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Speed carto – Romane Gadé

Lors de la première séance de l’atelier, le 8 mars 2021, nous avons été invité.e.s à nous présenter à travers une speed-carto. En 10 minutes, sur une feuille A4 blanche, nous devions représenter cartographiquement qui nous sommes (master, niveau d’études, directeur.ice de recherche) et présenter notre projet de recherche.

La difficulté principale : le manque de temps

Le temps qui nous était imparti étant très court, je n’ai pas pris le temps de faire un brouillon. J’ai donc commencé à dessiner très rapidement, avec comme objectif principal d’utiliser le moins de texte possible.

Cette précipitation a eu comme conséquence des choix de symboles et de figurés qui ne sont sans doute pas les plus pertinents. De plus, cela a induit une relative importante utilisation du texte, là encore en raison du manque de temps (et sans doute aussi d’habitude) pour réfléchir à la manière de représenter des choses abstraites et des concepts.

Speed-carto en 10 minutes, 8 mars 2021, Romane Gadé (M2 sociologie).

Prenons par exemple le symbole que j’ai choisi pour représenter Nantes, la ville où je réalise ma recherche. J’ai en effet choisi de dessiner un éléphant, symbole de la ville, pour représenter la ville de la même manière que la Tour Eiffel représente Paris sur ma carte. Ce n’est que dans un deuxième temps, juste avant de rendre ma carte, que j’ai rajouté le nom de la ville sur le corps de l’éléphant. J’ai en effet réalisé que ce symbole ne serait sans doute pas compris par tou.te.s… ce qui s’est d’ailleurs confirmé en deuxième partie de séance : l’étudiante qui a tenté de lire ma carte n’a pas compris ce que l’éléphant représentait. Cet exemple illustre donc l’importance de réfléchir en amont aux symboles utilisés en cartographie sensible afin qu’elle soit lisible et compréhensible par les autres personnes, sans l’aide de son auteur.ice.

Pour expliquer mon objet de recherche, j’ai tenté de représenter la localisation de l’enquête (le quartier prioritaire Bellevue), l’objet de l’étude (les habitants, et leur trajet du confinement dans la limite d’une heure et d’un kilomètre), la période de l’étude (décembre 2020 à juin 2021) ainsi qu’une partie de ma méthodologie (l’arpentage et la photographie participative). J’ai cependant dû recourir au texte pour indiquer la thématique de ma recherche, à savoir les représentations, les pratiques et les modes d’appropriation des espaces publics des habitants du quartier pendant la crise sanitaire.

Synthèse – Parcourir et cartographier pour rendre compte d’une réalité – Texte d’Hélènne Ancion

« Cartes sensibles et promenades exploratoires : parcourir et cartographier pour rendre compte d’une réalité » – un texte de Hélène Ancion présenté par Louka Herse (M1 – TES) et Romane Gadé (M2 – Sociologie)

Ce texte est paru en 2016 dans La lettre des CCATM n°69, une publication de la Fédération Inter-Environnement Wallonie (IEW). C’est une « fiche technique » destinée à des citoyens qui émettent, à l’échelle de leur commune, des avis sur des dossiers liés au développement territorial.

Son objectif est d’encourager ces citoyens à faire des promenades exploratoires dans l’espace communal et de restituer ces expériences par le biais d’une carte sensible. Le texte a donc une visée didactique : l’autrice donne aux lecteurs des conseils techniques et pratiques pour expérimenter les méthodologies sensibles. Elle s’intéresse particulièrement à deux méthodes : la promenade sensible et le diagnostic en marchant.

Comment restituer des informations sensibles recueillies lors d’une marche exploratoire sous la forme de cartes ?

            Pour répondre à cette problématique, l’autrice donne rapidement ses premiers conseils : si la carte sensible doit comporter quelques éléments conventionnels comme « une légende, une orientation avec indication du Nord et un semblant d’échelle » (p.2), elle se différencie des cartes et plans officiels en « quittant la planéité absolue et en déformant les proportions ». C’est la perception, individuelle ou collective d’un espace vécu qui doit focaliser notre attention ici. L’autrice s’intéresse ici particulièrement à deux méthodes : la promenade sensible et le diagnostic en marchant.

1ère méthode : la promenade sensible

            L’exercice consiste à réaliser une promenade en groupe. Les marcheurs, équipés de feuilles blanches et de crayons, dessinent au gré d’une balade dont le parcours est déterminé par des « organisateurs ». A la fin de la balade, les cartes individuelles sont synthétisées par les organisateurs dans un dessin unique. Le lendemain, la synthèse cartographique est présentée à l’ensemble des participants. Une question reste en suspens : peut-on synthétiser des informations sensibles ? Les cartes sensibles n’ont-elles pas, au contraire, pour but de représenter des réalités plurielles, fragmentées ?

2ème méthode : le diagnostic en marchant

            Il s’agit là aussi d’une promenade exploratoire mais, cette fois-ci, elle consiste à produire un diagnostic et non une carte sensible. Lors de la marche, les participants remplissent des grilles d’analyse en consignant les aménités et les contraintes de l’espace observé, en repérant à la fois ce qui fonctionne et ce qui dysfonctionne dans la ville. Souvent, ces diagnostics en marchant rassemblent différents acteurs urbains : des habitants, des techniciens et des élus.

Conclusion

            Le lecteur ou la lectrice issu·e du champ académique sera curieux·se de découvrir cette publication qui favorise la diffusion de la recherche. Il sera aussi intéressé par les conseils judicieux que donne la géographe-praticienne.

  1. L’enquêteur se doit d’adopter la posture la plus neutre possible durant la marche sensible. Il doit « se taire » et se contenter de guider les « cartographes-explorateurs ».
  2. La réflexion cartographique doit précéder la marche exploratoire et être continuée après elle. Il s’agit de produire une carte avec l’objectif de « lisibilité ‘‘non-assistée’’ » (p.2) afin d’être compréhensible par un lecteur extérieur à l’exercice.

            Le lecteur sera peut-être moins convaincu par l’implicite qui prédomine dans ce texte : pourquoi l’autrice a-t-elle choisi de nous présenter ces deux méthodes ? En outre, la transition entre ces deux méthodes et la partie sur le gender mainstreaming est brusque et insaisissable. Par ailleurs, l’autrice alterne entre plusieurs registres d’écriture. Elle passe d’un style d’écriture oralisé à un autre plus académique, et, parallèlement, d’un registre didactique (transmission de méthodes cartographiques par un travail de vulgarisation) à un registre politique (conseils donnés aux élus, etc.).

            Reste que le principal écueil de cet article est qu’il n’atteint pas, selon nous, son objet premier. L’idée est de présenter à des citoyens une méthode sensible pour explorer l’espace, puis pour le transformer. Or, l’autrice ne fournit presque aucun élément de méthode : comment construire une carte sensible avec les enquêtés ? Les lecteurs ne disposent que de deux exemples et de quelques conseils pour construire eux-mêmes leur outil exploratoire. Enfin, des exemples de cartes sensibles auraient pu illustrer cette fiche technique.