Confinement Jeanne Leman

Une pièce par jours :

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Je suis confinée dans un environnement rural, à proximité d’une ville moyenne, avec trois autres personnes (ma sœur, mon père et une amie). Intuitivement, j’ai choisi de représenter l’espace intérieur, domestique de la maison.

En termes de sémiologie mon choix s’est porté vers l’utilisation des outils et codes de représentations d’architecture et du plan. Cependant, l’idée n’est pas de réaliser un relevé à proprement parler de l’espace en lui-même, mais bien de mettre en évidence l’usage de cet espace et les interactions qui s’y passent au jour le jour.

J’ai donc décidé de dessiner « une pièce par jour » (dans l’idéal car cela m’a pris un plus de temps que prévu) sur un même modèle (carré de 4 m par 4 m), et de l’habiter selon les espaces de la maison ou je suis confinée (meubles, objets, etc.). Évidemment certaines pièces vont se répéter, mais changent selon les usages et le temps qui passe.

Dès le départ, j’ai imaginé assembler ces pièces entre elles presque à la manière d’une bande dessinée. Pour moi, un des objectifs de cette carte est de représenter une notion du temps et de l’espace distordue par le confinement. L’accumulation et la répétition des pièces permettraient de construire une sorte de « grand espace domestique » labyrinthique. Chaque pièce possède ses particularités dans son agencement, ses meubles, ses objets et constitue un paysage « mouvant » que l’on redécouvre à chaque passage.

Un autre objectif est de représenter des « interactions » quotidiennes, avec des objets notamment numériques, qui me paraissaient propres au confinement, soit parce qu’elles apparaissent nouvelles, ou accentuées par la situation (étant donné le contexte rural, il n’y a pas vraiment d’interaction directe, avec des voisins, la rue, etc.). Ces interactions correspondent aux bulles et sont la plupart du temps des screen-shot d’écrans, mais l’idéal serait de remplacer ces derniers par de la vidéo ou de l’animation (peut être en utilisant un format multimédia). Cependant, j’ai eu du mal à les catégoriser, et elles se confondent parfois avec une volonté de représenter une ambiance (fond sonore de la radio, de la télévision, musique, etc.), plus qu’une « interaction ». Chaque pièce pourrait aussi être accompagnée d’une description, ou d’un récit écrit, puisque chaque pièce représente une situation particulière.

Je me demande également comment je pourrais compléter cette cartographie avec question « du dehors », que j’envisage sous forme d’itinéraire dessinée plutôt à la main. En effet, comme on est assez loin de la ville et que seul mon père a le permis, on a plusieurs fois été faire des courses en vélo (ce qui change de nos pratiques habituelles de la ville moyenne) et se vit aussi très différemment en temps de confinement. On ne perçoit pas la route, la ville, de la même manière en tant que cycliste étant donné le nombre de voitures très réduit.

Je voulais également partager un article sur lequel je suis tombée par hasard la semaine dernière, où des étudiants en architecture réalisent des relevés habités de leurs logements en période confinement. http://tema.archi/articles/plan-releve-habite-exercice-etudiant-architecture-confinement

Exemple 1:
J+0, dans le salon on regarde l’allocution annonçant le confinement à la télévision.
Exemple 2
J+6, en fin d’après midi je rejoins Meïla dans sa chambre et on appelle les copains pour prendre des nouvelles, l’écran multi-visage devient un rituel
Exemple 3
J+10 On s’installe dehors pour tester des tuto de danse et faire un peu d’exercice
Un premier assemblage des pièces réalisées ( l’image est lourde, il y a un problème de pixellisation)
Ici un assemblage sans les bulles qui figurent les ”interactions” , je réfléchis encore au meilleurs moyens de représenter ces interactions

Confinement magdalena-Laëtitia ndiki-mayi

Pour la cartographie du confinement je souhaite cartographier mon rapport à l’extérieur et son évolution au cours de la période de confinement. Afin de voir de quelle manière j’utilise l’espace en fonction du moment du confinement. Cet espace peut être physique : la maison où je suis actuellement, le jardin ou bien le magasin ou je vais faire mes courses mais l’espace du numérique sera aussi représenter car c’est à travers celui-ci que je peux garder le contact avec l’extérieur.

Benjamin, un ami confiné à Roanne

J’ai envie que cette carte me serve de mémoire visuelle raison pour laquelle j’utiliserait des moyens de représentation assez proche de la réalité dans la carte (des portraits, des collages) et que je recueille des éléments de l’extérieur dès que je sors (je réalise entre autre un herbier). J’écris un journal depuis le début ce qui me permets d’avoir une trace de ce qui s’est passé au cours du dernier mois.

Cette cartographie du confinement sera en plusieurs parties;

  1. avant le confinement
  2. pendant le confinement (avec 1 carte par semaine)
  3. une carte post-confinement si possible

Lissette Rosales Sanchez

La cartographie permet de relier les deux derniers projets de recherche ( la thèse de maîtrise et maintenant le projet que je développe au doctorat). Le thème qui les unit est la production sociale de l’espace, ce processus doit être observé à partir de différentes échelles de temps et d’espace, il représente donc le temps à ses échelles longue, moyenne et courte, ainsi que l’espace local-global. Ces deux études sont axées sur l’étude des moyens d’habitation des espaces imposés, à gauche, par le confinement des communautés paysannes après un processus de dépouillement de leurs terres pour l’exploitation des ressources naturelles par des capitaux mondiaux; du côté droit, on représente la ségrégation des habitants dans la ville face à la domination de l’espace urbain par les activités financières et commerciales de capitaux globaux, les deux réalités se rencontrent, car les paysans des campagnes mexicaines migrent vers les grandes villes et finissent par vivre dans des espaces précaires pour la classe ouvrière. Dans les deux cas, des murs matériels et symboliques ont été construits, imposant une position sociale déterminée, même si les habitants rompent toujours avec cet ordre.