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Cartographie DE LA balade urbaine ‘chaleur-fraîcheur’ – distanciel – mélodia Préjengemme

Le 31 mai 2021, nous avons effectué une balade urbaine virtuelle dans le cadre de l’atelier de cartographie sensible.

Durant cette expérience, nous devions recenser et de cartographier les perceptions subjectives de chaleur et de fraîcheur suivant un parcours urbain diffusé en direct et constitué d’un ensemble de points saillants.

J’ai choisi de représenter graphiquement les différentes perceptions de chaleur et de fraîcheur avec de l’aquarelle, dans le but de retransmettre visuellement la dispersion et la diffusion entre les zones que je percevais comme chaudes ou fraîches. Sans surprise, les zones d’ombre et/ou arborées étaient perçues comme plus fraîches que les zones ensoleillées, surtout si les lieux étaient bruyants et sans verdure. Le bruit du vent à travers le micro représentait selon moi un facteur de fraîcheur d’un lieu ou d’une zone, de même que le chant des oiseaux. Toutefois, l’esplanade des Invalides contraste cette affirmation, car malgré la présence d’une importante zone de verdure (pelouse), son ensoleillement fait de ce point saillant une zone de chaleur au même titre qu’un carrefour routier. On peut également noter que le porteur de la caméra influence les perceptions de chaleur et de fraîcheur du spectateur en distanciel, notamment par le choix de marcher plutôt du côté ombragé de la rue ou vice-versa.

Speed carto – mélodia préjengemme

Durant la première séance de l’atelier de cartographie sensible le 8 mars 2021, nous avons réalisé une speed carto (10′) portant à la fois sur nous-même et sur notre sujet de recherche. La limite de temps a été une forte contrainte dans l’agencement et la représentation graphique des données. En effet, le multiplicité des lieux dans lesquels j’évoluais, et leur éloignement géographique, a rendu la réalisation de cette tâche très complexe dans le temps imparti.

A gauche, l’ébauche d’une cartographie schématique représentant ma localisation en catalogne française, mes allers-retours à la fois sur Paris à la CIUP, au Musée National d’Histoire Naturelle et à la Bulac, et ceux en Thaïlande et en Birmanie dans l’archipel Mergui qui constituent mes terrains de recherche. A droite, la cartographie textuelle et graphique très maladroite de mon parcours à l’EHESS et de mon sujet de recherche sous forme d’interrelations de bulles. N’ayant pas eu le temps de réfléchir en amont aux symboles, je me suis lancée dans une conception du type ‘carte mentale’.

Synthèse – Cartographies autochtones. Éléments pour une analyse critique – Irène Hirt.

Synthèse par Elvira Labarca et Mélodia Préjengemme : Irène Hirt. (2009). Cartographies autochtones. Éléments pour une analyse critique. L’Espace Géographique, 38/2.

L’article de Irène Hirt, intitulé “Cartographie autochtones. Eléments pour une analyse critique”, a été publié dans le volume 38 de la revue bi-annuelle L’Espace Géographique de 2009. L’auteure y propose un état de l’art sur les cartographies autochtones au sein de la recherche anglophone tout en exposant les ambivalences de cette méthode à travers une étude de cas portant sur les Mapuches au Chili. Ainsi, Irène Hirt se demande si les cartographies autochtones représentent des objets de libération pour les communautés, ce qu’elle désigne comme “facteur d’empowerment”, ou si elles s’inscrivent inévitablement dans un processus d’assimilation culturelle et de domination coloniale.

Selon Irène Hirt, les cartographies autochtones ont été délaissées par les historiens de la cartographie en raison de leur non-conformité au regard des “critères hégémoniques de la science occidentale”. En effet, les modes de transmission des données géographiques passent par des supports éphémères : des pratiques orales comme les performances, tels que les rites, les chants ou les danses, et des processus cognitifs tels que les rêves. Ce n’est que dans les années 1980-90 qu’un processus de “décolonisation géographique” s’opère, permettant ainsi la création de “contrecartographies” (Crampton & Krygier, 2006). Les peuples autochtones s’approprient alors les méthodes de cartographie “occidentales”, et en particulier les techniques de cartographie numérique et les SIG (Systèmes d’Informations Géographiques). Ces cartes alternatives sont érigées comme outils de contestation politique et de revendications territoriales face aux structures dominantes des États-nations.

Pourtant, la cartographie autochtone apparaît comme une méthode ambivalente, tantôt permettant l’empowerment de ces populations, tantôt entraînant un risque potentiel d’assimilation culturelle. Ce débat agite les chercheurs mêmes qui utilisent la cartographie comme un outil de remise en cause du discours hégémonique occidental. D’un côté, ces cartes autochtones représentent des “insurrection(s) cartographiques(s)” (Rundstrom, 1991), aux effets “contrehégémoniques” (Cook, 2003) ainsi qu’un “contrepoint” à la colonisation. Elles permettent un partage des savoirs et des valeurs identitaires et culturelles autochtones entre les générations, et participent au renforcement de l’organisation politique autochtone et du “sentiment d’appartenance à une collectivité”. Le développement de nouvelles compétences techniques objectives et standardisées au sein de ces populations permet ainsi de “donner des voix aux peuples situés dans la périphérie du monde” (Fox, 1998) car c’est en maîtrisant “le langage du colonisateur” (Louis, 2004) que les revendications autochtones peuvent être entendues. D’un autre côté, les SIG, considérées comme des “techno-sciences”, possèdent ainsi un pouvoir d’assimilation culturelle en s’inscrivant dans une conception fondamentalement occidentale de l’espace. Cette apparente “objectivité empirique” induit une “standardisation” des pratiques cartographiques et une “marginalisation des expressions cartographiques autochtones”. La cartographie induirait ainsi un travail de traduction de l’espace vers un système normatif et dominant, et non pas une représentation des territorialités autochtones.

Apparaît ainsi la nécessité d’un compromis selon Irène Hirt, celui de décoloniser la carte. Selon les chercheurs autochtones, il est important de reconnaître l’utilité de ces “cartographies occidentales” dans les luttes autochtones, tout en développant une conscience critique sur l’utilisation et la représentation des informations spatiales, en particulier sensibles, pour limiter les impacts négatifs de ces méthodes. Aussi, la valorisation des traditions cartographiques autochtones, exprimées par les performances et les rituels, doit être au cœur de cette nouvelle démarche anticoloniale et anti-universaliste. Néanmoins, pour l’auteure, il existe une difficulté inhérente au travail cartographique avec les populations autochtones en raison d’une perception opposée du monde et de l’espace. Selon cette théorie, les sociétés autochtones ont une vision holistique de l’environnement tandis que les sociétés occidentales fondent leur perception du monde sur une division absolue entre culture et nature. Il y aurait une difficulté inhérente aux modes de construction des savoirs autochtones, plus “synthétiques qu’analytiques”, ne permettant pas la “traduction des connaissances orales vers des formes de savoir écrit” sans une perte d’information ou une altération inévitable. En figeant des informations sensibles par le processus de cartographie, il existe un risque de conflits, notamment au regard des limites territoriales inter-groupes souvent indéfinies et mouvantes. Ainsi, ce compromis nécessite avant tout de s’inscrire dans un travail de groupe dirigé vers les besoins de la communauté, dans lequel les chercheurs autochtones euxmêmes doivent s’interroger sur leur “mentalité colonisée” (Johnson et al., 2005) et où il est indispensable de “repenser le rôle de l’expert” allochtone.


Irène Hirt étaye son argumentation par une étude de cas sur les Mapuche au sud du Chili. Il s’agit d’un travail de reconstruction cartographique participatif d’un lof, qui constitue un “espace d’appartenance” et une “entité socio-politique autonome” ayant sa propre hiérarchie politique et religieuse. Il s’agit ici plus précisément du Chodoy lof entre les villes de Temuco et Valdivia, réalisé entre 2004 et 2006. Ce travail de cartographie participative, alliant cartographie “conventionnelle” et méthode “interculturelle”, avait pour objectif de comprendre et de définir les limites territoriales du Chodoy lof Mapu, de localiser les principaux sites sacrés et d’identifier les propriétés privées installées à l’intérieur de son périmètre. Dans ce cas, la localisation des sites sacrés devait être communiquée par les ancêtres et les esprits à travers les rêves des Ngenpin, officiers religieux et “maîtres de la parole” de la communauté. Ce sont les entités spirituelles qui accordent l’accès à ces lieux et qui jouent un rôle actif dans l’avancement du processus cartographique. L’espace n’est plus seulement physique mais revêt une dimension spirituelle, incarnée par les non-humains et les gardiens tutélaires de chaque lieu. Selon d’Irène Hirt, cette production cartographique a eu un impact positif sur la communauté Mapuche du Chodoy lof car elle a permis une réappropriation “symbolique” du territoire. Ce projet a participé à la politisation des Mapuches du Chodoy lof et à l’émergence d’une prise de conscience des spoliations territoriales subies par la communauté, à travers une “re-constitution et re-socialisation d’un récit collectif sur l’histoire du territoire”.


En revanche, l’article souffre d’une dichotomie un peu prononcée entre cartographie “occidentale” et cartographie “autochtone”. Le conflit Mapuche actuel apparaît plutôt comme l’expression d’un rapport de pouvoir entre un groupe favorisé (ou dominant) et un groupe défavorisé (ou dominé) que d’un rapport entre peuple autochtone et société occidentale. Aussi, l’aspect politique mentionné dans l’article semble très peu exploré. La carte du Chodoy lof ne fait pas apparaître les superpositions entre “territoire Mapuche” et “territoire occidental”, et notamment les conflits entre propriétés privées et les interdictions d’accès par rapport à la localisation des sites importants pour la communauté. La carte ne dessine aucun point de référence pour un allochtone, faisant apparaître la zone étudiée comme un non-lieu, un espace introuvable. Cette façon de présenter la carte sans recours aux dénominations administratives et étatiques délivre ce que Irène Hirt considère une cartographie “décolonisée”. Néanmoins, il est intéressant de se demander si ce type de carte possède une réelle finalité politique. L’étude de cas présentée ici ne montre pas les “représentations dominantes du territoire, les découpages fonciers et les limites administratives chiliennes” qui pourtant jouent un rôle majeur dans les difficultés rencontrées par les Mapuches dans leurs revendications territoriales vis-à-vis de l’Etat chilien.

Proposition de Protocole Parvis – A. Fletcher, R. Gadé, M. Préjengemme, M. Sbriglio et L. Soto

Anastasia Fletcher, Romane Gadé, Mélodia Préjengemme, Marion Sbriglio et Lisette Soto

Présentation

Ce protocole de promenade et de cartographie sensibles s’inscrit dans le cadre du projet PARVIS. Il a été pensé pour être réalisé à Marne-la-Vallée, autour de la bibliothèque Georges Perec, lieu où se tiendra le colloque du projet PARVIS. Ce colloque réunira près d’une trentaine de personnes. La plupart seront présents sur les lieux, mais une partie des participant.e.s suivra la journée d’étude à distance. 

L’objectif de l’expérimentation est de rendre compte des zones de fraîcheur et de chaleur à l’occasion d’un parcours. Notre protocole se construit autour de la question de la comparaison de l’identification a priori des zones de chaleur ou de fraîcheur et des perceptions réelles ressenties sur le terrain, lors de la promenade. 

Déroulé du protocole

Le protocole, qui  se déroule sur une heure, comporte trois grandes étapes. Chaque étape est différente selon que les participant.e.s soient en présentiel ou en distanciel. 

  1. Identification préalable et cartographique des zones de fraîcheur et de chaleur (durée : 5 minutes)
  • pour les personnes en présentiel : un fond de carte est distribué aux participant.e.s, sur lequel est indiqué le parcours pédestre qui sera réalisé. Les participant.e.s identifient sur un calque superposé au fond de carte les zones supposées de chaleur et de fraîcheur selon les différentes étapes du parcours déterminé à l’avance. 
  • pour les personnes à distance : elles réalisent ce même travail mais sur un SIG, par exemple sur l’application My Maps. Le parcours est, là aussi, préparé et inscrit par avance sur la carte. 

Bien que les participant.e.s soit divisé.e.s en deux groupes selon leur présence physique ou non au colloque, ils.elles travaillent avec des variables fixes : l’emprise est la même (le lieu est identique), le support est similaire (le même fond de carte, possédant les mêmes informations topographiques), et il leur est demandé d’utiliser une sémiologie fixe (en bleu les zones de fraîcheur, en rouge les zones de chaleur).

  1. Promenade sensible à pied et en système hybride (20 à 30 minutes)
  • pour les personnes en présentiel: réalisation du parcours pédestre au départ de la bibliothèque George Perec. Les participant.e.s sont ici doté.e.s d’une feuille calque qu’ils.elles superposent à leur fond de carte de l’étape 1. Sur ce calque, les personnes sont invitées à écrire leurs ressentis et leurs perceptions des zones de fraîcheur et de chaleur par tous les sens : le toucher (sensation de chaleur/fraîcheur sur le corps), l’odorat…
  • pour les personnes à distance – un parcours pédestre hybride : Un.e organisateur.ice filme en direct le parcours avec une GoPro (grand angle) et enregistre le son de la balade en live. Attention : la personne enregistre le parcours de la manière la plus exhaustive possible, pour essayer de neutraliser au maximum les biais de sélection.

Les personnes à distance notent, sur un calque SIG dans l’application My Maps, les perceptions qu’ils saisissent virtuellement aussi bien par la vue (grâce à l’image filmée qui leur permet par exemple de capter les zones de lumière ou d’ombre, la texture des bâtiments…) et par l’ouïe (son). 

Possibilité de plan B pour le parcours hybride : Un parcours sur street-view avec un enregistrement audio préalable fourni aux participants. 

  1. Mise en commun collective, comparaison des différents calques physiques et virtuels et cartographie collective (30 minutes)

A l’issue de la balade, une mise en commun est organisée pour permettre la comparaison entre les perceptions personnelles. Cette mise en commun est réalisée en 5 groupes de 5 personnes (un groupe composé des 5 personnes en distanciel et les 4 autres groupes sont constitué des participant.e.s en présentiel). Ce travail de comparaison des ressentis doit permettre la création d’une cartographie collective (par groupe) des zones de fraîcheur et de chaleur. 

Pourra-t-on observer une série d’écarts importants entre projections/sensations, individuel/collectif ? Quelles sont les relations entre représentations/projections et sensations identifiées, nommées et spatialisées via la carte et via plusieurs sens ? Enfin, en quoi la dimension multisensorielle, de plus en plus prise en charge par les études urbaines et en aménagement attentive à l’espace sensible perçu et vécu (Manola, 2013) joue-t-elle sur la représentation cartographique synthétique des zones chaleur / fraîcheur ?

Cartographie mélodia préjengemme – parcours vélo autour de l’ehess

Mélodia Préjengemme (M2 Etudes Asiatiques, EHESS)

Cette carte a été réalisée le 12 avril 2021 dans le cadre de l’Atelier de cartographie sensible de l’EHESS. Elle tente de représenter de manière simplifiée les données transmises par une cycliste à travers un enregistrement sonore de son parcours autour de l’EHESS. La courbe dessinée autour du circuit empruntée reflète les variations de l’intensité du niveau sonore selon le lieu traversé. Le reste de la légende s’intéresse aux objets ponctuels qui ont attiré l’attention du locuteur (curiosités, architecture moderne, bâtiments notables, types de commerces, obstacles, travaux) ainsi que les zones résidentielles et commerciales et les routes possibles mais non-empruntées.