Une pièce par jours :
Je suis confinée dans un environnement rural, à proximité d’une ville moyenne, avec trois autres personnes (ma sœur, mon père et une amie). Intuitivement, j’ai choisi de représenter l’espace intérieur, domestique de la maison.
En termes de sémiologie mon choix s’est porté vers l’utilisation des outils et codes de représentations d’architecture et du plan. Cependant, l’idée n’est pas de réaliser un relevé à proprement parler de l’espace en lui-même, mais bien de mettre en évidence l’usage de cet espace et les interactions qui s’y passent au jour le jour.
J’ai donc décidé de dessiner « une pièce par jour » (dans l’idéal car cela m’a pris un plus de temps que prévu) sur un même modèle (carré de 4 m par 4 m), et de l’habiter selon les espaces de la maison ou je suis confinée (meubles, objets, etc.). Évidemment certaines pièces vont se répéter, mais changent selon les usages et le temps qui passe.
Dès le départ, j’ai imaginé assembler ces pièces entre elles presque à la manière d’une bande dessinée. Pour moi, un des objectifs de cette carte est de représenter une notion du temps et de l’espace distordue par le confinement. L’accumulation et la répétition des pièces permettraient de construire une sorte de « grand espace domestique » labyrinthique. Chaque pièce possède ses particularités dans son agencement, ses meubles, ses objets et constitue un paysage « mouvant » que l’on redécouvre à chaque passage.
Un autre objectif est de représenter des « interactions » quotidiennes, avec des objets notamment numériques, qui me paraissaient propres au confinement, soit parce qu’elles apparaissent nouvelles, ou accentuées par la situation (étant donné le contexte rural, il n’y a pas vraiment d’interaction directe, avec des voisins, la rue, etc.). Ces interactions correspondent aux bulles et sont la plupart du temps des screen-shot d’écrans, mais l’idéal serait de remplacer ces derniers par de la vidéo ou de l’animation (peut être en utilisant un format multimédia). Cependant, j’ai eu du mal à les catégoriser, et elles se confondent parfois avec une volonté de représenter une ambiance (fond sonore de la radio, de la télévision, musique, etc.), plus qu’une « interaction ». Chaque pièce pourrait aussi être accompagnée d’une description, ou d’un récit écrit, puisque chaque pièce représente une situation particulière.
Je me demande également comment je pourrais compléter cette cartographie avec question « du dehors », que j’envisage sous forme d’itinéraire dessinée plutôt à la main. En effet, comme on est assez loin de la ville et que seul mon père a le permis, on a plusieurs fois été faire des courses en vélo (ce qui change de nos pratiques habituelles de la ville moyenne) et se vit aussi très différemment en temps de confinement. On ne perçoit pas la route, la ville, de la même manière en tant que cycliste étant donné le nombre de voitures très réduit.
Je voulais également partager un article sur lequel je suis tombée par hasard la semaine dernière, où des étudiants en architecture réalisent des relevés habités de leurs logements en période confinement. http://tema.archi/articles/plan-releve-habite-exercice-etudiant-architecture-confinement