Alenka Poplin (2017) Cartographies of Fuzziness: Mapping Places and
Emotions, The Cartographic Journal, 54:4, 291-300, DOI: 10.1080/00087041.2017.1420020
SYNTHÈSE
Alenka Poplin est professeure dans l’Iowa State University, elle est fondatrice de GeoGames Lab, elle travaille sur la géolocalisation, des cartes online et GIS basées sur des lieux. Dans ce texte, dès l’introduction, l’auteur explique la difficulté pour récupérer des données sur les émotions et pour pouvoir les représenter sur des cartes. Ainsi, comme un manque d’informations sur les émotions liées aux lieux dans les recherches actuelles. En effet, différentes études ont fait des efforts pour mesurer des émotions en analysant les réponses galvaniques de la peau (GSR), c’est à dire les changements de sueur, méthode qui paraissent insuffisants pour une tâche si complexe.
Les expériences liées aux lieux doivent être étudiées avec une interaction plus forte avec les acteurs et des échelles beaucoup plus ouvertes. Cette recherche utilise l’échelle de Russell (1980) « Circumplex Model of Affect » qui est inspirée du modèle circulaire des expressions faciales de Schlosberg (1952). Ce modèle se compose en deux axes croisés : l’axe horizontal Est-Ouest est celui du plaisir-déplaisir et l’axe verticale Nord-Sud est celui de l’hyper excitation-sommeil. Il y a aussi 4 dimensions dans les intersections : Nord-Ouest détresse, Nord-Est excitation, Sud-Est contentement, Sud-Ouest dépression.
Les systèmes d’informations géographiques (GIS) classiques peuvent garder les données des objets bien délimités mais pas des objets en constant changement comme des forêts ou des lacs et même pas des lieux qui dépendent de descriptions et de représentations personnelles comme « le centre-ville ».
Donc il faut insister dans la création de systèmes d’information géographiques qui puissent se localiser en gardant les notions sociales totales sur les lieux, c’est à dire mieux stocker l’information dans le cadre de la dichotomie qualitative-quantitative. Ce document est une contribution à cette tâche en se focalisant sur « les lieux de pouvoir » (power places)
Pour l’auteur les lieux de pouvoir sont là où les personnes peuvent aller se recharger et se relaxer dans le cadre d’une quotidienneté stressante. Ils peuvent aussi évoquer différentes émotions et peuvent se localiser à l’intérieur comme à l’extérieur. Les interrogations principales de cette recherche sont sur la localisation et les descriptions de ces lieux, ainsi comme les descriptions sur les émotions liées aux lieux.
L’expérience qui a été conduite s’est faite sur deux villes, Hambourg en Allemagne et Ames aux Etats-Unis. La première est une ville de 2 millions d’habitants et la deuxième une ville universitaire de 62 000 habitants et les enquêtés sont des étudiants. La ville d’Hambourg a eu 101 participants et celle de Ames 72 participants Cette étude est menée à l’aide d’une carte représentant la ville, un questionnaire imprimé et une liste d’émotions. Le même dispositif a été mis en ligne pour la ville d’Ames. Après explication du concept de lieux de pouvoir les étudiants ont placé leurs lieux de pouvoir sur la carte en les décrivant sur le questionnaire. Les catégories principales du questionnaires incluent la localisation des lieux de pouvoir, leurs caractéristiques, les émotions que l’on y ressent, les modes de transports pour l’atteindre, la possibilité d’esquisser ce lieu ainsi que les informations de genre et d’âge des participants.
Il a été demandé aux étudiants de n’indiquer que les lieux à l’extérieur et publics. L’enquête parvient à dénombrer 191 lieux de pouvoir pour la ville de Hambourg et 136 pour la ville d’Ames. La principale catégorie relevée est celle des parcs et des espaces verts. La deuxième étant celle des espaces à l’intérieur de bâtiments tels que les restaurants ou les magasins.
Les mots et expressions utilisés par les enquêtés ont été rassemblés dans sept différentes catégories telles que : expérience, atmosphère, infrastructure, vert, eau, activité et objets. Un tableau résume les principales catégories de la descriptions, le nombre de descriptions de chaque catégories et le pourcentage de toutes les descriptions sélectionnées dans la ville. A Hambourg se suivent l’atmosphère (27.2%), l’expérience (21.5%) et l’eau (18.3%) alors qu’à Ames c’est l’expérience (31%), l’atmosphère (23%) et l’infrastructure (20.5%). Un deuxième tableau résume les émotions utilisées pour identifier les lieux de pouvoirs. Cela avec un pourcentage des mots utilisés par les enquêtés pour identifier ces espaces. Puis, afin d’améliorer la compréhension de ces données il a été utilisé le Modèle Circomplexe de l’Affect de Russel pour localiser sur un repère les mots utilisés pour chaque ville. Un repère a été fait pour Hambourg et un autre pour Aimes
Cette expérience possède des limites méthodologiques qui sont partagées par l’auteur. L’utilisation du GIS requiert l’insertion de données précises pour localiser les espaces étudiés. Dans l’étude ces espaces sont représentés par des points. Toutefois, la précision de la localisation de ces espaces n’est pas importante car les mêmes émotions peuvent être ressenties proches de cet espace. De plus il est difficile de définir la localisation exacte d’un espace, c’est à dire là où il commence et où il se termine. L’importance selon l’article est de s’intéresser à la manière dont ils sont perçus, mémorisés et expérimentés. Des lieux de pouvoirs peuvent également être cartographiés en tant que point, faisant références à un banc ou une voie de piétonne. Enfin, concernant les structures de l’affect ou de l’expression des émotions des différences culturelles ont été observées entre étudiants américains et allemands. Cela s’observe sur le repère créé précédemment sur l’axe plaisir-éveil davantage utilisé par les étudiants américains.