Cartographier un paysage urbain – protocole enquête marche dans tokyo

Francesca Fanciulli, Jeanne Leman, Mathieu Longlade, Magdalena-Laëtitia Ndiki-Mayi.

Objectifs

Réalisé pendant le confinement/crise sanitaire, il s’agit ici d’une expérience de cartographie sensible d’un parcours virtuel dans la ville de Tokyo. C’est à travers une vidéo de marche dans la mégalopole que les enquêtés vivent l’itinéraire urbain. L’objectif de cette mini-enquête était de récolter les ressentis et perception de cet itinéraire à travers un protocole définis en amont.

photo extraite de la vidéo

Processus de créations et attentes

Pour ce faire, nous avons d’abord amorcé une discussion sur la vidéo en elle même et sur les thématiques ou formes de perceptions que nous aimerions interroger chez les enquêtés. 

La forme du parcours urbain dans la vidéo est assez linéaire et que l’environnement filmé est assez dense en informations, notamment visuelles. Nous avons ainsi fait le choix de questionner les enquêté sur des repères localisés le long du parcours. C’est à ce moment que nous avons choisi la constante dans le protocole d’un fond de plan très simple, représentant le parcours effectué par la caméra dans la ville. 

Il nous a semblé que l’intérêt serait alors de voir à la fois les éléments remarqués et marquant pour les observateurs. Cela nous donnait également la possibilité de les interroger sur ce que ‘’signifiait’’ les repères annotés: quelles sensations, émotions, ressentis associés aux objets et repères localisés. 

Nous avons donc choisi, dans un premier temps, de demander aux observateurs d’associer un sentiment ou une émotion au repère. Nous ai ensuite venu l’idée de la couleur, comme un indicateur supplémentaire de la perception de l’itinéraire. 

Il nous a semblé que ce processus nous permettrait ainsi de récolter des données traitables relativement facilement (il s’agit de trois mots associés à un point, nécessitant peut être moins d’analyse que des phrases par exemples). Cela nous permettait également d’avoir des données localisées grâce au référentiel du fond de plan. Le protocole nous ai apparue suffisamment simple pour être réalisé dans un temps assez court (20 min), temps suffisant pour que les enquêtés puissent à la fois redessiner le fond de carte, regarder l’extrait vidéo, et annoter leurs perceptions.

Fond de plan avec exemple

Protocole:

Durée : 20min

Les enquêtés visionnent une partie de la vidéo : à partir de 3 min jusqu’à 8 min.

Un plan simplifié du parcours effectué par la caméra est fourni sur un google drawing. Les enquêtés peuvent ainsi le reproduire, à la main, chez eux sur une feuille. Il leur est ensuite demandé de localiser sur ce plan des repères visuels ou objets (ex : la pluie, un vélo), et ensuite d’y associer une émotion ou un sentiment (ex : tristesse, enfance) et une couleur (ex : bleu, vert). La couleur doit simplement être écrite, pas besoin d’écrire avec un stylo de couleur.

Il sera enfin demandé à chaque enquêté de prendre une photo ou scanner son plan annoté et de nous l’envoyer soit par mail, soit via un drive. 

Cartes réalisées par les enquêtés

Carte sensible et son procédé de création:

La carte synthétique de l’expérience a été réalisée en regroupant les informations des 9 cartes des enquêtés; car si chacun a réalisé cette expérience de son côté il nous semblait important d’avoir un document commun parlant d’une expérience partagée. 

Nous sommes reparti du même fond de carte que celui proposé lors du protocole et avons reporté les sensations et couleurs associées conformément aux données collectées. La carte sensible finale sera semblable à une nébuleuse abstraite de couleurs et de mots dans laquelle les objets visuels ou repères associés ne seront pas représentés mais induits.

Cartographie finale du paysage urbain de Tokyo.

Synthétisation cartographique des données collectées

En observant la carte, des couleurs ressortent davantage que d’autres. Le bleu est la couleur principale, elle est associée à un champ lexicale de la quiétude (sensible, attention, calme, apaisement) et peut être également mis en lien avec le climat pluvieux. La deuxième couleur est noir où l’on relève le champ lexical de l’émotion négative (ennui, mélancolie, austère). On attribue volontiers ce champ lexical à la présence de la pluie, la présence de nombreuses personnes et le déroulement continue sur plusieurs minutes d’une marche qui ne semble pas apporter davantage d’informations. Enfin le rouge qui s’associe au champ lexical du désagrément (dégoût, danger, impatience, faim). Quant à la répartition des mots le début du parcours montre l’immersion dans un endroit inconnu (désorientation, curiosité, surprise). Puis, l’avancée dans le grande avenue montre une certaine pérennité du champ lexical de la quiétude interrompu à certains moment par le champ lexical du désagrément. On peut objecter que celui-ci se manifeste au croisement de passages piétons (où l’on doit faire attention au passage de véhicules ou attendre la possibilité de traverser) et de commerces alimentaires (possibilité de restauration).

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