d’accord sur tout. Par exemple et à la différence des personnes qui se trouvaient à distance, nous avons tous remarqué que notre perception de la chaleur évoluait en fonction de l’état de fatigue de notre corps. De mon côté, à la fin du parcours qui durait une heure, j’avais beaucoup plus chaud, et ce alors que la température n’avait sans doute pas augmenté. Tous les participants n’avaient pas noté les mêmes éléments sur leur chemin, mais nos remarques étaient plus complémentaires que contradictoires. Pour moi, les couleurs des voitures, des bâtiments, des commerces, etc., avaient relativement peu d’importance. Mes sensations de chaleur ou de fraîcheur n’étaient pas directement liées au sens visuel. Néanmoins, lorsque les autres participantes évoquèrent la chaleur ou la fraîcheur de certaines couleurs, j’ai convenu avec elles que certaines couleurs ramenaient au froid ou au chaud, à partir d’expériences personnelles antérieures.

A l’exception d’une erreur de parcours, ma balade sensorielle et la cartographie qui l’a suivie se sont très bien déroulées. Le seul problème de ce protocole pour moi : l’absence de collation rafraîchissante à la fin de la balade !

Louka Herse.

Proposition de protocole PARVIs – Louka Herse, Beatriz Raimundez et Aurélie Nicolella.

Imaginer la ville du futur, entre chaleur et fraîcheur

Objectif : il s’agit d’imaginer la ville du futur, entre chaleur et fraîcheur, à partir d’un parcours urbain délimité par les enquêteurs et donnant lieu à la production d’une carte sensible.

Forme de l’enquête

. La réalisation du protocole sera précédée d’un temps d’explication. Alors, les organisateurs expliqueront aux participants les fondements, les objectifs du protocole et les moyens utilisés pour y parvenir (temps prévu : 15-20 minutes).

. Pour les participants en distanciel, un des organisateurs réalisera une capture vidéo en direct et commentera sa perception de la chaleur et de la fraîcheur au fil de son parcours.

. Pour les participants en présentiel, il s’agira durant le parcours de dessiner sur une carte les points de fraîcheur et de chaleur, et parallèlement de prendre des notes sur un support papier. A l’issue de ce parcours et avec les données récoltées, chacun sera alors chargé de produire une carte sensible individuelle.

. Le protocole est individuel, chacun note et cartographie ses perceptions.

Organisation du parcours

. Il est délimité au préalable par les organisateurs.

. Il durera 1 heure.

. Lors du parcours, les organisateurs guideront les participants afin que ceux-ci se concentrent sur la récolte de données sensibles.

. Ce parcours sera suivi d’une collation, elle-aussi filmée par l’organisateur-vidéaste.

Organisation de la production d’une carte sensible

. Le temps imparti pour réaliser ces cartes sensibles sera de une heure et demi, dans l’après-midi suivant le parcours urbain.

. Les participants auront à disposition des feutres de différentes couleurs, des crayons de papier et des stylos. Ils pourront aussi utiliser des feuilles de différentes couleurs, des paires de ciseaux et de la colle pour procéder à des collages.

Commentaires de cartes et discussion finale

. Le jour suivant la production de ces cartes sensibles, organisateurs et participants pourront les consulter dans la bibliothèque Georges Perec. Les cartes seront disposées sur des tables, espacées les unes des autres, afin de respecter les règles sanitaires. Ce temps d’observation sera limité à l’heure du midi.

. Ensuite, dans l’après-midi, une analyse par groupe de 4 personnes sera proposée. Il s’agira alors d’échanger pendant 30 minutes autour de ces diverses productions et, à partir de ces comparaisons, faire des propositions pour une ville du futur. Chaque groupe viendra présenter ensuite son analyse devant l’auditoire et une discussion, animée par les organisateurs et organisatrices, pourra être entamée. Il s’agira alors de penser la ville du futur au regard des zones de chaleur et de fraîcheur observées et perçues lors du parcours.

Un protocole proposé par Louka Herse, Beatriz Raimundez et Aurélie Nicolella.

Speed carto – Beatriz Raimundez

Lors de la première séance du séminaire cartographie sensible, l’exercice de faire une speed carto sur notre sujet de recherche nous a été proposé. J’ai pris beaucoup de temps pour penser comment je pourrais représenter ma recherche et j’ai manqué quelques éléments pour rendre le dessin plus compréhensible, comme plus d’explications écrites.

Dans cette cartographie j’ai représenté les lignes de métro que j’étudie dans la carte des villes où elles s’insèrent. Je me propose, dans le cadre du master, d’analyser le rapport entre le corps et l’espace au sein des métros de Paris et São Paulo, dans les lignes 2-verte, 3-rouge et 4-jaune de ce dernier et dans les lignes 1 et 12 du métro parisien.

Je me propose de faire une ethnographie dans les wagons de métro et dans quelques stations observant l’action des personnes dans ce milieu de transport, essayant de vérifier comment l’espace influence l’action des passagers et comment ces derniers modifient l’espace à travers leurs actions. C’est pour cette raison que j’ai représenté un wagon de métro avec des personnes dedans.

Je me suis représenté, également, en dehors de la carte de São Paulo parce que je n’habitais pas dans la ville quand je vivais au Brésil.